L’effet analgésique de la télévision sur les enfants

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Etude de l’Université de Sienne (Italie) publiée par le British Medical Journal

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ROME, Vendredi 8 septembre 2006 (ZENIT.org) – « La télévision possède un effet anesthésiant sur les enfants ». Tel est le résultat d’une étude réalisée sur 69 enfants âgés de 7 à 12 ans.

L’enquête, conduite par le professeur Carlo Bellieni, du Département de Néonatologie de l’hôpital universitaire de Sienne, et publiée par le British Medical Journal, montre que dans les cas où la télévision est utilisée comme un moyen de distraction, la sensation de douleur diminue de manière significative.

Le professeur Bellieni se consacre depuis plusieurs années au thème de la douleur chez les nouveau-nés et les enfants prématurés. Il a déduit de ses recherches que dans le cas des enfants prématurés et des autres enfants, lors du premier mois de vie, certaines stimulations physiologiques, comme masser l’enfant, lui parler ou lui mettre du sucre dans la bouche, ont un effet analgésique.

L’étude du professeur Bellieni – dont les résultats ont été repris par les médias à travers le monde – a été réalisée sur trois groupes d’enfants entre 7 et 12 ans soumis à un prélèvement sanguin. Les enfants du premier groupe n’avaient aucune distraction, ceux du deuxième groupe avait le réconfort de leur mère, ceux du troisième groupe avaient devant eux une télévision allumée.

Ce sont les enfants du premier groupe qui ont ressenti la douleur la plus vive, le deuxième groupe a un peu moins souffert et le troisième n’a presque rien senti.

Une donnée intéressante mais qui laisse toutefois un peu perplexe. Dans un entretien à Zenit, le Dr. Bellieni se dit préoccupé par le fait que la télévision soit aussi « totalisante », au point que le spectateur « ne perçoit même pas la douleur ».

Il affirme que la télévision peut constituer une aide « fonctionnelle pour provoquer des réactions anesthésiantes face à la douleur », mais il insiste sur l’importance du « soutien des parents ».

Zenit : Pourquoi cette recherche est-elle importante ?

Dr. Bellieni : Cette recherche naît de la considération que l’enfant est une personne à tous les effets. Il n’existe aucun niveau de développement de l’être humain qui ne puisse être considéré comme un niveau de personne et qui donc n’ait le droit d’être traité et soigné correctement.

L’attention au patient-personne génère de très grands élans dans le progrès scientifique. Ne pas considérer le nouveau-né ou l’enfant comme une personne génère en revanche un blocage de n’importe quel développement de la recherche. Il suffit de penser à l’idée et aux propositions en faveur de l’euthanasie, qui naissent comme une réponse à la souffrance. Cette approche nihiliste conduit à un blocage de la recherche sur l’étude de la douleur, à un blocage de la recherche sur la survie de l’enfant.

Celui qui en revanche conserve une attitude guidée par la charité et n’abandonne pas face aux défis de la vie, a pu constater que l’enfant peut être guéri d’une manière qui n’était même pas imaginable il y a dix ou vingt ans, et que nous pouvons faire de très grands pas en avant dans le soulagement de la douleur des nouveau-nés et des enfants.

Zenit : Pourquoi existe-t-il si peu de médecins au monde s’intéressant à la souffrance des nouveau-nés ?

Dr. Bellieni : Ils sont effectivement très peu nombreux, peut-être parce qu’il n’y a pas suffisamment de retombées, mais surtout parce qu’il est très facile de ne pas considérer l’enfant comme une personne. Le nouveau-né en particulier, pleure souvent si bien qu’il est difficile de reconnaître la douleur ; il ne sait pas s’exprimer et il est malheureusement facile de lui provoquer des souffrances sans en saisir les conséquences.

Si un dentiste faisait une opération douloureuse sans anesthésiant, il serait dénoncé. On continue parfois encore à faire des opérations douloureuses à des nouveau-nés sans anesthésiant. Pour nier que le fœtus éprouve de la douleur, certains philosophes vont même jusqu’à nier que les enfants eux-mêmes ressentent la douleur avant un an. Ces philosophes, qui ont publié des articles dans des revues importantes, affirment que n’ayant pas encore conscience de lui-même, l’enfant ne ressent pas la douleur avant l’âge de 12 mois. Il s’agit d’affirmations très dangereuses car nier la douleur signifie pouvoir intervenir de n’importe quelle manière sur l’enfant qui n’est pas encore en mesure de s’exprimer.

Zenit : Comment êtes-vous parvenu à mener à bien des recherches de cette ampleur sans disposer de fonds adéquats ?

Dr. Bellieni : Ceci signifie que le travail de recherche et l’attention sont récompensés. Il est vrai qu’il n’existe pas de fonds pour faire ces recherches mais très souvent, la simple observation, qui part de l’absence de censure, voit bien plus loin que la recherche qui bénéficie de fonds importants mais de peu d’observation.

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ZENIT Staff

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