« L’éducation à la paix dans le respect de la diversité », par le cardinal Hamao

Print Friendly, PDF & Email

Paix et diversité culturelle

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Vendredi 10 mars 2006 (ZENIT.org) – Le cardinal Hamao invite à « l’éducation à la paix dans le respect de la diversité », et recommande « la formation à « l’interculturalité ». ».

Le cardinal Stephen Fumio Hamao, président du conseil pontifical pour les Migrants et les personnes en déplacement, est en effet intervenu le 9 mars lors de la première table ronde du colloque de trois jours organisé au Centre culturel Saint-Louis de France, par ce même centre, par le conseil pontifical Justice et Paix, et par le Centre international Jacques Maritain. Le thème : « Les chemins de la paix ».

« Aujourd’hui nous sommes tous conscients de vivre dans un monde toujours plus globalisé, mais aussi divisé dans la diversité culturelle, sociale, économique, politique, religieuse. Tout cela, à notre conscience chrétienne, présente de nouveaux défis, dont le principal semble être exactement l’éducation à la paix dans le respect de la diversité, enfin la formation à « l’interculturalité ». Celle-ci apparaît toujours comme la clef pour réussir à harmoniser l’unité de l’humanité dans la diversité des peuples qui la composent. Cela implique une pédagogie pour la gestion des différences, pour la culture du dialogue et de la réciprocité, de la solidarité et de la paix ».
Le processus de l’unité et de paix auquel aspire l’humanité
Le cardinal Hamao citait le Message de Jean-Paul II pour la Journée Mondiale de la Paix 2001 en résumant: « L’un des principaux motifs des conflits en acte – observait alors le Saint Père – est le choc entre différentes cultures, quand le légitime «amour de la patrie» dégénère en assumant «des accents d’exaltation de soi et d’exclusion de la diversité, qui se développent ainsi sous des formes nationalistes, racistes et xénophobes» (n. 6) ».

Il soulignait les transformations qui marquent l’Europe : « L’Europe, en particulier, retourne au centre de l’actuel processus historique mondial, avec tous les paradoxes, les antinomies et les contradictions de son histoire récente, où nous trouvons la renaissance des mouvements néonazismes, le nationalisme de beaucoup états européens et la violence xénophobe, qui s’est étendue d’ailleurs dans presque tous les Pays de l’Union Européenne. Ces phénomènes détériorent progressivement le processus de l’unité et de paix auquel aspire l’humanité entière ».

En même temps, il souligne que « Malgré toutes les tentatives d’homologation, la diversité ethnique et culturelle a toujours caractérisé la vie des sociétés européennes, constituant à la fois leur force et leur faiblesse ».

« Le droit d’être en même temps égaux et différents est en synthèse l’un des traits distinctifs de la civilisation contemporaine », faisait encore observer le cardinal Hamao.

Et de préciser : « La référence ethnique (dans le sens d’appartenance nationale) et la référence «localisatrice» (dans le sens d’appartenance à un territoire bien déterminé) retournent en force dans la conscience collective: il semble que l’internationalisation économique et politique rappelle le développement des nationalismes et des fermetures mentales. Et les immigrants constituent le meilleur révélateur de ce phénomène: il en sont la conséquence, puisqu’il semble que leur flux vers l’Europe suit les lois du marché du travail international et, en même temps, ils en sont les victimes, par le fait que leur installation provoque des fermetures locales et, quelquefois, des manifestations de racisme et de xénophobie. »

Il concluait à ce sujet : « Cohabiter avec les différences et se reconnaître égaux, tout en s’acceptant différents, c’est l’unique solution que les sociétés multiculturelles avancent aujourd’hui à ceux qui entendent retrouver leur propre identité et se reconnaître eux-mêmes dans les autres ».

Le cardinal Hamao soulignait ensuite « la richesse du pluralisme », alors que les différences ont souvent été « utilisées pour dominer ou pour discriminer », et que « rarement elles ont été valorisées ».

La nécessité du dialogue entre les cultures
« Concevoir la diversité comme une valeur signifie développer une vision pluraliste de la réalité: en effet, le pluralisme est surtout reconnaître, respecter et promouvoir la diversité. Une diversité qui pourtant ne doit pas être considéré même un pur donné de fait: en fin, la simple acceptation de cette réalité n’est certainement pas en mesure de développer automatiquement le respect de l’autre », affirmait le cardinal.

Mais surtout, il insistait sur « le principe du dialogue », en se référant toujours au message de Jean-Paul II, pour la Journée Mondiale de la Paix 2001, soulignant « la nécessité du dialogue entre les cultures, comme principe de base pour la construction de la société future ».
Jean-Paul II met en parallèle la réalisation de la personne et celle des cultures (cf. Gaudium et Spes 22) : «De manière analogue à ce qui advient à la personne, qui se réalise à travers l’ouverture accueillante à l’autre et le don généreux de soi, les cultures, élaborées par les hommes et au service des hommes, doivent aussi être modelées par les dynamismes spécifiques du dialogue et de la communion, sur la base de l’unité originelle et fondamentale de la famille humaine, sortie des mains de Dieu qui, “d’un principe unique, a fait tout le genre humain” (Act 17,26)» (n.10) ».

La perspective fondamentale de l’unité du genre humain
« L’accueil réservé aux migrants de la part des pays qui les reçoivent et leur propre capacité de s’intégrer dans le nouveau milieu humain représentent autant d’éléments d’évaluation de la qualité du dialogue entre les différentes cultures» (n.12) », soulignait Jean-Paul II.

Le cardinal Hamao fait observer le lien entre la personne humaine et son « humus culturel » et que « la diversité des cultures s’insère dans l’horizon de la perspective fondamentale de l’unité du genre humain ».

« La pleine compréhension de la vérité de chaque culture humaine devient possible seulement dans un contexte où la diversité et l’unité sont prises en compte », affirmait le cardinal japonais.

Mais il insistait sur le fait que « les cultures en soi n’existent pas et ne peuvent donc pas être trouvées dans l’abstrait: elles existent à travers la médiation des personnes qui se rencontrent, autrement on nierait chaque participation de l’individu à l’élaboration de sa culture, que lui même construit grâce aux relations-rencontres avec les autres ».

« La tolérance ne suffit pas »
Citant l’Instruction de son dicastère « La charité du Christ pour les migrants », il soulignait l’importance du « caractère concret du dialogue comme itinéraire de l’évangélisation et de l’annonce du message de la paix, avec ces termes »:

Il faisait remarquer, avec ce document que « la tolérance ne suffit pas » : : «L’“inculturation” commence avec l’écoute, la connaissance, de ceux auxquels on annonce l’Evangile. (…) Ici, la tolérance ne suffit pas; il faut la sympathie, et dans la mesure du possible le respect de l’identité culturelle des interlocuteurs. (…) C’est uniquement dans ces conditions que peuvent naître dialogue, compréhension et confiance. L’attention à l’Evangile devient ainsi une attention aux personnes, à leur dignité et à leur liberté. Un effort de fraternité, de solidarité, de service et de justice est nécessaire pour promouvoir chacun dans son intégrité» (EMCC n.36).

L’Esprit de Pentecôte
Il concluait par cet autre passage de l’instruction sur les Migrants : « Même les migrants peuvent être des bâtisseurs cachés et providentiels d’une telle fraternité universelle
, avec beaucoup d’autres frères et sœurs… Dans l’Église, le pluralisme ethnique et culturel ne constitue pas un état de choses à tolérer parce que transitoire, c’est au contraire une dimension structurelle qui lui est propre. L’unité de l’Église n’est pas le fait d’une origine et d’une langue communes, mais de l’Esprit de Pentecôte qui, en réunissant en un seul Peuple des personnes de langues et de nations différentes, confère à tous la foi en un même Seigneur et appelle tous les hommes à la même espérance” (Jean-Paul II, Message pour la Journée Mondiale du Migrant 1988)» (EMCC n. 103) ».

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel