L'Assomption de la Vierge Marie

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Un chant d’amour de Jean-Paul II à  la Vierge

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La plupart des saints sont fêtés le jour anniversaire de leur mort : s’ils sont déclarés « saints », c’est parce qu’ils sont entrés, dès leur mort, dans la vision de Dieu. Pour Marie, il ne s’agit pas seulement de cela. C’est toute son humanité qui est entrée dans la gloire du ciel. Elle est associée, corps et âme, à la résurrection de son Fils. Celui à qui elle a donné la vie terrestre lui a donné, à sa mort, la vie céleste. En plein été, le 15 août est un écho de Pâques. 

L’Eglise catholique a proclamé ce dogme en 1950. Comme son prédécesseur le pape Pie IX pour l’Immaculée Conception, le pape Pie XII avait consulté les évêques, les supérieurs d’ordres religieux et les facultés de théologie du monde entier. Il choisit, pour la proclamation, le jour de la Toussaint : comme pour montrer que, Marie, la « toute sainte » comme aiment la nommer les Orientaux, n’en fait pas moins partie de la grande foule des saints évoquée dans la page de l’Apocalypse que nous lisons le jour de la Toussaint.

Si la proclamation est récente, la fête est très ancienne, aussi bien en Orient qu’en Occident. A Jérusalem, on se rendait, et l’on se rend toujours, au Tombeau de la Vierge, dans la vallée du Cédron. Marie serait donc passée par la mort, comme son Fils, et ressuscitée comme lui. Jean Paul II estime cette conviction plus cohérente avec l’ensemble du Credo que l’hypothèse d’un passage immédiat de la vie terrestre à la gloire du ciel, sans passer par la mort. Le dogme ne se prononce pas sur ce point.

Aucun texte de l’Ecriture ne relate l’Assomption de Marie mais les chrétiens ont toujours cru que la Mère du Sauveur était entrée pleinement, dès aujourd’hui, dans la gloire de son Fils. Un signe, sinon une preuve, en est que les chrétiens n’ont jamais vénéré de relique corporelle de la Vierge. Ils vénèrent le tombeau de la Vierge comme ils vénèrent le Saint Sépulcre de Jésus : un tombeau vide, signe de la victoire de la vie sur la mort.

La liturgie de l’Assomption comporte une Messe de la veille au soir. Pour nous préparer à la fête, l’Eglise nous rappelle, dans la première lecture et le psaume de méditation, l’entrée de l’Arche d’alliance dans le Temple : le symbole est clair. Saint Paul fait entendre ensuite un cri de triomphe : « O Mort, où est ta victoire ? » l’Evangile est la béatitude prononcée par Jésus sur ceux qui « entendent la parole de Dieu et qui la gardent » : l’Assomption de celle qui a mis au monde la Parole est l’accomplissement de cette béatitude.

Pour la fête elle-même, comme au jour de la Toussaint, nous commençons par lire un passage de l’Apocalypse : « Une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune (symbole de mort) sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » Mais cette Femme connaît, en même temps, les douleurs de l’enfantement. Car Marie est Mère de l’Eglise et il n’y eut pas de siècle où l’Eglise ne connût pas de persécution. A Saul, sur le chemin de Dama s, le Christ ressuscité se révélait comme « Jésus, celui que tu persécutes ». Le Christ ressuscité n’abandonne pas ses disciples dans la peine : « Je suis avec vous tous les jours. » De même, Marie, Mère de miséricorde, n’abandonne pas ses enfants dans leurs épreuves. C’est pourquoi nous pouvons nous réjouir, sans nous envoler dans un monde de rêve. La préface exprime bien cette double face de la fête : « Marie, … parfaite image de l’Eglise à venir, aurore de l’Eglise triomphante, guide et soutient l’espérance de ton peuple encore en chemin.

Le psaume de méditation félicite l’Epouse du Roi qui accède au palais. Comme à la Messe de la veille au soir, saint Paul nous parle ensuite de résurrection. L’Evangile est celui de la Visitation. Le 15 août est le jour privilégié pour redire la parole d’Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes le femmes ! ». Et c’est aussi le jour privilégié pour entendre le Magnificat : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles. »

En France, la fête du 15 août a eu longtemps un relief tout particulier. En effet, Marie est la patronne principale de la France : « Regnum Galliae, regnum Mariae. » Aucun pays n’a bénéficié d’aussi nombreuses apparitions mariales, auxquelles nul chrétien catholique n’est obligé de croire mais qu’il serait bien sot de mépriser.

C’est le 15 août 1638 que Louis XIII consacra son royaume à la Vierge : non seulement sa personne, mais « notre Etat, notre couronne et tous nos sujets. » Le roi voulait, à la fois, rendre grâce pour l’ordre rétabli dans le pays et les victoires sur l’ennemi extérieur, tout en implorant le retour de la paix. Le geste fut accompli au cours de la Messe car le destinataire de la consécration ne peut être, finalement, que Dieu seul. En souvenir de cet acte, le roi prescrivait une procession solennelle, non seulement dans les églises de Paris et surtout dans la cathédrale Notre-Dame, mais partout dans le royaume. Ce qui dura jusqu’à la Révolution.

Peu après et pendant quelques années, la procession du Vœu de Louis XIII fut remplacée par la fête de Napoléon puisque l’Empereur était né, précisément, un 15 août. Chaque année, à Lourdes, le Pèlerinage national adresse à la Vierge de Massabielle sa Prière pour la France. En 2012, le cardinal Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, choisit cette date pour proposer à tous les fidèles quelques intentions de prière particulièrement graves pour l’avenir de notre pays.

A deux reprises, en1983 et en 2004, le pape Jean-Paul se fit pèlerin de Lourdes pour le 15 août. Ses homélies sont mémorables. Celle de 1983 est un chant d’amour à la Vierge. Celle de 2004 se terminait par ces mots : « Soyez des femmes et des hommes libres ! Mais rappelez-vous : la liberté humaine est une liberté marquée par le péché. Elle a besoin aussi d’être libérée. Christ en est le libérateur… Défendez votre liberté ! … Nous pouvons compter sur Celle qui, n’ayant jamais cédé au péché, est la seule créature parfaitement libre. C’est à elle que je vous confie. Marchez avec Marie sur les chemins de la pleine réalisation de votre humanité. » Le chemin de son Assomption.  

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Jacques Perrier

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