L’Aquila : Pour le card. Bertone, c'est l'heure de la solidarité

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Funérailles « extraordinaires » des victimes du séisme

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ROME, Vendredi 10 avril 2009 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Bertone, l’heure de la solidarité et de l’engagement est venue : il l’a redit dans son homélie pour les funérailles « extraordinaires » de 205 personnes victimes du tremblement de terre de L’Aquila. Pour l’archevêque, Mgr Molinari, Dieu seul peut transformer cette tragédie en une nouvelle naissance.

Cinq cercueils de mamans sont accompagnés des petits cercueils blancs d’enfants : une vingtaine d’entre eux sont parmi les 289 victimes. Et de nombreux étudiants, à peine revenus le dimanche soir pour reprendre les cours lundi matin. On a disposé les cercueils sur quatre rangs de longs tapis rouges fleuris. Au loin, la montagne était encore enneigée.

Celles des 17.000 personnes hébergées dans les tentes qui n’ont pas participé à la célébration sur place ont pu la suivre en direct sur des téléviseurs et des prêtres leur ont apporté la communion. Eux aussi ont réagi par des applaudissements, en particulier pour les pompiers et les sauveteurs.

Dans son homélie, accueillie également par des applaudissements, le cardinal a rendu hommage aux secouristes, et il a cité spécialement le pompier de Bergame, Marco Cavagna, 49 ans, frappé par un infarctus alors qu’il cherchait les survivants sous les décombres.

Il a évoqué ce qu’il appelle « l’énigme indéchiffrable de la mort », cette « absence impossible à combler », et cet apprarent silence de Dieu.

« Dieu peut sembler absent, la douleur apparaître une force brute et insensée, les ténèbres des yeux pleins de larmes semblent obscurcir aussi les plus timides rayons de soleil et de printemps. Et pourtant, c’est justement lorsque la question ‘où est-il ton Dieu ?’ se fait provocatrice que nous entendons surgir des profondeurs la certitude de l’intervention de Dieu, pleine d’amour ».

L’Italie, a souligné le cardinal secrétaire d’Etat, est « présente » tout entière ici, unie aux victimes de ce drame – de fait, les témoins disent qu’à L’Aquila, en ce moment, on entend les accents de toutes les régions de la péninsule – et a manifesté qu’elle possède en « profondeur » ces « valeurs de solidarité et de fraternité ».

Le cardinal Bertone a également invité à se remettre en marche, dans la solidarité justement, en disant : « Reprenons donc notre chemin, frères et sœurs, avec Marie, en portant ensemble la douleur de l’absence des défunts, impossible à combler, par une présence plus assidue, fraternelle, et amicale, auprès de leurs familles, devenues encore plus authentiquement nos familles, dans la grande famille des enfants de Dieu. Grâce à l’aide maternelle de la Vierge, nous chercherons à tirer de la mort une leçon de vie authentiquement chrétienne. Et, soutenus par son intercession, nous n’aurons pas peur des difficultés qui pourtant se présentent à nous ».

A la fin de la messe, une émotion bouleversante et communicative dans la voix, l’archevêque du lieu a remercié toutes les personnes présentes, le cardinal Bertone et Mgr Gänswein, mais aussi les autres évêques italiens, les autorités civiles, et les secouristes.

« Chers frères et sœurs frappés dans vos affections les plus chères, c’est le moment de la grande foi, comme le disait le papa de deux petits frères morts dans cette tragédie. Une foi qui est plus forte que la douleur, que la disparition, la peur, que le doute et le désespoir (…). Seigneur, fait que de cette histoire de mort, insupportable et absurde, naisse une histoire nouvelle et lumineuse de vie et d’espérance ».

Au terme de la célébration, exceptionnelle aussi de ce point de vue, l’iman Mohammed Nur Dachan, président de l’Union des communautés musulmanes d’Italie (UCOII) a pris la parole en demandant à Dieu « la consolation » et « le soutien » : « Je parle pour tous », a-t-il insisté. Quatre personnes de religion musulmane, très intégrées dans les villages, ont péri dans ce séisme. L’iman est ensuite allé embrasser le cardinal Bertone.

Le dernier des chants entonnés par la chorale – « Ô prends mon âme » –  était ce chant composé sur  une mélodie hébraïque – devenue l’hymne national israélien, Ha Tikva, l’Espérance -, comme un hommage au jeune étudiant en médecine israélien, Hussein Hamada, qui figure parmi les victimes de l’écroulement de la « Maison de l’Etudiant ». Comme lui, étudiaient à L’Aquila une cinquantaine d’étudiants arabes israéliens qui ont survécu à la tragédie, 11 d’entre eux sont revenus dès le 7 avril en Israël. Les autres ont été hébergés dans une autre cité universitaire, à Pérouse.

Une heureuse nouvelle est arrivée aussi au terme de ces funérailles : un bébé est né ce matin, Alice. Ses parents, dont la maison a été détruite, ont passé la première nuit avec leurs autres enfants dans leur voiture. Ils ont ensuite été hébergés d’urgence dans un hôtel de Pescara. Les quarante secondes de la secousse tellurique leur ont permis de se sauver, comme la très grande majorité des habitants. Ils estiment être des « miraculés ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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