L'Annonciation dans l'iconographie chrétienne

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Un thème populaire dès l’époque paléochrétienne

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Britta Dörre

Rome, lundi 26 mars 2012 (ZENIT.org) – L’Annonciation, dont c’est aujourd’hui la fête, est un des thèmes les plus représentés dans l’art chrétien. L’événement, raconté par l’évangéliste saint Luc (1, 26-38), décrit le commencement de l’histoire du salut, ou l’incarnation du Fils de Dieu, cœur de la foi chrétienne.

Voici ce qui est écrit dans l’évangile de Luc : « et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit : ‘Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi’. A cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l’ange lui dit : ‘Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu’ ».

Dans la tradition iconographique, l’archange Gabriel est généralement représenté à gauche, et Marie à droite, comme cela apparaît pour la première fois sur la couverture en ivoire d’un évangéliaire (Vème siècle), probablement originaire de Ravenne, conservé aujourd’hui au musée de la cathédrale de Milan.

Un exemple paléochrétien de la scène de l’Annonciation est donné dans une fresque conservée dans la catacombe de Priscille, à Rome, et datée de la première moitié du IIIème siècle.

Dès les premières représentations, l’ange est représenté comme une figure anthropomorphe. Marie, elle, lorsqu’elle reçoit l’annonce, est représentée en général assise sur un trône et filant la pourpre. Elle est aussi enveloppée dans le maphorion, le manteau de couleur rouge pourpre.

Au Moyen-âge, la scène se passe dans un cadre architectural comme on le voit par exemple dans l’évangéliaire de l’empereur Otto III (980-1002) à Aix-la-Chapelle, en Allemagne : l’annonce est située en effet dans la scénographie architectonique d’une église.

Vers l’an 1000, on note en outre une tentative de représenter graphiquement la conversation entre Marie et l’ange. Le caractère expressif de la scène est souligné par les gestes et les regards. Sous l’influence de la mystique mariale de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), on met l’accent sur l’attention au dialogue, à l’expressivité et à la charge émotionnelle.

A l’époque du haut moyen âge, et du moyen âge tardif, on cherche ensuite à représenter la médiation entre la sphère céleste et la sphère terrestre. Le fond doré, qui symbolise la sphère céleste, est complété ou même remplacé par des intérieurs richement détaillés avec des objets de la vie quotidienne.

La scène de l’Annonciation se déroule donc, désormais, dans un environnement concret et tangible. A la Renaissance, la découverte de la perspective est complète et la représentation illusionniste perfectionnée ; on y intègre ensuite des monuments antiques.

La médiation entre le terrestre et le céleste se déroule à travers un faisceau de lumière, normalement orienté vers Marie ou vers son oreille. L’Esprit-Saint, sous la forme d’une colombe, se trouve dans le rayon de lumière ou au-dessus de la tête de la Vierge. L’Annonciation du peintre rhénan Stephan Lochner (1410-1451), sur l’autel des Rois Mages de la cathédrale de Cologne (Allemagne), en est un exemple.

Sur cette peinture, Marie apparaît comme la Reine des Anges (Regina Angelorum), dans une position surélevée par rapport à l’ange qui tient à la main, en général, un sceptre, un lys ou un rameau d’olivier et qui fait le geste de l’Annonciation.

Un ruban avec une inscription complète souvent la scène. L’expression de Marie varie, de la frayeur causée par l’apparition de l’ange, qui lui annonce la nouvelle, à la soumission, fermant parfois même les yeux. Ce dernier exemple est représenté dans l’Annonciation du polyptique Orsini, de Simone Martini (1284-1344), conservée au musée royal des beaux-arts d’Anvers (Belgique), où la Vierge de l’annonciation est représentée les yeux baissés.

Traduction d’Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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