L’Année Saint-Paul, une occasion pour mettre fin aux querelles entre chrétiens ?

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Le P. Cantalamessa rappelle qu’il faut redonner au Christ sa place centrale

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ROME, Vendredi 12 décembre 2008 (ZENIT.org) – Le message de l’apôtre Paul sur la place centrale du Christ est d’une grande actualité, a souligné ce vendredi le P. Cantalamessa. Il rappelle aux chrétiens que Paul ne s’est pas converti à une doctrine mais à une personne, le Christ, mais montre aussi que les discussions séculaires entre catholiques et protestants ont souvent fini par perdre de vue le cœur du message de Saint Paul : le Christ lui-même.

Le P. Raniero Cantalamessa ofmcap., prédicateur de la Maison pontificale, a prononcée ce matin sa deuxième prédication de l’Avent, dans la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican, en présence du pape Benoît XVI, et de membres de la curie romaine.

« Paul ne s’est pas converti à une doctrine, fût-ce celle de la justification par la foi, a expliqué le prédicateur capucin. Il s’est converti à une personne ! Avant d’être un retournement de la pensée, il s’est agi d’une conversion du coeur, de la rencontre avec une personne vivante », il a eu un « coup de foudre ». Il a été « fasciné », « séduit » par le Christ.

Citant la conversion du scientifique Francis Collins, « directeur du groupe de recherche qui a permis en 2000 le déchiffrage complet du génome humain », le P. Cantalamessa a déclaré que cette conversion « montre que l’événement de Damas se renouvelle dans l’histoire ; le Christ est le même, aujourd’hui comme alors ».

Athée jusqu’à l’âge de 25 ans, son expérience de médecin confronté à la vie et à la mort l’a progressivement amené à la conclusion « qu’il devait exister un Dieu qui avait créé tout cela ».

« Mais je ne savais pas comment était ce Dieu », disait-il.

Découragé par un Dieu qu’il jugeait inaccessible, il finit malgré tout par rencontrer le Christ.

« Alors que je faisais une randonnée dans les ‘Cascade Mountains’ (…) la majesté et la beauté de la création de Dieu ont fait céder ma résistance. Je savais que ma recherche était terminée. Le lendemain matin, je me suis agenouillé dans l’herbe recouverte de rosée au levé du soleil et je me suis abandonné entre les mains de Jésus Christ », a-t-il raconté.

Le P. Cantalamessa a également expliqué qu’un retour à la pensée de Paul, « à commencer par l’Epître aux Romains », pourrait aussi permettre, en cette Année Saint-Paul « de clore toute une période de discussions et de querelles davantage liées au passé qu’au présent ».

Il a constaté « qu’on en vient aujourd’hui, même au sein du monde protestant, à considérer la vision synthétisée dans l’expression ‘en Christ’, ou ‘dans l’Esprit’ comme plus centrale et représentative de la pensée de Paul que la doctrine même de la justification par la foi ».

« Le moment est venu, je crois, d’aller au-delà de la Réforme et au-delà de la Contre-réforme », a déclaré le prédicateur.

« L’enjeu du début du troisième millénaire n’est plus le même qu’au début du deuxième millénaire, lorsque se produisit la séparation entre l’orient et l’occident, et il n’est pas non plus le même qu’au milieu de ce même millénaire quand eut lieu, au sein de la chrétienté occidentale, la séparation entre catholiques et protestants », a-t-il expliqué.

« Pour ne citer qu’un exemple, le problème n’est plus celui de Luther, à savoir comment libérer l’homme du sentiment de culpabilité qui l’écrase, mais comment redonner à l’homme le véritable sens du péché qui a complètement disparu », a-t-il ajouté.

Le P. Cantalamessa a rappelé que ce que l’Apôtre Paul « a par-dessus tout à coeur, c’est d’affirmer dans Romains 3 que nous ne sommes pas justifiés par la foi, mais que nous sommes justifiés par la foi dans le Christ  ; ce n’est pas tant que nous sommes justifiés par la grâce, mais plutôt que nous sommes justifiés par la grâce du Christ. L’accent est placé sur le Christ, plus encore que sur la foi et sur la grâce ».

Le prédicateur de la Maison pontificale est convaincu que le message de saint Paul sur la centralité du Christ « est d’une grande actualité ».

« De nombreux facteurs conduisent, en effet, à mettre aujourd’hui entre parenthèses sa personne, a-t-il dit. Il n’est question du Christ dans aucun des trois dialogues les plus vifs et actuels qui s’établissent entre l’Eglise et le monde ».

« Ni dans le dialogue entre foi et philosophie, parce que la philosophie traite de concepts métaphysiques, et pas de réalités historiques, comme l’est la personne de Jésus de Nazareth ; ni dans le dialogue avec la science, avec laquelle il n’est possible de discuter que de l’existence ou non d’un Dieu créateur, d’un projet en deçà de l’évolution ; ni enfin dans le dialogue interreligieux, où l’on s’occupe de ce que les religions peuvent faire ensemble au nom de Dieu, pour le bien de l’humanité », a-t-il expliqué.

[Le texte intégral de la prédication du P. Cantalamessa est disponible dans la section « documents »]

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ZENIT Staff

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