L’amour donne, le pouvoir domine, affirme le P. Cantalamessa

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Commentaire de l’Evangile du dimanche 18 mai

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ROME, Vendredi 16 mai 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 18 mai, Dimanche de la Très Sainte Trinité, proposé par le père Raniero Cantalamessa ofm cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 3, 16-18

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

© Copyright AELF – Paris – 1980 – 2006  Tous droits réservés

Dimanche de la Trinité

La Trinité, école de relation

  

Pourquoi les chrétiens croient-ils dans la Trinité ? N’est-il pas déjà assez difficile de croire que Dieu existe, sans ajouter en plus le rébus qu’il est « un et trine » ? Il y a aujourd’hui des personnes à qui il ne déplairait pas de laisser la Trinité de côté, également pour pouvoir ainsi mieux dialoguer avec les juifs et les musulmans qui professent la foi dans un Dieu exclusivement unique.

La réponse est que les chrétiens croient que Dieu est un et trine, car ils croient que Dieu est amour ! Si Dieu est amour il doit aimer quelqu’un. Ce n’est pas un amour à vide, qui ne s’adresse à personne. Nous nous demandons : qui Dieu aime-t-il pour être défini amour ?

Une première réponse pourrait être : il aime les hommes ! Mais les hommes existent depuis quelques millions d’années seulement. Qui Dieu aimait-il avant ? Il ne peut pas, en effet, avoir commencé à être amour à un certain moment de l’histoire, car Dieu ne peut pas changer.

Deuxième réponse : auparavant, il aimait le cosmos, l’univers. Mais l’univers existe depuis quelques milliards d’années. Avant, qui Dieu aimait-il pour pouvoir se définir amour ? Nous ne pouvons pas dire : il s’aimait lui-même, car s’aimer soi-même n’est pas de l’amour, mais de l’égoïsme, ou comme le disent les psychologues, du narcissisme.

Et voilà la réponse de la révélation chrétienne. Dieu est amour en lui-même, avant le temps, car depuis toujours il a en lui-même un Fils, le Verbe, qu’il aime d’un amour infini, qui est l’Esprit Saint. Dans chaque amour il y a toujours trois réalités ou sujets : un qui aime, un qui est aimé et l’amour qui les unit. Là où Dieu est conçu comme puissance absolue, il n’y a pas besoin de plusieurs personnes, car la puissance peut très bien être exercée par une seule personne ; il n’en est pas ainsi si Dieu est conçu comme amour absolu.

La théologie s’est servie du terme nature, ou substance pour indiquer en Dieu l’unité, et du terme personne, pour indiquer la distinction. C’est pour cela que nous disons que notre Dieu est un Dieu unique en trois personnes. La doctrine chrétienne de la Trinité n’est pas une régression, un compromis entre le monothéisme et le polythéisme. Elle est au contraire un pas en avant que seul Dieu pouvait faire accomplir à l’esprit humain.

La contemplation de la Trinité peut avoir un impact précieux sur notre vie humaine. Elle est un mystère de relation. Les personnes divines sont en effet définies par la théologie « relations subsistantes ». Cela signifie que les personnes divines n’ont pas de relations, mais sont des relations. Nous, les êtres humains, nous avons des relations – de fils à père, de femme à mari, etc. – , mais nous ne finissons pas dans ces relations ; nous existons également en dehors d’elles et sans elles. Il n’en est pas ainsi du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Nous le savons, le bonheur et le malheur sur terre dépendent dans une large mesure de la qualité de nos relations. La Trinité nous révèle le secret pour avoir de bonnes relations. Ce qui rend une relation belle, libre et gratifiante, c’est l’amour dans ses diverses expressions. On voit ici combien il est important que Dieu soit vu tout d’abord comme amour et non comme pouvoir : l’amour donne, le pouvoir domine. Ce qui empoisonne une relation c’est de vouloir dominer l’autre, le posséder, l’instrumentaliser, au lieu de l’accueillir et de se donner.

Je dois ajouter une observation importante. Le Dieu chrétien est un et trine ! C’est donc aussi la fête de l’unité de Dieu, pas seulement de sa trinité. Nous aussi chrétiens croyons « en un seul Dieu », mais l’unité à laquelle nous croyons n’est pas une unité de nombre, mais de nature. Elle ressemble plus à l’unité de la famille qu’à celle de l’individu, plus à l’unité de la cellule qu’à celle de l’atome.

La première lecture de la fête nous présente le Dieu biblique comme « miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche de grâce ». Telle est la caractéristique qui réunit le plus le Dieu de la Bible, le Dieu de l’islam et le Dieu (ou mieux la religion) bouddhiste et qui se prête donc le plus à un dialogue et à une collaboration entre les grandes religions.

Chaque sourate du Coran commence par l’invocation : « Au nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux ». Dans le bouddhisme, qui ne connaît pas l’idée d’un Dieu personnel et créateur, le fondement est anthropologique et cosmique : l’homme doit être miséricordieux en raison de la solidarité et de la responsabilité qui le lient à tous les êtres vivants.

Les guerres saintes du passé et le terrorisme religieux d’aujourd’hui sont une trahison, non une apologie, de la propre foi. Comment peut-on tuer au non d’un Dieu qui continue à se proclamer « le Très Miséricordieux et le Tout Miséricordieux » ? Telle est la tâche la plus urgente du dialogue interreligieux qu’ensemble les croyants de toutes les religions doivent poursuivre pour la paix et le bien de l’humanité.

Traduit de l’italien par Jean-Michel Coulet

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ZENIT Staff

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