Kuneitra: Ce qui est inéluctable, c´est la Paix!

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Le pape prépare infatigablement le chemin de la paix

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CITE DU VATICAN, Lundi 7 mai 2001 (ZENIT.org) – Kuneitra, la ville fantôme, symbole de toutes les guerres dont s´afflige le moyen orient, est en liesse. Elle se repeuple le temps de la venue du pèlerin de la paix qui vient ici prier, avec une conviction qui inspire cette parole aux envoyés spéciaux de la télévision italienne: « La paix, pour Jean-Paul II, est inéluctable ».

Préparer la paix
Hier, Jean-Paul II s´est recueilli auprès du mausolée édifié pour abriter le chef de saint Jean-Baptiste. Aujourd´hui, il prépare la route au Prince de la paix. Cette route, dont le cortège papal inaugure, entre Damas et Kuneitra, le 65 km d´asphalte neuve, n´en est-elle pas le symbole? On plaisantait à Damas ces dernières semaines: le pape devrait venir tous les ans! Car la ville a vécu, en se préparant à cette visite, quelque chose des grands travaux romains pour le Jubilé! Mais il vient ici pour d´autres grands travaux entrepris dans les cœurs, pendant ses pèlerinages jubilaires.

Les enfants et les casques bleus
L´église gréco-orthodoxe de Kuneitra dresse encore ses deux tours ajourées dans un ciel d´un bleu limpide, comme les yeux de ces enfants du pays, pourtant si bruns.
Bleu aussi le béret du responsable de l´avant-poste de la force de paix des Nations Unies. Ici, un contingent autrichien veille sur le silence des armes. Le pape dira, à sa sortie de l´église, après avoir béni l´olivier frêle, symbole des espérances, que le vent secoue et plie sans les briser: « En terminant, je désire exprimer ma gratitude à la Force internationale stationnée ici. Votre présence est un signe de la détermination de la communauté internationale à apporter son aide pour hâter le jour de l’harmonie entre les peuples, les cultures et les religions de cette région. Que Dieu Tout-Puissant vous protège et soutienne vos efforts! »

Eduquer à la paix
A l´entrée de l´église, Mgr Renato Boccardo soulève un enfant, tout de blanc vêtu comme un premier communiant, et qui veut embrasser le pape, l´évêque vêtu de blanc. C´est pour eux que le pape demande la paix, pour ce siècle qui commence. Il réclame pour eux une « éducation » à la paix, et non pas à la haine. Il a dit, hier, à la mosquée des Omeyyades, la responsabilité des éducateurs religieux.

La communauté juive de Syrie
Le pape l´avait dit auparavant au stade Abassyine: Juifs, Chrétiens, Musulmans sont appelés à rendre ce témoigne à Dieu, au Dieu qui donne la paix. De fait, une présence juive demeure à Damas, aujourd´hui encore, avec une communauté de plusieurs milliers de personnes et qui remonte aux temps bibliques comme l´attestent les Actes des Apôtres. Elle s´est vue reconnaître sa liberté de mouvement à la conférence de Madrid en 1992. Mais des milliers de personnes ont émigré en Israël. La « synagogue jaune », à Alep, reste fermée.

Un dangereux carrefour
Mais que représente Kuneitra? Quels événements? Kuneitra se trouve à 65 km au sud-ouest de Damas et à 35 km de la frontière actuelle d´Israël, au pied des contreforts du plateau du Golan dont les cours d´eau alimentent le lac de Tibériade et le Jourdain. L´importance stratégique de la région en a fait l´objet de convoitises: elle se trouve aux confins d´Israël, du Liban, de la Syrie et de la Jordanie.

Le Liban
D´une part, non loin, 35.000 soldats Syriens occupent le Liban. Cette situation a empêché le cardinal Pierre Nasrallah Sfeir, Patriarche maronite, de participer au pèlerinage du pape. Naguère, le synode des évêques du Liban demandait le retour à la souveraineté nationale.

Les séquelles de deux guerres
D´autre part, la ville de Kuneitra a été détruite par les troupes israéliennes lors de leur retrait en 1974, effaçant ainsi la possibilité qu´elle redevienne la ville de garnison qu´elle avait été. Lors de la « Guerre des Six jours » de 1967 (5-6 juin), l´armée israélienne a repoussé les troupes de Damas jusqu´à cette capitale de la région, qui abritait alors quelque 150.000 habitants. En octobre 1973, lors de la « Guerre du Kippour », les hauteurs du Golan furent le théâtre de duels d´artillerie, jusqu´à l´accord du retrait des troupes israéliennes signé à Genève le 31 mai 1974.

Le silence des armes n´est pas la paix
Depuis lors, le front israélo-syrien demeure calme, et les troupes de l´ONU sont stationnées dans cette zone démilitarisée, veillant au respect du cessez-le-feu. En 1981, Israël a annoncé « l´annexion » des hauteurs du Golan occupées depuis lors, soit 1200 km2 (sur un total de 1860 km2), pour assurer sa « sécurité ». Quelque 22.000 Syriens (dont 15.000 Druses) y vivent, ainsi que quelque 13.000 colons israéliens répartis sur une quinzaine d´implantations. Mais les négociations de paix n´ont pas pour le moment abouti.

Le silence du pape est prière
C´est pourquoi les 81 ans (bientôt) du pape regardent en avant, vers la paix à construire. Le béton éventré de Kuneitra crie son besoin de paix. Le pape la demande à genoux, en silence, malgré le tumulte joyeux que sa venue suscite, en contraste avec la gravité du lieu et du moment. Entouré de la prière des cardinaux, des patriarches et des évêques, catholiques et orthodoxes, le pape prie en silence, comme écrasé sous le poids des armes et soulevé par l´Esprit de Pentecôte. Bientôt, les chrétiens célèbrent ensemble la venue de l´Esprit, Jean-Paul II le rappelait hier. Alors, il prie à voix haute, en anglais, et le cardinal Moussa Ier Daoud, Syrien, Préfet de la congrégation pour les Eglises orientales catholiques, qui a rejoint le pape à Damas, reprend après lui, en arabe, déclenchant les applaudissements, prière muette et sonore qui fait revivre les ruines de l´église.

La béatitude des Fils de Dieu
Le pape proclame la béatitude évangélique et en appelle au respect de la Loi de Dieu:  » « Heureux ceux qui font œuvre de paix: ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). De ce lieu, si défiguré par la guerre, je désire que, de mon cœur et par ma voix, monte une prière pour la paix en Terre Sainte et dans le monde. La paix authentique est un don de Dieu. Pour nous ouvrir à ce don, il faut une conversion du cœur et une conscience obéissante à sa Loi ».

Le pape part de l´œuvre de réconciliation achevée par le Christ:
« Dieu infiniment bon et miséricordieux,
c’est avec des cœurs pleins de reconnaissance que nous te prions aujourd’hui
sur cette terre où saint Paul un jour a marché.
Il a proclamé aux nations cette vérité: Dieu, dans le Christ,
a réconcilié le monde avec lui (cf. 2 Co 5, 19) ».

Il invoque la miséricorde, cette miséricorde sont il vient de célébrer le Dimanche à Rome et dont il a souligné qu´elle vient de l´un des quatre-vingt dix neuf noms de Dieu pour les Musulmans:
« Que ta parole résonne dans le cœur de tous les hommes et de toutes les femmes,
que tu appelles à suivre le chemin de la réconciliation et de la paix,
et à être miséricordieux comme tu es miséricordieux.
Seigneur, tu dis des mots de paix à ton peuple
et à tous ceux qui, dans leurs cœurs, se tournent vers toi (cf. Ps 84, 9) ».

Il prie pour tout le Moyen Orient:
« Nous te prions pour les peuples du Moyen-Orient.
Aide-les à abattre les murs d’hostilité et de division
et à construire ensemble un monde de justice et de solidarité.
Seigneur, tu crées des cieux nouveaux et une terre nouvelle (cf. Is 65, 17).

Et plus particulièrement pour les jeunes, si présents dans les discours de ce pèlerinage:
« Nous te confions les jeunes de ces pays.
Ils aspirent dans leurs cœurs à un avenir plus radieux;
consolide leur détermination à être des hommes et des femmes de paix,
et des hérauts d’une espérance nouvelle pour leurs peuples.
Père, tu fais jaillir la justice de la terre (cf. Is 45, 8) ».

Comme saint Paul le recommande, le pape prie pour les responsables:
« Nous prions pour les responsables civils de cette région
afin qu’ils s’efforcent de satisfaire les aspirations légitimes de leurs peuples,
et qu’ils éduquent les jeunes dans le sens de la justice et de la paix.
Fais qu’ils travaillent généreusement pour le bien commun,
qu’ils respectent la dignité inaliénable de toute personne
et les droits fondamentaux qui trouvent leur origine
dans l’image et dans la ressemblance du Créateur
imprimées en tout être humain.
Nous te prions particulièrement pour les dirigeants de cette noble terre de Syrie.
Accorde-leur sagesse, clairvoyance et persévérance;
qu’ils ne se laissent jamais aller au découragement dans leur tâche difficile
de construire la paix durable à laquelle leur peuple aspire ».

Le fait sienne la prière du Christ pour l´unité des chrétiens (Jn 17):
« Père du Ciel,
en ce lieu qui a vu la conversion de l’Apôtre Paul,
nous prions pour tous ceux qui croient en l’Évangile de Jésus Christ.
Guide leurs pas dans la vérité et l’amour.
« Qu’ils soient un, comme tu es un avec le Fils et l’Esprit Saint.
Qu’ils portent le témoignage de la paix qui surpasse toute intelligence (cf. Ph 4, 7)
et de la lumière qui l’emporte sur l’obscurité de l’hostilité, du péché et de la mort ».

Il prie pour tous les croyants, demandant pour eux le « courage » du pardon:
« Seigneur du ciel et de la terre, Créateur de l’unique famille humaine,
nous te prions pour les croyants de toutes religions.
Qu’ils cherchent ta volonté dans la prière et dans la pureté du cœur;
qu’ils te rendent hommage et qu’ils adorent ton saint nom.
Conduis-les à trouver en toi la force de vaincre la peur et la méfiance,
de grandir en amitié et de vivre ensemble dans l’harmonie.
Père de miséricorde,
que tous les croyants trouvent le courage de se pardonner les uns les autres,
afin que les blessures du passé soient guéries,
et qu’elles ne soient pas un prétexte à d’autres souffrances dans le présent.
Que cela se réalise partout en Terre Sainte,
cette terre que tu as bénie par tant de signes de ta Providence,
et où tu t’es révélé toi-même comme le Dieu d’Amour ».

Jean-Paul II confie son vœu de paix l´intercession de la Vierge Marie, prononçant par trois fois le nom de la paix en arabe:
« Nous confions à la Mère de Jésus, la bienheureuse Vierge Marie,
les hommes et les femmes qui habitent le pays où Jésus a vécu.
À son exemple, qu’ils écoutent la parole de Dieu,
qu’ils aient du respect et de la compassion pour les autres,
en particulier pour ceux qui sont différents d’eux.
Que tous, dans l’unité d’un même cœur et d’un même esprit,
bâtissent un monde qui soit une vraie maison pour tous les peuples.
Salam! Salam! Salam!
Amen ».

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ZENIT Staff

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