Kazakhstan: Un nouvel évêque, curé exilé, et le "miracle" du lac

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Mgr Tomasz Peta a été consacré évêque par Jean-Paul II ce matin

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ROME, Lundi 19 mars 2001 (ZENIT.org)
– Le nouvel administrateur apostolique de la capitale du Kazakhstan, Astana, Mgr Tomasz Peta a été consacré évêque par Jean-Paul II ce matin en la basilique Saint-Pierre. Fides a recueilli l´histoire du sanctuaire de Marie Reine de la Paix, où Mgr Peta a été curé, et nous la reprenons ci-dessous

Depuis 1990, Mgr Peta était en effet curé du village de Osiornoe, au service d´une communauté d´exilés catholiques d´Ukraine occidentale, déportés par ordre de Staline, dès 1936, dans une zone désertique du Kazakhstan, à des milliers de kilomètres de leur patrie.

Jusqu´en 1936, à l´endroit où se trouve aujourd´hui le village de Osiornoe (en russe: « l´endroit du lac ») il n´y avait rien que la steppe. Le 17 juin, au moment de la collectivisation forcée de l´Ukraine, aux confins de la Pologne, arrivèrent là 1500 personnes, déportées sous l´ordre de Staline. C´étaient des catholiques de rite latin, arrachés de leurs terres.

Après un voyage exténuant à travers toute l´Ukraine et la Russie, dans des wagons à bestiaux plombés, les survivants devaient tout d´abord se préparer à affronter le terrible hiver (moins quarante!), dans une zone sans arbres et où il n´était pas facile trouver des outils et du matériel de construction. Les déportés furent contraints à construire un kolkhoze, une ferme collectiviste, qui fut baptisée « Orient rouge ».

Parmi les déportés, aucun prêtre, mais dès le premier jour la récitation du chapelet est devenue un défi lancé au pouvoir athée, mais surtout le pilier de leur foi. Le kolkhoze fut bientôt réuni à un kolkhoze voisin, appelé « Avant-garde » dont il prend le nom.

Pendant 18 ans – jusqu´à 1954, année de la mort de Staline – , il fut interdit aux habitants d´ « Avant-garde » de sortir du territoire du village. La seule gare se trouvait à 70 km de là, on ne pouvait s´y rendre qu´à pied. Or, en 1941, l´hiver fut particulièrement rigoureux, et Hitler attaqua l´Union Soviétique. Toutes les ressources étaient envoyées au front. À « Avant-garde » les gens commençaient à souffrir de la faim, beaucoup moururent, oubliés de tous.

Mais un insolite dégel commença, avec un mois d´avance, début mars. Et, le 25 mars, un grand lac se forma, immédiatement très poissonneux.

Les habitants, qui avaient demandé avec insistance à la Vierge une intervention surnaturelle ont reconnu dans ce phénomène un signe de la Providence. Les « athées » chefs du kolkhoze, se rassasièrent avec l´ensemble du village, et après avoir organisé une caravane d´autocars pour transporter ce « don de Dieu » dans les magasins de l´Etat, ils cherchèrent une explication « scientifique » au phénomène.

Aujourd´hui encore, certains fidèles se souviennent des « explications » officielles. Pour certains, le chef du kolkhoze avait jeté dans un puits un sac d´alevins, sans préciser d´où ils venaient, ceux-ci se seraient par la suite multipliés. D´autres prétendirent que des oiseaux avaient porté jusqu´au lac des alevins vivants. L´hypothèse du miracle est restée très localisée, alors que tous commençaient à appeler ce village de déportés « l´endroit du lac »: Osiornoe.

Le chapelet continuait à rythmer le temps d´une vie de foi. Un prêtre, le P. Kucinski, jusque-là enfermé dans un camp de concentration du Kazakhstan, habitera là pendant deux ans, avant d´être assigné à résidence à Kvasnosimyosk, près de la ligne du chemin de fer. D´autres prêtres, comme le père Kioslowski, Letton, venaient parfois clandestinement.

En 1981 le Père Jan Pavel Lenga, à présent évêque de Karaganda, commença à explorer « presque officiellement » la zone et en fut parfois empêché par la police. Il se préoccupa de servir, comme il le pouvait, environ soixante villages de la zone.

C´est en 1990 que le Père Tomasz Peta arriva de Pologne, le 22 août, en la fête de Marie Reine. Le mois précédent, les habitants d´Osiornoe avaient commencé avec la permission de Moscou, la construction d´une église, qui sera bénie par le cardinal Glemp, primat de Pologne en 1992.

Or, en 1991, le Kazakhstan devenait une République indépendante. Et en 1995, l´église d´Osiornoe est devenue un sanctuaire du Kazakhstan: elle était consacrée à Marie Reine de la Paix. En 1997, près du lac, une statue de la Vierge aux poissons fut érigée, en souvenir du prodige de 1941, et l´année suivante, une croix de 12 mètres, visible de très loin, a été dressée sur une colline voisine.

Le 6 août 1999, le P. Tomasz a été nommé par Jean-Paul II Administrateur apostolique pour les catholiques latins du Kazakhstan, puis évêque.

Le Kazakhstan, au centre du continent Eurasiatique, couvre une large zone de 2, 7 millions de km2, confine avec la Russie, la Chine, le Kyrghystan, l´Ouzbékhistan, le Turkménistan, et avec les côtes de la Mer Caspienne, rappelle Fides. Le pays compte 15 millions et demi d´habitants avec la présence de plus de 100 nationalités différentes. Les Kazakhs représentent 50% des habitants, les Russes 30%; les 20% sont des Ukrainiens, Allemands, Polonais, Tartares, Ouzbekhs, Biélorusses, et Azerbaïdjanais, mais aussi des Turcs et des Coréens.

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ZENIT Staff

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