Katholikentag: pour une écologie humaine

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Redécouvrir l’ordre naturel

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Jeudi 29 mai, premier jour du « Katholikentag » (rassemblement annuel des catholiques allemands, ndlr) qui se tient actuellement à Ratisbonne, le spécialiste d’éthique sociale, Manfred Spieker, a invité les chrétiens à faire davantage preuve de courage pour affronter les controverses liées aux questions éthiques au sein de la société.

En Allemagne, a-t-il souligné, où la Constitution est l’une des meilleures au monde en ce qui concerne la protection de la vie et de la famille, le droit à la vie a été réduit par le législateur, et la protection de la famille limitée elle aussi par la Cour constitutionnelle fédérale allemande.

« Mais personne n’est disposé à regarder en face la réalité des faits », a déploré Spieker sur le podium « Écologie humaine », faisant allusion aux plus de 5 millions et demi de cas d’avortement enregistrés depuis le changement du paragraphe 218 en question. Pour le scientifique, le conflit lié à la présence de longue date des associations catholiques à l’intérieur du système étatique de consultation pour les femmes enceintes en difficulté, paralyserait encore l’Église quinze ans après.

« Il n’est pas possible que le sein maternel soit le lieu le plus dangereux au monde pour l’enfant », a affirmé Klaus Berger, spécialiste du Nouveau Testament, de Heidelberg, invité pour une conférence. D’après lui, il n’existerait pas de contradiction entre la Révélation dans la Bible et tous les enseignements dictés par la raison sur l’ordre naturel. Le chercheur allemand a fait observer qu’aucun amour ne peut durer sans le concept de justice. Alors que l’idée de la famille était considérée comme dépassée, déjà au temps du Christ, dans le contexte du libertinage sexuel de la Grèce antique, Jésus a créé une religion entière comme une famille.

Pour la psychothérapeute Christa Meves di Ülzen, le lieu le plus fécond pour l’écologie humaine serait « naturellement la famille ». Meves résume le message central du pape émérite Benoît XVI dans son discours du 22 septembre 2011 devant le Parlement allemand, avec les mots suivants : « L’homme doit respecter sa nature ». La psychothérapeute rappelle les dangers liés au manque de respect de l’ordre naturel, indiqués récemment par le pape François : Dieu pardonne toujours, les hommes parfois, mais la nature jamais. Étant donné que, surtout pendant les premières années de la vie où se développe le cerveau humain, les lois de la nature qui règle la vie de l’homme sont claires, il est particulièrement important de respecter la nature pendant cette période, a-t-elle précisé. Dans le cas contraire, cela pourrait créer un grand danger pour la santé psychique des générations futures.

La psychologue Consuelo Ballestrem, en accord avec l’argumentation de Meves, considère la demande croissante de thérapies familiales et de couple comme un signe que, au fond, les personnes savent « quelle est la loi de la vie » même si leur mode de communication et leurs relations peuvent être temporairement perturbés. D’un point de vue théologique, comme l’a expliqué le spécialiste de théologie morale et d’éthique médicale Matthias Beck, la perception de la loi de la vie correspond à la recherche de la volonté divine. La nature raisonnable de l’homme trouve son reflet dans la raison de Dieu. « Dieu est logique », a soutenu Beck.

Comme membre de différentes commissions éthiques, Beck espère cependant que la société s’imposera une réflexion plus profonde sur la véritable nature de l’homme, en se souvenant que tous les aspects de la vie sont régis par un ordre précis et ne sont pas facultatifs. Beck a exprimé sa profonde préoccupation pour la dissolution de la famille, à laquelle la société n’apporte aucun remède.

Dans l’écologie humaine, la porte-parole de l’initiative « Lebensschutz » (Défense de la vie), Hedwig von Beverfoerde, distingue différentes zones caractérisées par un trouble : l’attraction entre l’homme et la femme, la disponibilité à construire un lien, l’ouverture aux enfants et la relation entre l’enfant et sa mère. « Les troubles de l’attraction sont tolérables mais il ne faut pas les encourager », a expliqué Beverfoerde, mettant en garde contre la reconnaissance de l’avortement comme un droit humain et prenant parti pour le droit de l’enfant à être proche de sa mère pendant les trois premières années de sa vie.

La philosophe Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz a attiré l’attention  des auditeurs sur la différence conceptuelle décisive entre les termes allemands « Leib » (terme utilisé en philosophie et en théologie pour indiquer le corps vivant et animé des êtres humains et des animaux, ndlr) et « Körper » (terme se référant simplement aux fonctions biologiques et à l’aspect extérieur, ndlr), rappelant que le premier inclut toujours l’être animé du corps et soulignant l’importance d’apprendre la langue de son corps. La philosophe a déploré la fréquente réduction du corps à un objet « que nous possédons » ; il est plutôt « la voie préférentielle de la grâce ». La violation de ces principes pourrait coûter cher.

À l’ouverture de la manifestation, Alexander Kissler, expert sur les papes et journaliste dans le domaine de la culture, a évoqué l’encyclique « Centesimus Annus », écrite par saint Jean-Paul II en 1991 et dans laquelle apparaît pour la première fois le terme d’« écologie humaine ». Dans le contexte d’une culture occidentale où la défense des animaux est très répandue, tandis que l’homme est en danger dans le sein maternel, le document souligne aussi que l’être humain est une créature qui peut mieux grandir et s’épanouir à l’intérieur de la famille. « Les structures de péché » dans une culture de mort mettent en danger l’ordre naturel en le bouleversant. Le pape Benoît XVI a relancé le débat sur le concept dans son célèbre discours devant le Parlement allemand, qui représente un véritable, mais souvent incompris, plaidoyer en faveur du droit naturel.

Traduction Constance Roques

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Michaela Koller

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