Jubilé sacerdotal, homélie du cardinal Tarcisio Bertone

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« Ami de Jésus, prêtre pour servir l’Eglise »

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ROME, Vendredi 16 juillet 2010 (ZENIT.org) – A l’occasion de ses 50 ans d’ordination sacerdotale, le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone a médité sur le sacerdoce, et la vocation du prêtre à être un « ami de Jésus », au service de l’Eglise ».

L’Osservatore Romano en français du 13 juillet propose cette analyse de l’homélie du cardinal Bertone.

Avoir été choisi pour un service incomparablement beau, accompli pour l’Eglise en intime amitié avec Jésus: telle est la signification d’une prière d’action de grâce à Dieu, dans la plénitude de la joie sacerdotale. Une prière que le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, a partagée avec tous ceux qui l’entouraient mardi 6 juillet 2010, dans la basilique Saint-Pierre, pour célébrer son cinquantième anniversaire de sacerdoce. Une trentaine de cardinaux ont concélébré avec le cardinal Bertone, ainsi qu’une cinquantaine d’archevêques et évêques – dont le substitut de la secrétairerie d’Etat, S.Exc. Mgr Fernando Filoni, et le secrétaire pour les relations avec les Etats, S.Exc. Mgr Dominique Mamberti – et près de trois cents prêtres. Les membres du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège ont également participé à la Messe, guidés par le doyen, S.E. M. Alejandro Emilio Valladares Lanza, ambassadeur du Honduras. Plusieurs personnalités politiques et du Vatican étaient présentes, notamment le directeur, le vice-directeur et le directeur émérite de « L’Osservatore Romano », ainsi que de très nombreux fidèles.

« Je vous suis très reconnaissant – a commencé le cardinal en saluant les personnes présentes – parce que par votre présence et votre prière, vous avez voulu vous unir à mes sentiments de gratitude à Dieu ». « Et je voudrais – ajoutait-t-il – que cette Messe soit un hymne de louange à la bonté et à la tendresse du Seigneur ». Les lectures de la liturgie donnent l’inspiration pour « offrir notre action de grâce au Seigneur ». Choisi pour un ministère incomparablement beau, le sacerdoce. Cela est perceptible dans la première lecture, où l’on peut lire une définition de la mission du prêtre: « Offrir l’espérance aux personnes, en annonçant que Dieu est bon, en soulageant les peines de ceux qui sont affligés, en rappelant la pensée du Ciel à ceux qui souffrent sous le poids des tribulations de la terre ».

« Comme prêtre et comme évêque – confessait le cardinal Bertone – j’ai fait si souvent l’expérience de la beauté et de la force de l’Evangile de Jésus, qui est vraiment capable de changer la vie des personnes. Le prêtre, dans l’exercice de ses munera, a cette mission, unique et incomparable: celle de faire descendre le Ciel sur la terre, celle de mettre en communion les hommes et les femmes avec Dieu ».

« De la même manière – poursuivait le cardinal en reparcourant ses souvenirs – j’ai ressenti la même joie, dont parle le prophète dans la partie finale de la lecture: Dieu, par grâce, m’a appelé à cette vocation au milieu de son peuple, et il m’a entouré de tendresse à travers les dons qu’il a accordés, à travers les personnes qu’il m’a fait rencontrer, les événements qui se sont succédé dans ma vie de prêtre, les tâches qui m’ont été confiées. Cette exubérante richesse de vie et de grâce peuple aujourd’hui mon esprit et se traduit en sentiments de louange et de reconnaissance. Après cinquante ans, je ne peux manquer de reconnaître que l’exercice de mon ministère naît du choix mystérieux de Dieu, qui m’a consacré avec son Esprit, et qui m’accompagne incessamment par sa présence. Don et mystère, tel est le sacerdoce! Et moi aussi, aujourd’hui, je m’exclame avec le prophète: « Je tressaille de joie dans le Seigneur »! ».

Le service à l’Eglise. Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul explique son bonheur dans le service de l’Eglise: « Je vous confie – dit le cardinal – que moi aussi, comme Paul, je rends grâce à Dieu, qui a béni mon ministère en me plaçant au service de l’Eglise, d’une manière assurément inattendue pour moi. Lorsque, il y a cinquante ans, je fus ordonné prêtre, comme tout salésien de Don Bosco, j’étais prêt à entreprendre la mission au milieu des jeunes. Ce fut le cas, en vérité, mais dans un contexte de vaste ampleur ecclésiale: l’Université pontificale salésienne, à laquelle j’ai consacré avec passion mes énergies. Puis sont arrivées d’autres responsabilités, qui m’ont conduit à aimer les Eglises particulières dans lesquelles j’ai été envoyé, et avec elles, toujours plus l’Eglise universelle: comme membre du collège épiscopal et dans les différentes charges que je me suis efforcé d’assurer au service total et dévoué du Saint-Père. Telles ont été – et sont encore – les opportunités extraordinaires de ressentir mon sacerdoce dans l’Eglise, en faisant de moi le collaborateur de l’Esprit, qui l’anime de l’intérieur, pour faire d’elle la belle Epouse du Christ. Le lieu même où nous célébrons cette Messe nous aide à sentire cum Ecclesia, comme l’a rappelé le cardinal Sodano dans son introduction ».

Puis, le cardinal a évoqué le souvenir « des si nombreuses personnes que j’ai connues, appréciées, et que je me suis efforcé de servir par mon sacerdoce »: de nombreux évêques bien-aimés et de nombreux « prêtres exemplaires, religieux et sours fidèles, des laïcs généreux et engagés, des familles unies qui rendent témoignage de l’amour, des jeunes et des personnes âgées, des humbles et des puissants de la terre, des hommes et des femmes en Italie et sur tous les continents, heureux d’avoir choisi le Christ et l’Evangile ».

Puis sa pensée s’est aussi tournée vers ceux qui « ne brillent pas toujours par leur cohérence dans la foi ». Pour eux aussi – dit-il – « je rends grâce au Seigneur et je les associe tous dans cette prière élevée avec ferveur par Paul: « Je vous porte dans mon cour… Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu » (Ph 1, 7-11); parce qu’au fur et à mesure des années, nous nous rendons compte qu’une seule chose dure pour toujours: la charité, l’amour réciproque, le secours mutuel, le pardon, le service réciproque des uns aux autres. Deus caritas est ».

Enfin, l’intime amitié avec Jésus. « Pour comprendre la vie d’un prêtre – dit le secrétaire d’Etat – il faut se demander non pas tant: « Que fait le prêtre? », mais plutôt: « Qui est le prêtre? ». Et il n’y a toujours qu’une seule réponse: le prêtre est une personne amoureuse de Jésus Christ, il est son ami – l’Ami aimé, attendu, rencontré, loué et imploré. Je dois dire que j’ai moi aussi fait l’expérience au cours de ces cinquante ans, et toujours davantage, que le sacerdoce est un rapport d’amitié intime avec Jésus. Dans cette expérience, le Saint-Père Benoît XVI est pour nous un lumineux exemple ». Le service du prêtre, concluait dans son homélie le cardinal Bertone est en effet « et restera toujours un service d’amour pour toute l’humanité, un ministère unique et irremplaçable, en mesure d’anticiper, déjà dans notre monde, la joie pleine et la beauté du Royaume de Dieu ».

Au début de la célébration, le cardinal doyen Angelo Sodano, dans son salut adressé au secrétaire d’Etat au nom de toutes les personnes présentes et de l’ensemble du collège cardinalice, s’est arrêté sur le sens de la participation à la célébration qui est – dit-il – « un devoir de gratitude au Seigneur » mais qui est aussi « un devoir de reconnaissance envers notre cher confrère, pour l’exemple de générosité qu’il nous a donné au cours de ces années de service d’abnégation au Saint-Siège et, par conséquent, à toute la commun
auté chrétienne. La célébration de ce jubilé sacerdotal devient ainsi un moment d’intense communion ecclésiale, en particulier pour nous prêtres, que nous vivions ce sacerdoce comme prêtres, ou que nous le vivions au degré plus exigeant d’évêque ».

« C’est à cette unité ecclésiale – poursuivait le cardinal Sodano – que nous rappelle le lieu même où nous célébrons cette Sainte Eucharistie, près de la tombe de l’apôtre Pierre. En effet, c’est autour de Pierre que se réalise l’unité visible de notre sacerdoce. C’est ce que nous rappellent les paroles que le Bernin voulut faire écrire en caractères gigantesques sur le fond doré de l’anneau qui est à la base de la Coupole qui nous domine: Hinc sacerdotii unitas exoritur, « de là naît l’unité visible de notre sacerdoce » ». « Cher confrère Tarcisio – concluait le cardinal Sodano – unis comme nous le sommes au Successeur de Pierre, notre bien-aimé Pape Be- noît XVI , nous sommes aussi unis à vous en ce jour de fête. Tous ensemble nous rendrons grâce au Seigneur pour le don de votre sacerdoce et nous lui demanderons de continuer à bénir avec largesse votre service généreux à la sainte Eglise ».

Au terme de la messe, S.Exc. Mgr Fernando Filoni, substitut de la secrétairerie d’Etat, a exprimé le sens de la participation des personnes présentes à la joie sacerdotale du cardinal Bertone. « Nous avons voulu élever – confirmait-il – une prière chorale pour Votre Eminence, en tournant nos cours vers le Souverain Prêtre, afin qu’une nouvelle effusion de dons célestes descende sur votre personne et sur votre important ministère ecclésial ».

Mgr le substitut a exprimé en particulier « la plus vive gratitude et reconnaissance pour la direction que vous nous offrez quotidiennement, afin que la secrétairerie d’Etat puisse répondre toujours mieux aux attentes du Saint-Père ». « Je suis certain – concluait-il – que toute la Curie romaine s’unit à cette action de grâce pour le ministère généreux de si nombreuses années et pour le soutien constant que Votre Eminence continue de réserver à chaque dicastère et aux autres institutions du Saint-Siège ». Des sentiments dont le Pape « a rendu un témoignage clair et public dans sa splendide lettre de félicitations » (cf. notre édition précédente, ORLF n. 27 du 6 juillet 2010) et dont le substitut a donné lecture.

A l’occasion de cet anniversaire, de très nombreux messages de félicitations sont parvenus au cardinal Bertone, notamment du président du sénat de la République italienne, M. Renato Schifani, du président de la Chambre des députés, M. Gianfranco Fini, du président du Conseil des ministres, M. Silvio Berlusconi, de nombreux ministres du gouvernement italien, d’autorités militaires, de représentants du monde économique, financier et du travail, de cardinaux, d’archevêques, d’évêques et d’ambassadeurs au nom de leurs gouvernements respectifs.

(© L’Osservatore Romano – 13 juillet 2010)

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ZENIT Staff

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