Joies et difficultés d’être évêque en Crète

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Déclarations de Mgr Fragkiskos Papamanolis

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ROME, Mardi 17 novembre 2009 (ZENIT.org) – « A chaque fois je reste stupéfait devant tout ce que le Seigneur a accompli et accomplit dans cette petite Eglise locale, indépendamment de nos programmes et de notre action pastorale », déclare dans un communiqué envoyé à ZENIT,  Mgr Fragkiskos Papamanolis, o.f.m. cap., évêque de Syros, Milos et Santorin ( Grèce), qui vient d’achever une visite pastorale de 10 jours en Crète.  

 « Il y a 35 ans, dit-il, quand Paul VI m’a nommé évêque, et que j’effectuais ma première visite d’évêque en Crète, les trois paroisses de Crète réunissaient moins de 100 catholiques (à La Canée environ 60, à Réthymnon 3 italiennes, à Héraklion à peu près 15 fidèles âgés) ».

« Plusieurs de ces personnes ont gagné le Ciel, ajoute-t-il. Il n’en reste que 20 (15 à La Canée, 3 à Réthymnon, et une femme de 85 ans à Héraklion). C’est-à-dire que ce que l’on pouvait humainement prévoir à l’époque, en 1974, serait maintenant devenu une triste réalité : l’Eglise catholique aurait disparu de Crète, si le Seigneur n’était pas intervenu ». 

Toutefois, poursuit l’évêque, « le Seigneur est intervenu, d’une façon dont lui seul est capable, et ce petit diocèse n’est pas mort, bien au contraire… ». Et en effet l’énorme flux de touristes, tous les étudiants grecs rentrés, peut-être même mariés, dans leur patrie, après avoir terminé leur période de formation dans les universités européennes, sont venus grossir le nombre des fidèles catholiques et ont fait grandir la vitalité des prêtres. 

On arrive ensuite à 1990 et avec lui « commence le grand et radical changement ». 

« La chute du communisme dans les pays de l’Est européen, l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne, l’instabilité au Moyen Orient (spécialement au Liban et en Irak), la nouvelle politique de nos gouvernements qui a rendu moins difficile l’entrée en Grèce des citoyens d’Asie (Sri Lanka, Philippines, etc.) et d’Afrique (Nigeria, Ghana etc.) ont fait arriver chez nous tant de nos frères dans la foi ».

Mais en même temps, précise Mgr Papamanolis, « ils ont fait qu’aujourd’hui en Crète se trouvent près de 5.000 fidèles catholiques (polonais et albanais, surtout) disséminés sur toute l’île ».

Dans toute la Grèce, en particulier, l’arrivée des réfugiés et des immigrés a déterminé une hausse de 70% du nombre des fidèles de l’Eglise catholique (passés de 50.000 à 350.000), dont 18-20% sont formés de catholiques grecs. 

« En regardant ce qui s’est passé dans un esprit de foi, et vivant cette réalité, je vois que le Seigneur veut que l’Eglise catholique soit présente en Crète et dans toute la Grèce, poursuit Mgr Papamanolis. Car en revenant en arrière dans l’histoire, je vois qu’il y a déjà eu des changements de cet ordre par le passé ».

« Je remercie le Seigneur qui nous a envoyé tous ces frères. Mais pour moi, évêque, ce phénomène est source de problèmes, de préoccupations  et… de fatigue aussi que je ne récuse pas », dit-il. 

« Il y a 35 ans, deux prêtres pour s’occuper des quelques catholiques étaient suffisants. Maintenant les prêtres sont au nombre de quatre, mais ils ne suffisent pas », relève-t-il. Les distances créent la diaspora.

« On ne célébrait alors la messe du dimanche qu’à La Canée et à Héraklion. Maintenant tous les samedis et dimanches on célèbre la messe à La Canée, à Réthymnon, à Héraklion, à Agios Nikolais, à Ierápetra, où vivent près de 1.000 catholiques (700 albanais et 300 de diverses nationalités). Et n’ayant ni église ni salle nous louons un magasin que nous utilisons pour nos réunions et pour célébrer la messe (chaque mois on paie un loyer de 1.000 euros) ».

C’est pourquoi, explique-t-il, « nous avons besoin de lieux pour le culte et pour notre pastorale ». 

« Et puis nous n’avons pas assez de prêtres ni de laïcs suffisamment formés car, pour la plupart, il s’agit de travailleurs pauvres. Mais aussi parce qu’ils sont arrivés depuis peu. Nous ne pouvions donc les préparer ».

Actuellement en Crète, les pères capucins, les seuls à assurer un service religieux sur cette île, sont quatre : deux prêtres et deux religieux à La Canée et à Héraklion.

A Héraklion, la paroisse est confiée à deux jeunes prêtres polonais qui, chaque dimanche, doivent parcourir plus de 240 km, aller et retour, pour célébrer la messe et pouvoir rencontrer certains des fidèles.

« La paroisse d’Héraklion s’étend sur un rayon d’environ 200 km, raconte Mgr Papamanolis. Mais la pastorale ne peut se réduire à une messe le dimanche pour une poignée de fidèles ».

« La plupart des fidèles catholiques n’ont pas la possibilité, à cause des grandes distances, d’entrer en contact avec le prêtre et de participer à la célébration de la messe le dimanche », poursuit-il. 

« Il y a beaucoup de catholiques à Tibaki, qui se trouve à 60 km de l’église paroissiale d’Héraklion. Il y a ensuite des fidèles catholiques à Sitia et à Pala kastro (pointe est de l’île), mais il leur faut parcourir entre 300 à 320 km ».

« Et si nous voulons arriver à l’église paroissiale d’Agios Nikolais, où est célébrée la messe dominicale, il nous faut faire 160km à l’aller comme au retour », explique-t-il encore. 

« Nous vivons une situation qui, pour moi évêque, est très problématique car il n’y pas les forces pour l’affronter », ajoute Mgr Papamanolis. « Il faut tout organiser en repartant à zéro ». 

« Nos fidèles de tant de langues différentes sont presque tous de jeunes adultes et ils ont des enfants qui doivent être catéchisés. Mais qui les catéchisera? Leurs parents? Les albanais, qui sont la majorité, viennent d’un pays où nommer Dieu et le prier était interdit depuis des années ».  

« Nos fidèles… qui vivent au milieu de nos frères orthodoxes, non pour être absorbés dans l’orthodoxie, mais pour poser, par leur présence, le problème de la séparation des chrétiens, ajoute-t-il. Pour faire connaître l’Eglise catholique à nos frères dans la vie quotidienne et préparer le jour de l’unité, tant désirée, des chrétiens ».  

« L’Eglise catholique en Grèce, en effet, n’a pas pour objectif d’unir ‘en convertissant’ mais d’ ‘unir’ tous les frères en Jésus Christ », a conclu l’évêque de Syros, Milos et Santorin. 

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ZENIT Staff

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