Jeunes, ne vivotez pas : vivez !

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Premières vêpres du 1er dimanche de l’Avent

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Le pape encourage les jeunes à « vivre » et non pas « vivoter » : il s’agit de ne pas être « spectateurs », mais « protagonistes des événements », de ne pas se contenter de regarder la vie « du haut du balcon » mais de « porter la lutte pour la dignité des personnes, pour les valeurs ».

Le pape François a célébré les vêpres de la veille du premier dimanche de l’Avent avec les étudiants et enseignants des universités pontificales de Rome, ce 30 novembre 2013, en la basilique Saint-Pierre.

Il a encouragé les jeunes à affronter les défis actuels « avec force intérieure et audace évangélique » sans « se résigner à la monotonie de la vie quotidienne », mais en cultivant « des projets de longue haleine… au-delà de l’ordinaire » : « ne vous laissez pas voler l’enthousiasme de la jeunesse ! », a-t-il exhorté.

A la fin de la célébration, le pape a confié l’icône « Marie, Siège de la Sagesse » ou « Maria, Sedes Sapientiae » au monde universitaire français, représenté par une délégation de 10 étudiants membres de l’Équipe nationale de la pastorale étudiante (ENPE) et du bureau national de Chrétiens en Grande Ecole. L’icône sera portée en pèlerinage par les étudiants français pendant un an.

« Marie, Siège de la Sagesse » a été confiée aux étudiants du monde par Jean-Paul II en l’An 2000: elle a déjà voyagé sur tous les continents, et elle était jusqu’à présent au Brésil depuis un an, dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse Rio2013. Elle est l’oeuvre du jésuite Marko Ivan Rupnik, mosaïste slovène.

Méditation du pape François

Aujourd’hui se renouvelle le traditionnel rendez-vous de l’Avent avec les étudiants des Universités de Rome, auxquels s’unissent les recteurs et les professeurs des Athénées romains et italiens. Je salue tous cordialement: le cardinal vicaire, les évêques, le maire, les différentes autorités académiques et institutionnelles, les assistants des aumôneries et des groupes universitaires. Je vous salue spécialement vous, chers universitaires.

Le souhait que saint Paul adresse aux chrétiens de Thessalonique, afin que Dieu les sanctifie jusqu’à la perfection, démontre d’une part sa préoccupation pour leur sainteté de vie mise en danger et d’autre part une grande confiance dans l’intervention du Seigneur. Cette préoccupation de l’Apôtre est valable aussi pour nous, chrétiens d’aujourd’hui. La plénitude de la vie chrétienne que Dieu accomplit dans les hommes, en effet, est toujours mise en danger par la tentation de céder à l’esprit mondain.

C’est pourquoi Dieu nous donne son soutien, par lequel nous pouvons préserver les dons de l’Esprit Saint, la vie nouvelle qu’Il nous a donnée dans l’Esprit. En protégeant cette “lymphe” salutaire de notre vie, tout notre être, esprit, âme et corps, se garde irréprochable, intègre.

Mais pourquoi Dieu, après nous avoir prodigué ses trésors spirituels, doit-il intervenir encore pour les garder intègres ? C’est une question que nous devons nous poser. Parce que nous sommes faibles…, notre nature humaine est fragile et les dons de Dieu sont conservés en nous comme dans des “vases d’argile”(cf. 2Cor 4,7). C’est cela la fragilité.

L’intervention de Dieu en faveur de notre persévérance jusqu’à la fin, jusqu’à la rencontre définitive avec Jésus, est expression de sa fidélité. C’est comme un dialogue entre notre faiblesse et sa fidélité. Il est fort dans sa fidélité. Paul dira que lui-même est fort dans sa faiblesse, car il dialogue avec la fidélité de Dieu et la fidélité de Dieu ne déçoit pas. Il est fidèle avant tout à Lui-même. Par conséquent, il mènera à son terme l’œuvre qu’il a commencée en chacun de nous, par son appel. Cela nous donne sécurité et grande confiance : une confiance qui repose sur Dieu et demande notre collaboration active et courageuse, devant les défis du moment présent. Vous savez, chers jeunes étudiants, qu’on ne peut pas vivre sans regarder les défis, sans répondre aux défis. Celui qui ne regarde pas les défis, qui ne répond pas aux défis, ne vit pas. Votre volonté et vos capacités, unies à la puissance de l’Esprit Saint qui habite en chacun de vous depuis le jour de votre Baptême, vous permettent d’être non pas spectateurs, mais protagonistes des événements contemporains. S’il vous plait, ne regardez pas la vie du haut du balcon, … portez la vie, la lutte pour la dignité des personnes, la lutte contre la pauvreté, la lutte pour les valeurs, et tant de luttes que nous trouvons aujourd’hui.

Les défis que vous, jeunes universitaires, êtes appelés à affronter avec force intérieure et audace évangélique, sont variés. Force et audace. Le contexte socio-culturel dans lequel vous êtes insérés est parfois appesanti par la médiocrité et par l’ennui. Il ne faut pas se résigner à la monotonie de la vie quotidienne, mais cultiver des projets de longue haleine, aller au-delà de l’ordinaire : ne vous laissez pas voler l’enthousiasme de la jeunesse ! Ce serait une erreur de se laisser aussi emprisonner par la pensée faible et par la pensée uniforme, celle qui est homologuée, ou bien par une globalisation comprise comme homologation. Pour dépasser ces risques, le modèle à suivre n’est pas la sphère. Le modèle à suivre dans la vraie globalisation, qui est bonne, n’est pas la sphère, où toute saillie est nivelée et où disparaît toute différence; le modèle est au contraire le polygone, qui inclut une multiplicité d’éléments et respecte l’unité dans la variété. En défendant l’unité, défendons la diversité…

La pensée est féconde quand elle est expression d’un esprit ouvert, qui discerne, toujours éclairé par la vérité, par le bien et par la beauté. Si vous ne vous laissez pas conditionner par l’opinion dominante, mais restez fidèles aux principes éthiques et religieux chrétiens, vous trouverez le courage d’aller à contre-courant. Dans le monde globalisé, vous pourrez contribuer à sauvegarder les particularités et caractéristiques propres, mais en cherchant à ne pas baisser le niveau éthique. En effet, la pluralité de pensée et d’individualité reflète la sagesse multiforme de Dieu quand elle s’approche de la vérité avec honnêteté et rigueur intellectuelle, quand elle s’approche de la bonté, quand elle s’approche de la beauté, afin que chacun puisse être un don au profit de tous.

Que l’engagement de cheminer dans la foi et de vous conduire de façon cohérente avec l’Evangile vous accompagne en ce temps de l’Avent, pour vivre de façon authentique la commémoration de la naissance du Seigneur. Le beau témoignage du bienheureux Pier Giorgio Frassati peut vous aider, lui qui disait, étudiant comme vous : « Vivre sans foi, sans patrimoine à défendre, sans soutenir la vérité dans une lutte continue, n’est pas vivre mais vivoter. Nous ne devons jamais vivoter, mais vivre » (Lettre à I. Bonini, 27.II.1925).

Merci et bon chemin vers Bethléem !

Traduction de Zenit, Anne Kurian

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