"Jeunes, dérangez les adultes et choisissez le Christ!", par le P. Longeat

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Assemblée de la Conférence des religieux et religieuses de France

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La Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) vient de tenir son assemblée à Lourdes (11-14 novembre) et le pape François vient de lancer l’Année de la vie consacrée par une lettre apostolique (Zenit du 2 décembre 2014) et deux messages (Zenit du 29 novembre et du 30 novembre). Le président de la CORREF souligne les enjeux de ces événements pour « actualiser la joie » d’une vocation. Il encourage les jeunes: « qu’ils n’hésitent pas à déranger les adultes qui les entourent, à les interpeller et aussi à choisir le Christ ».

Zenit – Père Jean-Pierre Longeat, vous êtes père Abbé de Ligugé et président de la Conférence des religieux et religieuses de France, qui vient de tenir son assemblée : quels ont été les thèmes de votre réflexion?

Père Jean-Pierre Longeat – Le thème général était : « Appelés à l’espérance » ; il s’agissait d’accueillir le présent comme un don de Dieu, de s’y accorder et de se disposer à un avenir inédit avec le devoir de rendre compte de cette espérance déposée en nos cœurs par le Christ qui est pour nous comme une ancre solide. Nous avons échangé sur nos attentes à partir d’une enquête réalisée dans nos Instituts concernant la manière dont nous vivions l’espérance.

Nous avons bénéficié de l’apport de deux conférences sur le sujet, l’une plus expérientielle avec Jean-Marie Petitclerc et l’autre plus théologique avec Geneviève Comeau.

Nous avons vécu des ateliers sur des expériences prometteuses actuellement en vie religieuse et nous avons reçu l’interpellation de quelques partenaires comme le Secours Catholique, un médecin en soins palliatifs, l’Ecole catholique, un journaliste sur la question du silence comme expérience de renouveau…

Nous avons beaucoup reçu, nous nous sommes sentis renouvelés dans notre appel, nous devons maintenant rendre compte de cette espérance qui nous habite.

Vous êtes bénédictin, et la Corref rassemble des religieux et religieuses aux vocations les plus diverses: qu’est-ce qui fait votre communion?
Dans un document de la Commission théologique de la CORREF, nous avons reprécisé que ce qui fait notre point commun est une suite du Christ dans le célibat et en communauté. Les « œuvres » des Instituts peuvent être très variés, mais aux fondements, il y a toujours ces deux éléments de suite du Christ qui nous choisit et que nous choisissons comme une relation sans autre Unique, au cœur d’une communauté, témoin de sa présence. En vivant bien ces fondements, la vie religieuse peut se déployer à l’infini.

Vous avez voulu lancer un appel pour l’Année de la vie consacrée qui vient de commencer: quelles priorités voyez-vous pour le renouveau de la vie religieuse en France?

Les religieux et religieuses quels que soient leur âge et leur nombre ont à actualiser la joie qu’il y a à vivre leur vocation. Là où des communautés se fondent sur cette joie, elles sont rayonnantes et elles aident tous ceux qui les croisent à avancer sur la route de l’essentiel, sur le chemin de l’amour.  Il ne s’agit ni de se compter, ni de se projeter dans un avenir hypothétique, il s’agit de vivre plus à partir de nos fondements. Ainsi, nous pourrons faire mémoire de notre histoire, nous pourrons être ouvert à un avenir inédit et nous pourrons, surtout, vivre un présent stimulant, heureux de marcher avec le Christ.
Bien sûr, durant cette année, nous serons attentifs à la solidarité entre nos Instituts, au soutien et à l’accompagnement des vocations en germe et des jeunes qui ont intégré déjà les Congrégations, à mieux faire connaître la vie religieuse que le grand public ignore beaucoup trop….

Le pape François vient d’adresser trois messages aux consacrés du monde pour cette Année de la vie consacrée: quelles sont les paroles du pape qui vous ont le plus frappé?

J’en retiendrai trois :
« Réveillez le monde ! Illuminez-le de votre témoignage prophétique et à contre-courant. »
« Où sont les religieux, il y a de la joie.”
« Montrez que la fraternité universelle n’est pas une utopie mais le rêve-même de Jésus pour l’humanité entière. »

Quelles manifestations envisagez-vous pour scander ce temps spécial?

Nous avons lancé une enquête sur la vie religieuse dans son rapport avec les jeunes aujourd’hui, nous aurons un grand colloque en décembre 2015 ; il y aura aussi un deuxième rassemblement des jeunes religieux et religieuses de France les 1-3 mai, et toutes sortes de manifestations dans les diocèses. Mais par ailleurs, il y aura un colloque de la Conférence des instituts séculiers, en octobre 2015 ; un rassemblement de jeunes religieux et religieuses organisé par la Communauté de Taizé en Juillet 2015, des publications, des films et bien d’autres propositions.

Comment sensibiliser les familles au fait que les vocations pour s’épanouir ont besoin d’être encouragées et accompagnées?

Certes, les familles qui vivent un engagement chrétien doivent se montrer accueillantes à l’épanouissement de la vocation de chacun de leurs enfants et pour cela prendre les moyens de les éveiller et de les accompagner. Mais il est capital aussi que le milieu éducatif y soit attentif, sous mille formes, et que la formation catéchétique intègre également cette dimension. Pour cela, il est important de mettre en contact les familles, les éducateurs, les catéchistes avec des témoins des différents types de vocations afin que des animations puissent être prévues avec les jeunes de mille manières. Il est important aussi qu’il y ait des lieux et des temps où il soit possible d’accueillir des familles, des groupes et des jeunes à titre individuel pour accompagner l’approfondissement des choix de vie.

Quel est votre message pour les jeunes?

Je suis impressionné par la soif de sens et de vie qui habite le cœur de nombreux jeunes. J’ai envie de leur dire qu’ils n’hésitent pas à déranger les adultes qui les entourent, à les interpeller, et aussi à choisir le Christ de quelque manière que ce soit afin qu’un monde nouveau puisse naître au-delà de toute peur en l’avenir et de toutes les illusions présentes.

On peut venir chez vous – consacrés ou laïcs – à Ligugé pour un temps de ressourcement spirituel?

Comme beaucoup dans d’autres monastères et communautés religieuses, il y a à Ligugé une maison d’accueil, une hôtellerie où tous ceux qui le veulent peuvent venir passer un temps de réflexion, de retraite, de discernement.

Quelle question aurais-je dû poser?

A vrai dire, il me semble que l’essentiel est dit. Tournons-nous maintenant vers Celui qui vient et accomplit toutes choses en vue du Royaume de l’Amour.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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