Jésus ne condamne pas la richesse mais la mauvaise utilisation de la richesse

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P. Raniero Cantalamessa : Homélie du dimanche 4 novembre

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ROME, Vendredi 2 novembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du Dimanche 4 novembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 19, 1-10

Jésus traversait la ville de Jéricho.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. »
Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés

Zachée, descends !

L’Evangile nous présente la merveilleuse histoire de Zachée. Jésus est arrivé à Jéricho. Ce n’est pas la première fois qu’il y vient et cette fois, en chemin, il a également guéri un aveugle (cf. Lc 18, 35 s.), ce qui explique pourquoi il est entouré d’une telle foule. Zachée, « chef des collecteurs d’impôts, et… riche », monte sur un arbre, le long du parcours du cortège, pour mieux le voir (A l’entrée de Jéricho on voit encore aujourd’hui un vieux mûrier qui aurait été celui de Zachée !). Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : ‘Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison’. Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : ‘Il est allé loger chez un pécheur’ ».

Cet épisode souligne, encore une fois, l’attention de Jésus pour les humbles, les personnes rejetées ou méprisées. Ses concitoyens méprisaient Zachée, pour ses compromis avec l’argent et avec le pouvoir, et peut-être aussi parce qu’il était de petite taille ; pour eux, Zachée n’est qu’un « pécheur ». Jésus va en revanche le rencontrer chez lui ; il laisse tomber la foule des admirateurs qui l’ont accueilli à Jéricho et va chez Zachée, chez lui seul. Il fait comme le bon pasteur qui laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la centième qui s’est perdue.

Les actes et les paroles de Zachée contiennent également un enseignement. Elles concernent son attitude envers la richesse et envers les pauvres. De ce point de vue, l’épisode de Zachée doit être lu dans le contexte des deux passages qui le précèdent, celui du riche épulon et celui du jeune homme riche. Le riche épulon refusait au pauvre même les miettes qui tombaient de sa table ; Zachée donne la moitié de ses biens aux pauvres ; l’un profite seul de ses biens ou en fait profiter ses amis riches en mesure de lui rendre ce qu’il donne ; l’autre fait également profiter les autres, les pauvres, de ses biens. Comme on le voit, l’attention porte sur l’utilisation que l’on doit faire des richesses. Les richesses sont injustes lorsqu’on se les accapare, en les soustrayant aux plus faibles, lorsqu’on les utilisent pour vivre soi-même dans le luxe effréné ; elles cessent de devenir injustes lorsqu’elles sont le fruit de notre travail et sont également mises au service des autres et de la communauté.

La confrontation avec l’épisode du jeune homme riche est également instructive. Jésus dit au jeune homme riche de vendre tout ce qu’il a et de le donner aux pauvres (Lc 18, 22) ; avec Zachée, il se contente de sa promesse de donner la moitié de ses biens aux pauvres. Zachée, en d’autres termes, reste riche. Le métier qu’il exerce (il est le chef des douaniers de la ville de Jéricho qui a le monopole de certains produits à l’époque très recherchés, même en Egypte par Cléopâtre), lui permet de rester riche même après avoir renoncé à la moitié de ses biens.

Ceci permet de rectifier une impression fausse que l’on peut avoir en lisant certains autres passages de l’Evangile. Ce n’est pas la richesse en soit que Jésus condamne sans appel, mais l’utilisation inique de cette richesse. Le salut existe aussi pour les riches ! Zachée en est la preuve. Dieu peut accomplir le miracle de convertir et sauver un riche sans nécessairement le réduire à l’état de pauvreté. Une espérance qu’il ne nia jamais et qu’il contribua même à entretenir, ne dédaignant pas fréquenter, lui, si pauvre, des riches et des chefs militaires.

Il n’a certes jamais flatté les riches et n’a jamais cherché à atténuer les exigences de son Evangile lorsqu’il était en leur compagnie. Bien au contraire ! Avant de s’entendre dire : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison », Zachée a dû prendre une décision courageuse : donner aux pauvres la moitié de son argent et de ses biens accumulés, réparer les concussions faites dans son travail en en restituant le quadruple du montant. L’histoire de Zachée apparaît ainsi comme le miroir de la conversion évangélique qui est toujours et en même temps, conversion à Dieu et conversion à ses frères.

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ZENIT Staff

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