"Je me sens jésuite dans ma spiritualité"

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Confidences dans l’avion Rio-Rome, suite

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« Je me sens jésuite dans ma spiritualité ; dans la spiritualité des « Exercices », la spiritualité, celle que j’ai dans le cœur. », déclare le pape François sur le vol Rio-Rome (28-29 juillet), dans sa conversation à bâtons rompus: il aborde aussi la question de se présenter comme « évêque de Rome ».

Le pape s’est en effet ensuite rendu en l’église du Gesù pour célébrer la Saint-Ignace avec les jésuites présents à Rome, en présence du Préposé général de la Compagnie de Jésus, le père Adolfo Nicolas (cf. Zenit du 31 juillet 2013, http://www.zenit.org/fr/articles/homelie-du-pape-francois-pour-la-saint-ignace).

Pourquoi insistez-vous sur votre charge d’évêque de Rome?

Il ne faut pas aller au-delà de ce qui est dit. Le pape est évêque de Rome, et parce qu’il est l’évêque de Rome, il est le successeur de Pierre, vicaire du Christ ; Il y a d’autres titres, mais le premier des titres est « Evêque de Rome », c’est de là que tout part. Parler, penser que cela veut dire être primus inter pares, non, ceci n’est pas la conséquence de cela. C’est tout simplement le premier titre du pape: Evêque de Rome. Mais il y a aussi les autres … Je crois que vous avez dit quelque chose sur l’œcuménisme : Je crois que cela favorise un peu l’œcuménisme. Mais seulement ça…

Et le carriérisme dans l’Eglise?

Faire l’évêque est un beau travail. Le problème c’est quand on recherche ce travail : ça ce n’est pas aussi bien, cela ne vient  pas du Seigneur. Mais quand le seigneur appelle un prêtre à devenir évêque, cela est beau. Il y a toujours le danger de se croire supérieur aux autres, et non comme les autres, un peu prince. Ce sont des dangers et des péchés. Mais faire l’évêque est un beau travail: c’est aider les frères à avancer. L’évêque devant les fidèles, pour marquer la route ; l’évêque au milieu des fidèles pour aider la communion; et l’évêque derrière les fidèles, car les fidèles ont tant de fois le flair de la route. L’évêque doit être comme ça. Vous me demandiez si cela me plaisait ? Oui j’aime faire l’évêque, cela me plait. A Buenos Aires j’étais si heureux! J’étais heureux, vraiment. Le Seigneur m’a assisté en cela. Mais comme prêtre j’étais heureux, et comme évêque j’étais heureux. C’est en ce sens-là que je dis : ça me plaît !

Et faire le pape ?

Aussi, aussi ! Quand le Seigneur  vous met là, si vous faites ce que le Seigneur veut, vous êtes heureux. C’est mon sentiment, ce que je ressens.

Vous vous sentez encore Jésuite?

C’est une question théologique, parce que les jésuites font vœu d’obéissance au pape. Mais si le pape est jésuite, il doit peut-être faire vœu d’obéissance au Général des jésuites… Je ne sais pas comment résoudre ça… Je me sens jésuite dans ma spiritualité ; dans la spiritualité des « Exercices », la spiritualité, celle que j’ai dans le cœur. Je me sens tellement comme ça que, dans trois jours, j’irai fêter avec les jésuites la fête de Saint Ignace ; je dirai la messe le matin. Je n’ai pas changé de spiritualité, non. François, franciscain : non. Je me sens jésuite et je pense en jésuite. Pas de manière hypocrite, mais je pense en jésuite. Merci à vous.

Votre bilan des quatre premiers mois de pontificat?

Mais je ne sais pas comment répondre à cette question, vraiment. Des grandes choses, des grandes choses, il n’y en a pas eu. Des choses belles, oui. Par exemple, la rencontre avec les évêques italiens a été si belle, si belle. En tant qu’évêque de la capitale d’Italie, je me suis senti chez moi avec eux. Et ça, c’était beau, mais je ne sais pas si cela a été la meilleure chose. Une chose douloureuse, mais qui est pas mal entrée dans mon cœur, la visite à Lampédouse. Mais cela fait pleurer, cela m’a fait du bien. Mais quand ces barques arrivent, on les laisse à quelques milles de la côte et ils doivent, en barque, arriver tout seuls. Et cela me fait souffrir parce que je pense que ces personnes sont victimes d’un système socio-économique mondial. Mais le pire, excusez-moi, qui me soit arrivé, c’est un sciatique – vraiment ! – que j’ai eue le premier mois parce que pour faire les interviews, je m’asseyais dans un fauteuil et cela m’a fait un peu mal. C’est une sciatique très douloureuse, très douloureuse ! Je ne le souhaite à personne ! Mais tout ceci, parler avec les personnes, la rencontre avec les séminaristes et les religieuses a été très belle, très belle. Et aussi la rencontre avec les élèves des collèges jésuites a été très belle, ce sont de bonnes choses.

[Ce qui m’a le plus surpris], ce sont les personnes, les personnes, les personnes bonnes que j’ai rencontrées. J’ai trouvé beaucoup de personnes bonnes au Vatican. Je me suis demandé quoi dire, mais ça, c’est vrai. Je fais justice en disant cela : beaucoup de bonnes personnes. Beaucoup de bonnes personnes, beaucoup de bonnes personnes, mais bonnes, bonnes, bonnes !

Traduction de Zenit, Océane Le Gall et Hélène Ginabat


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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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