Italie : Marche dans Rome contre la traite des femmes

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L’action de l’Eglise contre les esclavages modernes

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ROME, Lundi 24 décembre 2007 (ZENIT.org) – Une marche pour s’opposer à la légalisation de la prostitution et  à l’adoption de lois qui au concret encourageraient l’esclavage sous ses formes modernes, a eu lieu dans Rome, de l’Esquilino (près de Sainte-Marie-Majeure) à la place de Venise, samedi soir, 22 décembre, à l’initiative de la Communauté Jean XXIII fondée par don Oreste Benzi.

De nombreuses jeunes femmes qui ont réussi, grâce à l’association, et à « Maisons-familles » qui les accueillent, à se rebeller et à se libérer de l’esclavage auquel elles avaient été réduites, ont participé à la marche. Certaines à visage découvert, d’autres le visage caché dans leurs écharpes pour ne pas être reconnues. Certaines ont témoigné de leur calvaire. Des témoignages soutenus par la prière du chapelet.

La rébellion de l’une d’elles a conduit à l’arrestation de 40 personnes. Elle remerciait la Police d’Etat pour son action. Et les Carabiniers pour les 500 femmes qu’ils ont contribué à libérer. Pendant quatre ans, elle été violentée, brûlée par des mégots de cigarette, on lui cassait des chaises sur le dos.

La nuit était tombée, il faisait froid, mais la pluie avait cessé. Des curieux s’étonnaient d’une telle marche, à deux jours de Noël. La première marche de ce type dans Rome.

Mais pour agir, la police a besoin du législateur. Deux députés, femmes, Luisa Santonili, présidente du Forum des Associations familiales, et Elisabetta Gardini, secrétaire de la commission des Affaires sociales au Parlement italien, et un sénateur, Luca Marconi, ont participé à la marche.

Tous conviennent que la lutte doit être européenne et mondiale, et pas seulement policière, mais juridique : le trafic d’êtres humains et spécialement de femmes est international et utilise les mêmes canaux que ceux des armements et de la drogue : des autoroutes de l’esclavage.

Congrès au Vatican

Un congrès avait eu lieu au Vatican en 2005  (cf. Zenit, 15 juin 2005), sous la houlette du conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des personnes en déplacement sur ce sujet, avec justement la participation de don Benzi (cf. Zenit, 21 juin 2005), disparu le 2 novembre dernier. Ses funérailles ont rassemblé à Rimini, le 5 novembre, des milliers de personnes, pauvres et riches, puissants et sans défense, de toutes nationalités, et d’abord ses « enfants » de la Communauté Jean XXIII.

La marche s’est achevée sur le chant « J’ai décidé de suivre Jésus, c’est sans retour », chanté en anglais par les jeunes femmes « libérées » : « I have decided to follow Jesus, no turning back » et par deux chansons de l’auteur-compositeur-interprète, Luca Lattanzio. L’une s’intitule : « Depuis combien de temps » (« Da quanto tempo ? ») et l’autre, dédiée à sa sœur, « Francesca » qu’il houspille fraternellement : « Naie pas peur, sers-toi de ton imagination ! ». Une voix au beau timbre et habile déjà : Don Benzi a encouragé Luca à continuer de se mettre au service de justes causes.

Enfin, tous les marcheurs se sont blanchi la main droite pour proclamer en la levant bien haut : « Non, je ne veux pas me tacher les mains de cette faute ! » Au fond, le Colisée, illuminé, rappelait les anciens esclavages cruels. Au pied de la colonne de Trajan, une nouvelle génération disait « non » aux esclavages modernes, non mois cruels, prêts à continuer à se battre pour leurs frères et sœurs à la dignité bafouée.

Certains sont repartis en bus, d’autres en voiture, dans le Piémont, à Rimini, ou, pour les plus chanceux en ce temps de gel, à Rome.

Les paroles de Benoît XVI

Pour sa part, Benoît XVI a évoqué, le dimanche 3 juin 2007 (cf. Zenit du 3 juin 2007) le 750e anniversaire de l’acte par lequel le Sénat de Bologne a « sanctionné l’abolition de l’esclavage sur son territoire ».  Lors de l’angélus, Benoît XVI a dit espérer que « cette initiative suscite un nouvel engagement pour dépasser les nouveaux esclavages qui affligent encore l’humanité ».

Douze millions « d’esclaves » ont été « vendus » en Amérique du nord et du sud en quatre siècles. Trente millions de femmes l’ont été depuis 10 ans : 80 % des femmes obligées de se prostituer à Toulouse, Paris, Marseille ou Bordeaux, sont enlevées en Moldavie, Bulgarie et autres pays d’Europe, et se « négocient » à 3 000 € sur les marchés albanais. Un proxénète se vantait récemment de pouvoir obtenir le consentement d’une de ces jeunes femmes en vingt jours de viols et de violences.

Chaque année, on estime, selon les chiffres de la Communauté Jean XXIII, que 70.000 jeunes femmes sont enlevées ou vendues au Nigeria pour le « marché » européen et celui des Etats Unis. Certaines meurent d’épuisement avant d’avoir réussi à traverser le désert.

En Asie, la situation n’est guère meilleure : on se souvient de la lutte lancée contre la traite des femmes d’Extrême Orient soutenue par le défunt roi Baudouin de Belgique, et le bouleversant témoignage qu’une femme sauvée de cet esclavage a donné lors des funérailles du roi, en la cathédrale Saint-Michel Sainte-Gudule, en août 1993.

Religieux et Caritas, un réseau mondial

Le 3 décembre dernier, les ordres religieux et Caritas ont condamné eux aussi la traite des personnes, comme une « nouvelle forme d’esclavage mondial ».

L’Union des supérieurs généraux/Union internationale des supérieures générales et Caritas ont en effet publié une condamnation conjointe de la traite des personnes, considérée comme « l’une des pires violations des droits de l’homme, et ont pris l’engagement de travailler ensemble pour la combattre ».

Les Unions des supérieurs généraux et supérieures générales (USG/UISG) représentent plus d’un million de religieux et de religieuses à travers le monde tandis que Caritas Internationalis, forte de 162 membres, est l’un des plus grands réseaux d’aide mondiaux.

L’alliance entre les congrégations religieuses et les organisations Caritas renforcera les actions de plaidoyer en faveur des personnes faisant l’objet de la traite et élargira l’éventail des ressources mises à la disposition de ceux et celles qui s’efforcent de les aider, au niveau du terrain.

L’alliance fonctionnera au bénéfice des victimes de la traite, en améliorant les circuits de prévention et d’assistance qui leur sont accessibles.

Le responsable de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à Caritas Internationalis, Sébastien Dechamps, déclarait : « La traite des personnes est une nouvelle forme d’esclavage mondial. C’est un acte criminel qui viole les droits de l’homme ainsi que la dignité et l’intégrité des personnes réduites en esclavage ».

Caritas Internationalis a identifié quatre grands domaines d’action : prévention, assistance, plaidoyer et travail en réseau, comme l’indique son rapport : « Engagement de Caritas Internationalis dans la lutte contre la traite des personnes ». Elle est aussi à l’initiative du réseau œcuménique COATNET (réseau d’organisations chrétiennes contre la traite) qui a acquis une dimension mondiale.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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