Italie : La famille, antidote à la crise économique

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Congrès à la Chambre des députés

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ROME, mercredi 25 janvier 2012 (ZENIT.org) – Un rabbin qui parle de famille ; un économiste qui parle de morale ; un prêtre qui parle d’amour conjugal : tout cela a eu lieu lors d’un congrès sur la famille comme moteur de la croissance humaine, organisé le 18 janvier à la Chambre italienne des députés, à Rome, en présence d’illustres invités, dont des représentants de la communauté juive, pour évoquer la famille comme antidote à la crise économique actuelle.

Le rencontre, organisée par l’Académie internationale pour le développement économique et social (Aises), a voulu mettre l’accent sur le thème probablement le plus débattu en cette nouvelle année: la famille, vue dans ses diverses perspectives sociales, politiques, mais surtout économiques.

« La famille est le premier amortisseur social de la crise économique », a déclaré dans son mot d’introduction, le vice-président de la Chambre des députés, Maurizio Lupi. Et celle-ci doit devenir « non pas un élément mais l’élément du développement économique ».

« C’est un point sur lequel aussi bien la majorité que l’opposition sont d’accord », a-t-il précisé, et l’approbation de la dernière manœuvre financière le montre aussi, augmentant pour la première fois les exonérations en rapport avec le noyau familial et le nombre d’enfants ».

« Le judaïsme et le christianisme sont les deux seules religions qui mettent la personne, la famille et les enfants au centre », a déclaré pour sa part le directeur de l’agence ZENIT, Antonio Gaspari, modérateur du symposium, avant de laisser la parole au président de l’Aises, Valerio De Luca.

« La famille, a souligné Valerio de Luca, a une grammaire anthropologique précise » : elle est « source d’humanité, lieu où chaque personne trouve la vie et forme son affectivité, ses valeurs, ses règles, ses relations ».

« Une famille, a-t-il ajouté, conduit à une société plus compacte et solidaire, et l’économie et la politique doivent protéger cette cellule fondamentale ».

Quel rôle donnons-nous au rapport homme/femme? S’est interrogé le président de l’Aises, ajoutant que « les enfants, qui sont la vraie espérance pour l’avenir, ne sont désormais vus que comme une menace et une limitation du temps présent. Ceci conduisant l’homme à favoriser l’avortement, la stérilisation, la fécondation in vitro et toutes les autres techniques qui font de lui une expérience de lui-même et appauvrissent sa vie ».

« Ce n’est pas la technique que l’on doit changer, mais le cœur de l’homme, a donc conclu Valerio de Luca. L’ouverture à la vie est la voie principale qui porte au développement d’une société plus humaine et compacte ».

Le manque de volonté humaine à s’ouvrir à la vie et donc à la volonté de Dieu, ainsi que la crise de la natalité qui découle de ce manque, ont été un des problèmes phares soulevés durant le congrès.

Edith Arbib Anav, responsable Aises pour le dialogue interreligieux, a parlé d’un « individualisme » qui fait que « l’on a confié à d’autres des services qui, avant, étaient utiles aux besoins de la famille et de la collectivité » , nous limitant à une « froide coordination portant à un développement économique peu durable ».

Le député italien Enrico Letta a pour sa part attribué la cause de la crise à la tendance à viser le « court-terme », c’est-à-dire à rechercher tout de suite un résultat immédiat. « Or la famille, a-t-il dit, est un antidote car il battit des dimensions et des liens qui obligent à se projeter dans un avenir à long terme et sont un défi pour le temps ».

De son côté, le président de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), Ettore Gotti Tedeschi, a estimé que c’est la chute des naissances des années 70 jusqu’à nos jours qui a provoqué la crise actuelle.

Soulignant les effets négatifs qui se produisent « dès le moment où l’on interrompt les naissances et où l’on ignore la famille et les enfants dans le monde occidental », le président Tedeschi a cité : la non croissance économique dans la mesure où, depuis 30 ans, le nombre d’habitants est resté inchangé, empêchant au PIB de croître ; que depuis 25 ans on n’économise plus , et que les banques manquent donc de liquidités.

« Aujourd’hui tout ce que l’on gagne est dépensé, consommé, il n’y a pas de ressource pour l’intermédiation financière », a-t-il relevé.

Autre répercussion négative sur le mariage : l’impossibilité de se marier avant 32 ans, les jeunes couples gagnant la moitié par rapport à il y a 30 ans, et ne pouvant donc s’acheter une maison, indépendamment du fait qu’ils soient employés ou non.

Répercussions sur la situation des personnes âgées : « Les enfants ne naissent pas, la population vieillit et part à la retraite. Ceci influant économiquement sur les dépenses fixes qui augmentent: santé et vieillesse. La société n’a plus d’argent pour entretenir les personnes âgées ».

Et enfin répercussions sur l’emploi, a conclu le président du IOR: « Pour pouvoir consommer, on a délocalisé en Asie les productions les plus importantes. Et aujourd’hui 50% de ce qui était produit avant dans le mode occidental est importé car c’est moins onéreux. En déplaçant la production, on a déplacé les postes de travail. Si bien qu’il n’y a plus d’emplois et 70-80% ne sont que des services ».

Le grand rabbin de la communauté juive de Rome, Riccardo Di Segni, est intervenu au congrès dans le même sens, définissant la famille « une institution en échec », sur le modèle des situations familiales négatives présentées dans les premières pages de la Bible.

« C’est un paradoxe, a-t-il dit, mais dès la Genèse on nous montre des situations familiales négatives (Caïn et Abel; Joseph vendu par ses frères ; Esaü et Jacob et ainsi de suite). Pour le Grand rabbin, cela montre néanmoins que la famille est le lieu de la vie, où l’on se trompe, où les parents font des erreurs, mais que l’on ne peut vivre sans elle ».

Pour Riccardo di Segni, la crise que vit la famille n’est autre que la « transformation » d’un système fondé dès les origines sur la famille en un autre système « moderne » selon lequel « la famille patriarcale est devenue une famille mononucléaire; le taux de fécondité est descendu à 1,3 %; les femmes accouchent après 30 ans et il n’y a plus de mariages ».

Une crise de la famille qui donc porté à une crise économique qui « a mis sous pression le couple et même l’amour conjugal », a alors commenté Mgr Leuzzi, l’aumônier de la Chambre des députés.

« Si nous voulons ramener l’économie à son vrai rôle, a déclaré Mgr Leuzzi , à la fin de la conférence, si nous voulons dépasser cette idée que la société ne grandit que si l’on produit plus, nous devons récupérer l’amour conjugal, première communauté où l’homme apprend non seulement à produire, mais à construire ».

Salvatore Cernuzio
Traduction de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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