Irlande : maltraitances dans des instituts religieux

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Un rapport dénonce de nombreux abus

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ROME, Vendredi 22 mai 2009 (ZENIT.org) – Le rapport de la commission d’enquête sur les abus commis sur des mineurs a été rendu public, le 20 mai, en Irlande. En 2 600 pages, il dénonce les abus subis par de nombreux enfants accueillis par des structures financées par l’Etat et gérées en grande partie par l’Eglise catholique. 

Le rapport se fonde sur le témoignage des victimes et de ceux qui ont travaillé dans plus de 250 de ces institutions et soutient que les vexations et les viols ont été « endémiques », surtout dans les institutions pour garçons. 

« Un climat de peur, créé par des punitions excessives et arbitraires, enveloppait la plus grande partie des institutions dont toutes celles pour garçons. Les enfants vivaient dans la terreur quotidienne de ne pas savoir d’où proviendrait la première maltraitance », souligne le texte. 

Le rapport révèle que les inspecteurs du département pour l’éducation visitaient rarement les institutions, ils en avertissaient les responsables par avance et, en général, ne parlaient pas avec les enfants. 

« Les enfants n’étaient pas écoutés, ou on ne les croyait pas », dénonce le rapport. « Tout au plus, les coupables d’abus étaient renvoyés, mais rien n’était fait pour remédier au mal subi par l’enfant. Dans la pire des hypothèses, l’enfant était puni ou qualifié de pervers et donc durement puni ». 

La commission d’enquête sur les abus sur mineurs a été instituée le 23 mai 2000 avec trois fonctions principales : « Ecouter les déclarations d’abus de la part de personnes qui soutiennent avoir subi des abus pendant l’enfance dans les institutions depuis 1940 ou avant et jusqu’à aujourd’hui » ; « Conduire une enquête sur les abus sur mineurs dans les institutions au cours de cette période et, après avoir vérifié qu’il y en ait eu, en déterminer les causes, la nature, les circonstances et la portée » ; « Préparer et publier des rapports sur les résultats de l’enquête et sur ses recommandations pour répondre à de tels abus ». 

Les institutions auxquelles il est fait référence sont des écoles, des écoles professionnelles, des maisons de correction, des orphelinats, des maisons pour enfants et tout autre lieu où ceux qui prenaient soin des enfants n’étaient pas membres de leur famille. En tout, 30 000 enfants y ont été accueillis et les dernières institutions ont fermé leurs portes dans les années 1990. 

Dans le rapport, on parle d’« enfants » parce que les victimes ne devaient pas avoir plus de 18 ans à l’époque des faits. Le mandat de la commission concerne quatre types d’abus : physiques, sexuels, de négligence et psychologiques. 

Suite à la publication du rapport de la commission d’enquête, le cardinal Seán Brady, archevêque de Armagh et primat d’Irlande, a publié une déclaration dans laquelle il explique que le texte « fait la lumière sur une période sombre du passé » et qu’il est « un pas important pour établir la vérité, rendant justice aux victimes et donnant l’assurance que ces abus ne se reproduiront pas ». 

Le rapport, observe le cardinal, « montre qu’un grave tort a été fait et qu’une énorme souffrance a été causée à certains des enfants les plus vulnérables de notre société », en plus d’« attester une série honteuse de cruauté ». 

« Je suis profondément affligé et cela me fait honte que des enfants aient ainsi terriblement soufferts dans ces institutions », a déclaré le cardinal Seán Brady, soulignant que les enfants « méritaient bien mieux, et surtout de la part de ceux qui s’occupaient d’eux au nom de Jésus Christ ». 

« L’Eglise catholique reste déterminée à faire tout le nécessaire pour faire de l’Eglise un lieu sûr et joyeux pour les enfants », a-t-il ajouté. 

Pour sa part, l’archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, a confessé que les histoires d’abus, « dans de nombreux cas, sont écoeurantes » et que le courage des victimes qui ont raconté ce qui leur est arrivé est « admirable ». 

A ses yeux, toutes les organisations ecclésiastiques impliquées dans le rapport devraient examiner sérieusement « comment leurs idéaux ont été dévoyés à cause des abus systématiques ». 

« Ce n’est pas un rapport à mettre sur une étagère », a-t-il souligné. « C’est un vrai cri d’exhortation pour regarder la manière dont nous prenons soin de nos enfants. Si nous sommes vraiment affligés par ce qui est arrivé par le passé, nous devons nous engager pour un avenir vraiment différent ». 

Le rapport de la commission propose au gouvernement 21 manières de reconnaître les erreurs du passé, comme construire un mémorial permanent, fournir une assistance psychologique et d’instruction aux victimes, et améliorer les services irlandais pour la défense des mineurs.  

Le gouvernement d’Irlande a déjà financé un système de compensation qui a dédommagé 12 000 victimes d’abus, mais des centaines de personnes ont refusé ce financement et ont voulu mener leurs bourreaux devant les tribunaux.

Roberta Sciamplicotti – Mirko Testa

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ZENIT Staff

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