Irlande : L’Eglise doit « s’humilier » pour retrouver sa crédibilité

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Les convictions du cardinal Seán Brady après le scandale des abus

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ROME, Mercredi 17 février 2010 (ZENIT.org) – Après deux jours de rencontres avec Benoît XVI, les évêques de son pays et des représentants de la curie romaine, le cardinal Seán Brady, archevêque d’Armagh et primat d’Irlande, repartira convaincu d’une chose : que l’Eglise saura retrouver sa crédibilité, bien que cela ne sera pas facile et demandera du temps, mais surtout de «l’humiliation ».

Le cardinal Brady a fait part de cette conviction aux journalistes lors d’une rencontre organisée mardi après-midi dans les locaux de Radio Vatican, au terme du sommet épiscopal irlandais centré sur les cas d’abus sexuels commis par des prêtres, qu’il dit avoir trouvé plus intense et franc qu’un synode des évêques.

Le primat a fait savoir que les 24 évêques diocésains d’Irlande ont eu chacun l’occasion de prendre la parole. Dans une déclaration à ZENIT, il a dit ensuite avoir informé les évêques et le pape des événements survenus ces derniers mois dans l’Eglise d’Irlande, leur avoir donné quelque nouvelle positive, mais avoir surtout parlé du vécu des victimes et des personnes touchées par le scandale.

Le cardinal Brady a ensuite confié avoir été très touché par tout ce que leur ont dit les personnes rencontrées ces six dernières semaines, comme jeudi dernier, par exemple, lorsque 70 paroissiens lui ont dit «  être choqués »  et « honteux », et vouloir savoir «  comment tout cela a pu arriver ».

Entouré de quatre évêques irlandais, l’archevêque d’Armagh a déclaré devant les journalistes que les victimes et autres personnes touchées par ces abus estiment que l’Eglise a besoin de « s’humilier » pour pouvoir retrouver sa crédibilité. Pour cela, a-t-il ajouté, l’Eglise commence avec ce Carême une période de pénitence particulière.

Le cardinal a toutefois confié qu’il n’était pas en mesure de prévoir combien de temps prendrait ce processus.

« Je peux dire que nous déploierons tous les efforts possibles pour panser cette plaie et avec l’aide de Dieu nous y arriverons, en collaborant avec l’Etat et avec tous les fidèles qui nous aideront dans cette tâche, a-t-il souligné. Cela est très important pour l’avenir, car les enfants et les jeunes sont l’avenir de l’Église, et nous devons être sûrs qu’il sont en sécurité ».

Au cours de la rencontre, a-t-il déclaré, le pape a présenté aux évêques la première mouture d’une lettre adressée aux fidèles irlandais et qui sera publiée durant le carême. Les évêques, pour leur part, ont pu apporter quelques éléments au texte rédigé par le Saint-Père.

Les deux jours de travaux, a-t-il expliqué par ailleurs, n’ont pas porté sur les mesures concrètes que l’Eglise devra adopter en Irlande. Ces mesures seront en effet évoquées par l’épiscopat dans trois semaines, lors de son assemblée plénière.

Le cardinal Brady a admis les erreurs et les fautes dont se sont salis tant de pasteurs de l’Eglise irlandaise dans leur manière d’affronter ces cas d’abus sexuels dans son diocèse, mais il a expliqué que les prêtres et religieux dépendant de leurs supérieurs locaux, on ne saurait en attribuer la responsabilité au Saint-Siège.

« Le Saint-Père a suggéré quelques pistes à suivre pour gouverner l’Eglise, a expliqué le cardinal dans une déclaration à ZENIT : nous avons besoin d’une plus grande collaboration entre les diocèses et les religieux, entre les fidèles laïcs et les personnes ordonnées, et avant d’inventer de nouvelles structures, nous avons besoin d’exploiter au maximum les structures déjà existantes comme les conseils pastoraux paroissiaux, les conseils diocésains, etc. ».

« Nous devons préparer les personnes à comprendre que par leur baptême elles sont elles aussi responsables, aux côtés des hommes ordonnés, de l’avenir de l’Eglise », a poursuivi le cardinal.

Interrogé par des journalistes sur l’éventualité d’une rencontre du pape avec les victimes des abus commis par des prêtres, le cardinal a répondu : «  je ne sais pas. Cela dépendra de sa venue ou pas en Irlande. Ce qui est sûr c’est qu’il se rendra en Angleterre et en Ecosse à la fin de cette année. Nous savons qu’il a rencontré quelques victimes en Australie et aux Etats-Unis, et cela nous permet d’espérer que, s’il devait venir en Irlande, il pourrait rencontrer d’autres victimes ».

Pour le cardinal Brady il est important que l’Eglise en Irlande « renouvelle » sa foi, car la crise des abus sexuels est due aussi à une crise de la foi dans le pays, en particulier, parmi ses prêtres.

Et ceci, a-t-il expliqué, en termes « de foi, de prière, de charité. Ce ‘renouvellement’, nous devons le commencer demain, avec le début du Carême ».

Jesús Colina

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ZENIT Staff

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