Irak : Mgr Sako pense ne pas avoir été la cible de l'attentat

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Fusillade devant l’archevêché de Kirkouk

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ROME, vendredi 13 janvier 2012 (ZENIT.org) – « On ne s’attendait pas à un attentat, mais je ne crois pas que nous en étions la cible », a déclaré l’archevêque de Kirkouk des Chaldéens, au lendemain de l’attentat survenu la veille dans la ville, au nord de l’Irak, rapporte l’AED. Un diocèse qui a vu récemment la visite d’une délégation de l’Eglise de France, à l’initiative de Pax Christi, et avec L’Œuvre d’Orient.

Deux personnes ont ouvert le feu devant l’archevêché chaldéen de Kirkouk, mercredi dernier, 11 janvier. L’archevêque Mgr Louis Sako, se trouvait à l’intérieur au moment des faits, rentrant d’une visite à la paroisse de la Vierge Marie, en compagnie d’un prêtre.

Mgr Sako a déclaré à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), qu’il pensait que les terroristes ne voulaient pas frapper l’archevêché, parce que « s’ils avaient voulu le faire, ils auraient agi autrement ».

Il a confirmé que les terroristes ont tiré contre les gardes postés devant le bâtiment, mais que ces derniers ont riposté, aidés par des policiers stationnés à 100 mètres. Deux terroristes ont été tués, le troisième arrêté, indique la même source.

Des terroristes venus d’ailleurs

Mgr Sako pense aussi que les terroristes n’étaient pas de Kirkouk mais probablement de Bagdad, estimant que des personnes vivant sur place n’auraient jamais choisi une zone aussi bien protégée.

Il pense plutôt que les tirs étaient dirigés vers la maison voisine où habite un membre du Parlement central, mais il préfère attendre les résultats de l’enquête pour en savoir plus sur les raisons de cette attaque.

Quoiqu’il en soit, l’archevêque de Kirkouk a réaffirmé que la communauté chrétienne n’avait pas peur, qu’elle se sent soutenue et aimée de la population locale.

« Nous travaillons pour le dialogue et la paix et tous reconnaissent que l’Église est la seule à pouvoir constituer un pont entre les diverses couches de la société », a-t-il conclu.

Une délégation de Pax Christi

Mgr Louis Sako a récemment reçu la visite d’une délégation de l’Eglise de France. En effet, l’évêque du diocèse de Châlons en Champagne, Mgr Gilbert Louis, rentre d’Irak où il a séjourné du 29 décembre au 7 janvier, à l’invitation de Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi France, rapporte le site de « L’Œuvre d’Orient ».

« Il m’a proposé, témoigne Mgr Louis, de venir à la rencontre de la communauté chrétienne afin de la soutenir. Nous sommes également partis avec le père Pascal Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient, créée par des laïcs vers 1850 pour venir en aide en termes d’éducation, de santé, de pastorale, aux chrétiens d’Orient. Je suis donc passé de l’année 2011 à 2012 là-bas ».

Il raconte que ce voyage était inspiré par la volonté d’« écouter les chrétiens et les inciter à rester sur place ».

« A Kirkouk, nous étions satisfaits de voir 200 nouvelles maisons construites pour 200 familles qui se rassemblent pour vivre entre elles et exister. Mais dans certains villages du Kurdistan, il n’y a pas de travail donc pas d’avenir… », a-t-il précisé .

Dialogue interreligieux

Pour ce qui est de la rencontre avec Mgr Sako et des responsables musulmans, il témoigne : « Le 3 janvier au matin fut un grand moment de rencontre avec un imam sunnite, puis un imam chiite. Puis un cheik sunnite, puis un cheik chiite. Nous avons été bien reçus par tous. Mgr Sako est en contact permanent avec eux. Son mot d’ordre : être les uns avec les autres au service de tous, de par l’Évangile ».

La délégation a également rencontré l’Ambassadeur de France en Irak: « L’Ambassadeur était informé de notre venue et se doit de protéger ses ressortissants. Deux hommes nous attendaient à l’aéroport avec gilets pare-balles, écouteurs; l’un devant, l’autre derrière : nous étions de suite dans l’ambiance d’autant que nous avons traversé sept check-points entre l’aéroport et l’Évêché ».

Que les chrétiens ne disparaissent pas

Interrogé sur la « persécution » des chrétiens, il répond : « La notion de persécution me paraît trop forte. Disons que les chrétiens sont pris en tenaille entre les deux grands courants sunnites et chiites qui se combattent. Les sunnites étaient davantage protégés du temps de Saddam Hussein, et les chiites écartés ont désormais repris le pouvoir. Outre la présence de groupes violents qui ont été à l’origine d’attentats, les chrétiens sont utilisés en faveur des uns et des autres. De plus, de nombreux mouvements antichrétiens subsistent comme ceux qui furent à l’origine de l’attentat perpétré dans une cathédrale syriaque-catholique qui a fait 53 morts en novembre 2010 à Bagdad. Lors de la messe, les fidèles ont été tués, parmi lesquels deux jeunes prêtres, un bébé dans les bras de sa mère… »

« Aujourd’hui en Irak, confie l’évêque français, la diversité chrétienne est plus complexe que je ne l’imaginais avec les Chaldéens, les Syriaques, les Arméniens… Quoi qu’il en soit, à chaque attentat, les chrétiens ont tendance à fuir vers le nord (Kurde) ou encore à fuir le pays pour gagner les États-Unis, le Canada, la Suède, une dispersion est perceptible à travers le monde. Plus proche de nous, l’une des plus fortes communautés Chaldéennes se trouve à Sarcelles ».

« De ce séjour, je retiens des rencontres fortes avec les familles, beaucoup de souvenirs et d’espoir car les évêques luttent de toutes leurs forces afin que les chrétiens ne disparaissent pas de cette partie du monde où l’église est l’une des plus anciennes d’Orient », conclut Mgr Louis.

Isabelle Cousturié et Anita Bourdin

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ZENIT Staff

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