Intervention du card. Turkson sur le sida, en faveur des anti-rétroviraux

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Conférence de presse du 5 octobre 2009, Vatican

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ROME, Mardi 6 octobre 2009 (ZENIT.org) – L’intervention du cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, rapporteur du synode (Ghana), lors de la conférence de presse du début du synode, lundi 5 octobre, au Vatican, a été parfois interprétée comme une défense en faveur du préservatif, alors qu’il plaidait pour l’investissement de fonds internationaux pour les médicaments anti-rétroviraux.

Voici une traduction de l’intervention orale du cardinal Turkson, d’après le décryptage du son, en anglais, par Radio Vatican.

Réponse du card. Turkson à une question sur le sida:

La question du sida… Je crois qu’en Afrique, il y a énormément de scénarios différents pour ce qui concerne la question du sida. En Afrique du Sud, par exemple, la situation est tragique, très pressante, et c’est en général à cette situation qu’on se réfère, quand on parle du sida. J’en ai personnellement fait l’expérience au Botswana où j’ai passé du temps, et j’ai constaté, presque chaque fin de semaine, la mort de 4 ou 5 personnes, jeunes ou non.

C’est comme si… Cela dissipe la force de travail du pays et donne un effet négatif. A propos du traitement, je pense qu’il y a en réalité deux traitements essentiels… Voilà ce que je pense. Etant donné que l’on a découvert les anti-rétroviraux, il faut, pour arrêter la diffusion du sida, soit utiliser les anti-rétroviraux, soit utiliser le préservatif, à moins que l’on ne choisisse l’abstinence, la fidélité des partenaires et ce genre de chose.

Vous savez… pour ma part… nous avons appris au Ghana – nous n’avons pas fait de recherches globales et approfondies sur ce sujet, mais les quelques informations que nous recueillons dans nos hôpitaux, parce qu’au Ghana l’Eglise catholique est petite, à peu près 30 % des institutions de santé du pays ; aux côtés du gouvernement, nous avons fourni le plus grand nombre d’accès aux soins de santé – d’après cette petite enquête, nous avons donc découvert dans nos hôpitaux, que lorsque l’on propose l’utilisation du préservatif, celui-ci ne devient efficace que dans les familles qui prennent aussi la résolution de la fidélité.

L’usage ordinaire du préservatif seulement pour arrêter le sida, n’est pas un recours donné, apprécié, dans notre cas. Les jeunes ont recours au préservatif, seulement lorsque cela s’accompagne de la fidélité, dans le cas où l’un des partenaires souffre lui-même du sida. Lorsque c’est le cas, parlons-en franchement ici : nous parlons du produit d’une usine, et il y a différentes qualités. Il y a des préservatifs qui arrivent au Ghana et qui, à cause de la chaleur, éclatent durent l’acte sexuel, et lorsque c’est le cas, ils donnent aux pauvres un faux sentiment de sécurité qui favorise au contraire la diffusion du sida. Et lorsque c’est le cas, on rechigne à en parler, même dans le cas de relations conjugales vécues dans la fidélité.

Mais cependant notre préoccupation première et notre priorité sont telles, que la première chose dont nous allons parler sera probablement la suivante : l’abstinence, la loyauté et la fidélité, et le renoncement aux relations sexuelles lorsque ce n’est pas le cas.

Et, comme je l’ai un jour suggéré à quelqu’un : si quelqu’un venait à moi avec le sida, et voulait mon point de vue, je sais que dans tout conseil pastoral le pasteur ne doit jamais décider ce qu’une personne doit faire. C’est la même chose dans les situations de conseil psychologique : vous devez exposer les choses, en discuter, et laisser la personne décider, prendre sa propre décision. Et lorsque c’est le cas, je ne sous-évaluerais pas la possibilité qu’une personne qui a le Sida, reconnaissant son engagement chrétien, décide simplement de renoncer au sexe. Je n’en ai pas rencontré beaucoup, mais j’en ai rencontré quelques uns. Des chrétiens et des catholiques qui ont reconnu qu’ils avaient le sida et qui ont renoncé, ou refusé [des relations sexuelles] à cause de la peur de le diffuser.

Dans une telle situation, certains auraient conseillé l’usage du préservatif par le partenaire qui a le sida de façon à ne pas le diffuser. Mais, encore une fois, dans notre région du monde, même l’usage du préservatif est parfois risqué: risqué dans le sens où nous avons des cas de préservatifs qui ont éclaté durant les relations sexuelles, et ce sont les gens eux-mêmes qui sont venus en parler, sinon nous ne l’aurions pas su dans nos hôpitaux. Donc, puisque c’est le cas, si nous avions procuré des préservatifs de très bonne qualité, personne ne pourrait probablement parler de cela avec certitude, mais ce n’est pas non plus le cas.

Ainsi, fondamentalement, je crois que si la somme des ressources qui sont disponibles pour la production des préservatifs étaient dépensées pour subventionner les médicaments antirétroviraux, nous serions plus heureux en Afrique, parce que nous pourrions disposer de ces médicaments anti-rétroviraux. Les ressources pour produire des préservatifs pour notre usage existent ; les gens diraient probablement, comme moi, je pense, si on me demandait mon avis : utilisons ces ressources pour soutenir la production de médicaments anti-retroviraux de façon à ce qu’ils puissent être plus accessibles pour les gens. Actuellement, ils ne sont pas disponibles pour beaucoup, à cause de leur coût. Ainsi, si vous avez la possibilité d’abattre les coûts, c’est probablement le plus grand service que nous puissions rendre aux personnes qui souffrent du sida.

Traduit de l’anglais par Zenit

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ZENIT Staff

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