Indonésie/Moluques : Nouveaux heurts meurtriers à Amboine et Buru

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Alors que la tension semblait avoir diminué

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ROME, Mardi 13 novembre 2001 (ZENIT.org) – De nouveaux heurts meurtriers se sont produits dans les Moluques, à Amboine et sur l’île de Buru, alors que, ces derniers mois, la tension entre communautés chrétienne et musulmane allait décroissant, annonce l´agence Eglises d´Asie (http://www.eglasie.org). Une recrudescence due, estiment des observateurs à un discours radiodiffusé et particulièrement virulent prononcé le 23 octobre, à Amboine, dans la mosquée Al Fatah, par un responsable islamiste.

Depuis le mois de juin 2001, date des derniers incidents sanglants aux Moluques (cf. EDA 334), précise EDA dans un article à paraître dans l´édition du 16 novembre de la revue des Missions étrangères de Paris, le calme revenait peu à peu dans cette région de l’Indonésie où, depuis janvier 1999, les communautés chrétienne et musulmane s’opposent violemment et où l’arrivée de « combattants musulmans de la guerre sainte », membres du Laskar Jihad, il y a un an environ a relancé les hostilités.

A la fin du mois d’octobre dernier, des rencontres avaient même été organisées à Malang, ville située à Java-Est, entre représentants d’institutions éducatives, tant chrétiennes que musulmanes, afin d’explorer les voies menant à la réconciliation. Ces derniers quinze jours, des attaques meurtrières se sont produites sur l’île de Buru, île située à l’ouest d’Amboine, ainsi que dans la ville même d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques.

Les observateurs notent que ces attaques, survenant dans un climat général d’accalmie aux Moluques, se sont produites quelques jours après que Ja’far Umar Thalib, leader des Laskar Jihad (cf. ci-dessous), a prononcé le vendredi 23 octobre un discours radiodiffusé et particulièrement virulent à Amboine, dans la mosquée Al Fatah, la plus grande des mosquées des Moluques. Il a dénoncé les musulmans soutenant la réconciliation et annoncé la poursuite des hostilités jusqu’à la fête de l’Id-al-Fitr, qui marque la fin du ramadan.

Le 1er novembre dernier, le village, très majoritairement chrétien, de Waemulang, peuplé d’un millier de personnes et situé sur la côte sud de l’île de Buru, a été attaqué par environ 500 personnes. L’attaque a fait quatre morts parmi les habitants : trois tués par balles et le quatrième brûlé vif dans l’église du village.

D’après des témoignages recueillis sur place, l’attaque a commencé entre 6 et 7 heures du matin, une dizaine d’embarcations légères attaquant par la mer (au sud), le gros des troupes arrivant par voie terrestre, à l’ouest, au nord et à l’est. Les assaillants, vêtus de noir ou en treillis militaires, visages masqués, ont utilisé des armes automatiques et au moins deux mitrailleuses. Selon les habitants, la technique d’attaque utilisée – encerclement puis progression en deux groupes, l’un couvrant l’autre – est typiquement une technique militaire. Il semble que l’objectif premier des assaillants était de terroriser et de piller plutôt que de tuer, les habitants ayant eu la possibilité de s’enfuir dans un marais situé à l’est du village. Plus de 150 habitations ont été détruites et pillées et toutes les maisons ont perdu leur toit.

D’après le témoignage des villageois, des militaires, au moins deux d’entre eux, appartenant au bataillon de l’armée de terre 731, basé à Buru, ont été reconnus parmi les assaillants. Outre ce fait, les villageois reprochent l´attitude du détachement de l’armée stationné dans leur village et chargé de les protéger. Selon eux, ces militaires, au nombre d’une dizaine, se sont soit enfuis soit rendus sans opposer de résistance. Ils s’étonnent également du fait que le mouvement de 500 personnes, manifestement animées de sentiments peu pacifiques, a échappé à la vigilance des services de renseignement de l’armée. Enfin, ils estiment que l’attitude de l’armée laisse également à désirer quant à l’organisation des secours : il a fallu attendre le 5 novembre avant que des renforts militaires ne parviennent à Waemulang, en même temps que l’aide humanitaire envoyée par les Eglises protestantes locales.

Située à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Amboine, Buru est connue pour avoir « abrité », entre les années 1960 et 1970, des personnes suspectées de communisme après la tentative de coup d´Etat de 1965. Sa population est aujourd’hui de 110 000 habitants environ. Buru a été le théâtre d’affrontements violents et répétés entre décembre 2000 et juin 2001. Le village de Waemulang a été attaqué – sans succès – les 1er et 22 mars 2001 ; à cette époque, il n’y avait que deux policiers sur place, mais les attaquants, quoique plus nombreux que lors de l’attaque du 1er novembre, ne disposaient alors que d’armes artisanales.

Par ailleurs, le 12 novembre dernier, deux personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées lors de l’explosion de deux bombes distinctes dans la ville d’Amboine. Selon l’agence de presse indonésienne, Antara, une bombe a explosé à l’intérieur d’un magasin d’appareillage électrique situé dans le centre de la ville, tuant sur le coup le propriétaire du magasin et blessant 14 personnes ; le fils du propriétaire est décédé à l’hôpital des suites de ses blessures. Un peu plus tard, deux hommes circulant à moto ont lancé une bombe artisanale à l’intérieur d’un camion transportant sept personnes, dont plusieurs militaires. Le chauffeur du camion ayant eu le réflexe de rejeter l’engin, l’explosion s’est produite sur le trottoir et a blessé un enfant, élève d’une école secondaire. L’incident s’est produit dans le quartier de Batumerah et les habitants, pensant que la bombe avait été lancée du camion, lui ont donné l’assaut, blessant cinq de ses occupants, avant d’y mettre le feu.

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ZENIT Staff

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