Indonésie : Aceh dans l’après-tsunami, un espoir pour Haïti

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ROME, Jeudi 11 Février 2010 (ZENIT.org) -Du mal peut naître un bien. D’une tragédie, un espoir et une nouvelle vie. Tel est le message que Aceh, province de l’extrême nord de l’île de Sumatra, détruite par le tsunami en 2004, lance à Haïti, touchée par un violent séisme le 12 janvier dernier. Selon les chiffres officiels, Haïti déplore 112 000 morts, 196 000 blessés et deux millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire de base, parmi lesquelles 200 000 orphelins, a rapporté « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP), le 10 février.

A Aceh, le tsunami de décembre 2004 avait dévasté la bande côtière, faisant 160 000 morts et 500 000 réfugiés, rasant au sol des villes et des villages entiers. Aceh était alors qualifiée de « province rebelle » du fait des affrontements militaires très durs entre un mouvement séparatiste local, le GAM, et les forces armées gouvernementales. Bastion d’un islam rigoriste, Aceh était, en outre, la seule province du pays où la charia était en vigueur – et ce depuis 2002.

Cinq ans après la catastrophe, Banda Aceh, chef-lieu de la province, est aujourd’hui le symbole du « triomphe sur le tsunami », un lieu où la qualité de la vie est élevée, où l’harmonie interreligieuse est une réalité et où « il y a eu une renaissance qui apporte de l’espoir au monde entier, notamment à la population d’Haïti », a déclaré à l’agence Fides Mgr Antonius Sinaga, archevêque catholique de Medan, la principale ville de Sumatra-Nord (1). Le tsunami a donné l’impulsion pour un nouveau départ.

Selon Mgr Sinaga, « la population est aujourd’hui très ouverte, humainement et socialement. Banda Aceh est devenue une ville internationale et, depuis la tragédie du tsunami, est née une ville socialement très diverse. La population est très reconnaissante pour les aides arrivées de l’étranger, surtout des Etats-Unis et des pays européens, appelés ‘pays chrétiens’, qui ont permis de reconstruire plus de 140 000 maisons ». Grâce aux aides apportées pour une valeur totale de plus de 6,7 milliards de dollars, on a aussi reconstruit 1 700 écoles, 996 édifices publics, 36 aéroports et ports, 3 800 mosquées, 363 ponts, et plus de 20 000 kilomètres de routes. « On comprend pourquoi aujourd’hui les chrétiens des pays donateurs sont appelés amis ou même frères », note l’archevêque.

« L’amélioration est sensible : la ville est pacifiée à tous les niveaux. Il n’y a pas de tension sociale, ni interreligieuse, et le climat politique est très favorable. Le bien-être social et économique est plus élevé que dans d’autres régions de Sumatra », continue le prélat. Les chrétiens, qui forment une toute petite minorité dans la province d’Aceh, vivent librement et en toute tranquillité. « L’Eglise catholique a instauré un excellent rapport avec le gouvernement et les autorités civiles, dans un climat de dialogue serein. De même, les relations avec les chefs musulmans locaux sont plus que bonnes », dit encore l’archevêque, qui se montre rassurant aussi sur un autre point : la charia. « La loi islamique, en vigueur dans la province, ne représente pas un problème : les autorités, les médias, les tribunaux répètent qu’elle s’applique uniquement aux musulmans et que les croyants des autres religions peuvent vivre librement. Il faut dire que c’est très clair au niveau officiel, mais, au niveau populaire – surtout dans les villages reculés et culturellement traditionalistes, qui n’ont pas été en contact avec la modernité -, la situation est plus difficile et il y a des restrictions qui parfois causent des problèmes à la population. »

C’est pourquoi certains groupes de défense des droits de l’homme, comme l’ONG indonésienne Kontras, ont dénoncé « la violation des droits de l’homme et de la législation indonésienne elle-même dans l’application des punitions prévues par la charia ». « Malgré tout, dans l’ensemble, les conditions sociales de la population et des chrétiens (4 000 fidèles sur 3,5 millions d’habitants à Aceh) se sont considérablement améliorées », note l’archevêque, et les perspectives sont bonnes. Certes, l’Eglise catholique n’est pas encore autorisée à créer de nouvelles œuvres sociales, comme des écoles et des hôpitaux, mais l’espoir augmente. Concernant le projet d’ouvrir une clinique catholique à Aceh, le gouverneur a déclaré soutenir ce projet, mais qu’il pensait le renvoyer à un moment où le climat culturel et social à Aceh le permettrait. « Je crois que ce moment approche », conclut Mgr Sinaga.

 

(1)           Fides, 9 février 2010.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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