Inde : La délégation européenne autorisée à pénétrer au Kandhamal

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Le transfert des pouvoirs en question

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ROME, Lundi 1er février 2010 (ZENIT.org) – Dans l’Etat indien de l’Orissa, la délégation européenne chargée d’enquêter sur la situation au Kandhamal est enfin autorisée par un gouvernement réticent à pénétrer dans le district, annonce « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).  

Jeudi 28 janvier, le ministère de l’intérieur de l’Orissa annonçait que les membres de la délégation européenne qui devaient effectuer une mission d’évaluation au Kandhamal pourraient se rendre dans le district la semaine suivante, vers le 3 ou 4 février.

La plupart des médias indiens se sont fait largement l’écho de cette soudaine volte-face des autorités de cet Etat du nord-est de l’Inde, qui la veille, mercredi 27 janvier, avait subitement refusé aux diplomates la visite de quatre jours prévue dans le district du Kandhamal, proposant à la place celle de Bhubaneswar, capitale de l’Etat. La délégation européenne n’avait pas caché son indignation et avait immédiatement déclaré qu’elle annulait sa mission.  

En interdisant l’accès au district du Kandhamal, épicentre des violences de 2008 (1), le gouvernement de l’Orissa ne faisait que jeter le discrédit sur les affirmation qu’il ne cessait de répéter depuis des mois, à savoir que la paix était revenue dans le district, que la situation était sous contrôle et qu’il n’y avait rien a cacher, n’ont pas manqué de souligner les médias ainsi que les responsables de l’Eglise catholique.  

« Le gouvernement était peu enthousiaste à l’idée que des étrangers visitent le Kandhamal, parce qu’il décrivait une situation idyllique, racontant au monde entier que tout était revenu à la normale, les victimes rentrées chez elles et que justice leur avait été rendue (…) La vérité risque d’écorner cette belle image », explique le P. Ajay Singh, à la tête du service social de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar   

Il était notoire que cette visite, négociée de longue date (plus d’un an de tractations avec le gouvernement fédéral), inquiétait fortement le gouvernement de l’Orissa. Le 18 janvier dernier, Christian Today, un média chrétien d’information, rapportait que les autorités vidaient de force les camps où se trouvaient encore des milliers de réfugiés, en prévision de l’arrivée de  la délégation. Selon des sources locales, les réfugiés avaient été dispersés, sans pouvoir pour autant rentrer dans leurs villages, où ils sont toujours menacés de mort par les hindouistes qui y circulent librement, sans être inquiétés par la police locale.  

Le gouvernement de l’Orissa, qui ne fait pas mystère d’être revenu sur son interdiction à l’encontre de la mission européenne sous la pression du gouvernement fédéral, a cependant souligné que son autorisation était soumise à de nouvelles conditions : la délégation de l’Union Européenne « sera autorisée à s’entretenir avec la population, mais ne pourra effectuer le travail d’une mission d’enquête. (…) Elle ne devra ni publier de rapport ni parler aux médias de ses conclusions ». C’est ce que le ministre de l’intérieur a déclaré à la presse le 27 janvier 2010, ajoutant que les diplomates pourraient visiter les villages, assister aux procès des responsables des violences, mais tenir les autorités au courant de tous leurs déplacements, des lieux où ils voudraient se rendre et des personnes qu’ils voudraient rencontrer, « pour des raisons de sécurité ».   

La dizaine de membres de l’équipe diplomatique, menée par Ramon Moreno, ministre-conseiller à l’ambassade d’Espagne à New Delhi, devait à l’origine effectuer une mission d’évaluation de la réhabilitation des victimes ainsi que du bon fonctionnement des tribunaux chargés de sanctionner les responsables des violences de 2008. Selon le gouvernement de l’Orissa, les représentants de l’Union européenne n’ont plus pour mission que « d’évaluer sur le terrain la situation socio-économique du Kandhamal».  

L’Eglise cependant a souligné le soulagement des chrétiens de voir maintenue la visite, malgré les conditions imposées par le gouvernement. Le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, a déclaré que les chrétiens du Kandhamal se réjouissaient que la communauté internationale montre ainsi qu’elle ne les avait pas oubliés. Il a ajouté que la visite de la délégation ne pourrait qu’« avoir un impact important et positif en ce qui concernait la vision des droits de l’homme et de la liberté religieuse en Inde » en raison des liens que le pays entretient avec l’Union européenne, qui est son principal partenaire commercial et son premier investisseur étranger.   

En novembre dernier, des représentants de cinq pays de l’Union européenne s’étaient rendus en Orissa mais n’avaient pu obtenir l’autorisation d’entrer au Kandhamal. Ils avaient cependant pu rencontrer Mgr Cheenath et entendre une douzaine de victimes des violences que l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar avait réussi à faire venir dans sa résidence. 

(1)  Selon les sources disponibles, les violences en Orissa ont fait plus d’une centaine de morts, et près de 50 000 déplacés. Des centaines de maisons et d’édifices religieux sont à reconstruire. Voir EDA 490, 491, 492, 493, 494, 495, 496, 498, 499, 506

(2)  Ucanews, 29 janvier 2010, 28 janvier 2010, 20 janvier 2010, 18 novembre 2009 ; OrissaTV, 27 janvier 2010, Chennaionline TV, 28 janvier 2010 ;  Christian Today, 18 janvier 2010, 

©  Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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