Inde/Kerala: Un prêtre en prison pour avoir défendu les droits des paysans

Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Mercredi 11 décembre 2002 (ZENIT.org) – Un prêtre catholique du Kerala a été jeté en prison pour avoir défendu les droits des paysans de la région, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie, dans le bulletin du 1er décembre (EDA, cf. eglasie.mepasie.org), N°364.

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Un prêtre catholique, le P. Mathiew Vadakkemuri, a été incarcéré par la police, le 7 novembre dernier, pour « avoir fait de l’obstruction » à un ministre de l’Etat du Kerala, en réalité pour avoir défendu les droits des paysans de la région. La veille, en compagnie de quelques militants ruraux du « Mouvement des paysans indiens » (Infam), dont lui-même est aumônier, il avait manifesté devant les bureaux du ministère de l’Agriculture à Thiruvananthapuram.

Selon des responsables du bureau de l’Infam, le 5 novembre, le prêtre et six représentants du mouvement s’étaient présentés en délégation devant les locaux du ministère et avaient demander à rencontrer le ministre pour que soit immédiatement débloquée la somme d’argent due par le gouvernement à l’organisation paysanne. Celle-ci qui regroupe un certain nombre de coopératives paysannes de la région se chargeait, elle-même, d’exporter directement la gomme résineuse recueillie par les paysans vers les acheteurs étrangers sans passer par des intermédiaires habituels beaucoup trop onéreux. Cette initiative avait été approuvée par le gouvernement qui avait annoncé qu’il aiderait les paysans touchés par la baisse des prix des produits agricoles. Cependant les promesses n’ont pas été tenues.

Au moment des faits, les subsides gouvernementaux non payés à l’organisation paysanne représentaient une somme de 4,1 millions de roupies (85 400 euros). Depuis des mois, l’association paysanne avait envoyé au gouvernement de nombreuses requêtes réclamant le déblocage de la somme due afin de pouvoir la distribuer aux paysans. Le gouvernement est resté sans réaction et lors de la rencontre avec la délégation, le 5 novembre, le ministre de l’agriculture lui-même avait opposé un refus à la demande. Le lendemain, le prêtre et les membres du mouvement revinrent sur les lieux et s’y installèrent pour protester contre la mauvaise volonté gouvernementale. La police chargea alors contre les manifestants, les arrêta et les conduisit en prison, sous le prétexte qu’ils faisaient obstruction au travail officiel du ministère.

Cet emprisonnement qui a beaucoup choqué la population a fait dire à un membre de l’Infam : « Ceci va contre toutes les traditions démocratiques : la police les a interné sans raison et sans qu’il y ait eu de faute connue ! » Un prêtre de la région a ajouté : « Le P. Vadakkemuri a été arrêté sans qu’il y ait eu la moindre provocation. Est-ce un crime que de plaider pour les droits des paysans ? » Les syndicats paysans et des groupes de militants sociaux ont menacé de lancer un mouvement de protestation illimité devant tous les bureaux gouvernementaux du Kerala tant que le P. Vadakkemuri et les représentant de l’Infam ne seront pas libérés.

Le bureau du ministère a publié un communiqué dans la soirée du 7 novembre affirmant que les manifestants avaient été placés sous surveillance pour avoir eu un comportement délictueux à l’égard du ministre, en oubliant de préciser de quel délit il s’agissait. L’archevêque de Tellicherry, Mgr George Valiamattam, qui est le responsable suprême de l’association Infam, a qualifié les arrestations de regrettables incidents. Il a déclaré que l’association luttait légitimement pour les droits des paysans, durement affectés par la baisse des prix de leurs produits. Il a jugé scandaleuse l’attitude d’un gouvernement qui, au lieu de chercher à régler les problèmes paysans, ne songe qu’à persécuter les responsables de l’association qui les défend.

Pour la plupart, les quelque six millions de chrétiens de l’Etat du Kerala vivent du travail de la terre, en particulier de la culture de la gomme résineuse, de la noix de coco, du poivre noir, du thé et de la cardamome. Mais depuis la libéralisation complète du marché en 1991, les prix de ces produits ont littéralement plongé.
© EDA

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel