Inde : Jeûne et chaîne humaine de protestation contre les violences

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Trois jours d’action pacifique à Calcutta

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ROME, Mardi 25 novembre 2008 (ZENIT.org) – A Calcutta, des milliers de personnes ont observé trois jours de jeûne et formé une chaîne humaine afin de protester contre les violences antichrétiennes, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA).

A Calcutta, le 16 novembre dernier, des milliers de chrétiens, hindous et musulmans ont interrompu pendant dix minutes la circulation dans les rues encombrées de la capitale du Bengale, en formant une gigantesque chaîne humaine. Cette manifestation clôturait un jeûne de trois jours (du 14 au 16 novembre), organisé, sous l’égide de l’archidiocèse de Calcutta, par une quarantaine de groupes locaux. S’étendant sur 1,5 km de long, la chaîne fraternelle unissait plus de 5 000 personnes, dont des évêques catholiques et protestants, des membres du Parlement, des chrétiens de toutes confessions, des musulmans, des hindous et des sikhs.

Après plus de deux mois de violences antichrétiennes, lesquelles ont débuté fin août en Orissa (1), cette manifestation pacifique se voulait un soutien visible aux chrétiens persécutés mais aussi une protestation, afin de faire prendre conscience de l’intensification de l’intolérance religieuse dans le pays. Le P. George Pattery, supérieur des jésuites de la province de Calcutta et organisateur de l’événement, a qualifié l’opération d’« immense succès ». Quant à l’ancien archevêque de Calcutta, Mgr Henry Sebastian D’Souza (2), il a souligné auprès de l’agence Ucanews que beaucoup de personnes avaient fait de « grands sacrifices » pour jeûner et manifester leur engagement « afin que leur pays puisse vivre dans la paix et l’harmonie ».

Parmi les autres évêques qui formaient la chaîne, on pouvait remarquer la présence de Mgr Cyprian Monis, évêque d’Asansol, Mgr Thomas D’ Souza, évêque de Bagdogra, mais aussi des prélats de l’Eglise protestante de l’Inde du Nord (3), Mgr Ashok Biswas, évêque de Calcutta, et son prédécesseur Mgr P. S. P. Raju. La supérieure des Missionnaires de la Charité, Sœur Nirmala Joshi, a également participé à la manifestation.

La réponse des gens a « été tout simplement incroyable », s’enthousiasme Sunil Lucas, secrétaire du comité d’organisation et président de SIGNIS  (4) : « On n’a jamais vu à Calcutta des chrétiens réunis en aussi grand nombre en public. » Il ajoute que les organisateurs avaient reçu un soutien « sans réserve » de l’administration comme du gouvernement de l’Etat pour la manifestation.

Selon Sr Christine Coutinho, religieuse de l’Institut de la Vierge Marie (5), qui s’est occupée des inscriptions pour le jeûne et la chaîne humaine, plus de 10 000 personnes ont participé aux trois jours de jeûne. Environ 25 % étaient hindous, musulmans ou sikhs, précise-t-elle, les femmes en plus grand nombre que les hommes, comme pour la chaîne humaine. Le jeûne s’est tenu dans les couloirs du métro de Calcutta où environ 1 500 personnes se tenaient à partir de 9 heures du matin. Au-dessus d’une estrade, on pouvait lire : « Pour que notre pays renaisse des ténèbres de la violence à la lumière de la liberté, protestons contre le règne de la terreur ! »

A droite de l’estrade, une banderole avait été fixée, avec des photos de Rajni Majhi, femme hindoue qui a été brûlée vive en Orissa, et du P. Bernard Digal, prêtre de l’Orissa qui a succombé à ses blessures le 28 octobre dernier (6). Une légende indiquait : « A la mémoire des 59 personnes qui ont été les martyrs d’une violence absurde en Orissa, depuis août 2008. » L’inspecteur de police Bhaskar Majumdar, qui était en charge de la sécurité lors du jeûne collectif, a déclaré à Ucanews qu’il avait été fortement impressionné par le calme et la dignité qui avaient présidé à la manifestation.

Les étudiants du Morning Star College, séminaire interdiocésain, prenaient le relais du jeûne à la nuit tombée. Les deux premiers jours, les séminaristes et religieux présents (plus d’une centaine) ont récité à genoux le ‘Chapelet de la Miséricorde divine’ pour les victimes de l’intolérance religieuse. Dorothy Das, 37 ans, jeune femme catholique, raconte que toutes les personnes de sa paroisse étaient volontaires pour jeûner quand le curé l’a proposé en chaire et qu’elle a pris un jour de congé pour se joindre à eux le 14 novembre.

(1)            Au sujet de la vague de violence hindouiste exercée contre les chrétiens depuis l’assassinat du Swami Laxmanananda Saraswati le 23 août 2008, voir EDA 490, 491, 492, 493, 494, 495.

(2)            L’actuel archevêque de l’archidiocèse de Calcutta est Mgr Lucas Sirkar.

(3)            L’Eglise de l’Inde du Nord a été créée en 1970, à partir d’un regroupement de différentes Eglises protestantes. Elle comprend aujourd’hui environ 3 000 communautés rattachées en une vingtaine de diocèses.

(4)            SIGNIS, reconnue comme organisation catholique pour la communication par le Vatican, compte des membres dans 140 pays. Créée en 2001, elle regroupe des professionnels des medias chrétiens. Voir EDA 449.

(5)            Les religieuses de l’Institut de la Vierge Marie (IBVM) sont plus communément appelées les Sœurs de Lorette, ordre très présent en Inde, auquel appartenait Mère Teresa avant de fonder les Missionnaires de la Charité.

(6)            Voir à ce sujet EDA 491, 495.

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ZENIT Staff

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