Inauguration de l’exposition sur L’Osservatore Romano : Discours du cardinal Bertone

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ROME, Vendredi 27 octobre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d’Etat, a prononcé lors de la cérémonie d’inauguration de l’exposition « L’Osservatore Romano : de Rome au monde. 145 années d’histoire à travers les pages du journal du pape », organisée au Palazzo Valentini, Siège de la Province de Rome.

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Monsieur le Président de la Province de Rome,
Illustres membres de la Junte et du Conseil provincial,
Eminences, Excellences,
Monsieur le Directeur de L’Osservatore Romano,
Eminentes Autorités présentes,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de prendre part à la manifestation significative d’aujourd’hui, qui souligne la collaboration entre l’Administration de la Province de Rome et le Saint-Siège, et je remercie de l’opportunité qui m’est offerte d’adresser la parole aux personnes présentes. Je suis en premier lieu reconnaissant au Président, M. Enrico Gasbarra, qui nous accueille. J’ai écouté avec attention son discours de bienvenue, ainsi que l’intervention du Professeur Mario Agnes, Directeur de L’Osservatore Romano. Et c’est précisément les 145 ans d’histoire de ce journal qu’entend commémorer l’intéressante exposition qui est inaugurée aujourd’hui. Comment ne pas reconnaître le mérite de ceux qui l’ont conçue, organisée et mise en place? J’exprime à tous ma satisfaction et mes félicitations.

A ce propos, il est important de remarquer qu’un tel événement se déroule dans un Palais des Institutions civiques de Rome. Comme les temps ont changé depuis que, sur l’initiative et grâce à la passion des avocats Nicolas Zanchini de Forlí et Giuseppe Bastia de Bologne, naquit L’Osservatore Romano, dans un climat d’opposition et de défi ouvert entre les responsables du Risorgimento italien et les partisans de la nécessité de l’Etat pontifical! Créé pour défendre la religion catholique et le Pontife Romain, le quotidien devint ensuite l’organe officieux du Siège apostolique qui, ayant compris sa valeur, le transforma en instrument pour la diffusion des enseignements du Successeur de Pierre et pour l’information concernant les événements de l’Eglise. En outre, on ne peut que souligner que l’on doit à quelques fidèles laïcs, animés par une profonde motivation missionnaire, que ce journal ait pu faire ses premiers pas et commencer avec courage son activité, en présentant le visage authentique de l’Eglise et les idéaux de liberté que celle-ci propose et incarne. Cent quarante-cinq ans se sont écoulés depuis lors: cette exposition embrasse une période de temps assez longue, en portant à juste titre un regard plus approfondi sur les événements de notre époque. La succession des événements historiques montre que l’Eglise, par le passé comme aujourd’hui, pour diffuser le message évangélique à tous les niveaux de la société, pour promouvoir et défendre les idéaux de la liberté authentique, de la vérité, de la justice et de la charité, a besoin du travail, de l’inventivité et du charisme des laïcs. Dans le parcours retracé par cette exposition à travers l’histoire du journal, nous pouvons donc re-parcourir tout le chemin de l’Eglise, qui au cours de cette période a toujours cherché à diffuser l’Evangile et à défendre la valeur de l’homme et le caractère intangible de sa dignité et de ses droits.

Tout cela est documenté par l’exposition, en nous familiarisant avec l’action pastorale de onze Pontifes. Le bienheureux Pie IX, qui donna son assentiment à la naissance de L’Osservatore Romano; le long et complexe pontificat de Léon XIII, avec les profonds changements sociaux de cette période; saint Pie X, le curé du monde, le Pape des grandes réformes effectuées au sein de l’Eglise; Benoît XV, celui qui promulgua le plus grand recueil de lois ecclésiastiques, et qui précisément sur le journal du Vatican publia une Note aux Chefs des peuples belligérantspleine d’inquiétude; Pie XI, qui condamna les totalitarismes de toute orientation politique, ainsi que le fit son successeur, le serviteur de Dieu Pie XII. N’oublions pas que, précisément au cours de la deuxième Guerre mondiale, L’Osservatore Romano fut l’une des seules voix libres (en particulier avec les célèbres «Acta diurna») et documenta l’importante œuvre humanitaire promue par Pie XII et par le Saint-Siège! L’Osservatore Romano décrivit ensuite le printemps qui fleurit dans l’Eglise grâce à l’œuvre du bienheureux Jean XXIII et le souffle du Concile Vatican II. Le quotidien du Siège apostolique se fit le fidèle interprète de cet événement ecclésial exceptionnel, ainsi que de l’action sage et providentielle du serviteur de Dieu Paul VI, qui guida l’Eglise au cours de la période conciliaire et pendant les années difficiles de l’après-Concile. De Paul VI, nous ne pouvons que rappeler l’appel puissant et pressant en faveur de la libération d’Aldo Moro et les paroles émouvantes prononcées à ses funérailles: «Je m’adresse à vous, hommes des Brigades rouges…». Le Pape Montini blessé dans son cœur, mais non plié dans la force de la foi, indiqua à la nation italienne la voie du pardon, de la réconciliation et du renoncement à toute violence comme unique voie pour la pacification de notre pays. L’Osservatore Romano s’est fait l’interprète du bref pontificat du serviteur de Dieu Jean-Paul Ier et, lors des années plus proches de nous, du dialogue renouvelé du Saint-Siège avec le monde, qui a caractérisé le long pontificat du serviteur de Dieu Jean-Paul II. Il en a suivi l’activité quotidienne, les multiples initiatives qu’il prit et les voyages apostoliques, qui ont marqué une nouvelle phase dans l’histoire de la papauté et de l’Eglise. Le quotidien du Vatican nous fait enfin parvenir aux événements de notre époque, à travers lesquels l’Eglise avance en étant guidée avec sagesse par Benoît XVI. Il serait intéressant d’analyser la diffusion et l’influence de L’Osservatore Romano dans les régions du monde et dans les milieux sociopolitiques et culturels les plus disparates, ainsi que dans les villages et les familles plus simples et fidèles au Pape. Je me rappelle, par exemple, que dans mon village natal, Romano Canavese, durant de nombreuses années arrivèrent deux copies de L’Osservatore Romano: une au nom de Dom Paolo Bellono, prêtre qui y résidait, et l’autre au nom de mon grand-père, et ensuite de mon père Pietro Bertone.

Permettez-moi une autre remarque. L’histoire de L’Osservatore Romano est liée à l’histoire de notre ville: Rome. Ce n’est pas un hasard, c’est même un fait important, si le journal rapporte également l’unification administrative réalisée par la constitution de la Province de Rome. De cette ville, qui constitue le berceau de la civilisation occidentale et le cœur du catholicisme, le journal du Saint-Siège continue à noter les faits de chronique quotidienne et les ferments de chrétienté. Il s’appelle L’Osservatore Romano, comme pour indiquer l’attention avec laquelle le Pasteur universel de l’Eglise, Evêque de Rome, considère tout d’abord la communauté confiée à ses soins, afin que cette Ville, bénie par le sang de tant de martyrs et par le passage d’innombrables saints, remplisse avec soin sa mission de phare de la civilisation et de spiritualité évangélique. L’unique aspiration constante de l’Eglise et de son Pasteur suprême, dont ce journal se fait le porte-parole attentif et fidèle, est au fond de communiquer l’Evangile urbi et orbi, à Rome et au monde entier. Il s’agit d’un héritage précieux à recueillir et à poursuivre. Des premiers pas, accomplis en ce lointain 1er juillet 1861 grâce à l’intuition et au dévouement d’un groupe de courageux fidèles laïcs constitués en association, aux technologies modernes de notre époque, qui permettent une communication toujours plus rapide et capillaire, l’esprit et le style avec lequel il œuvre restent les mêmes. De l’engagement entre une institution publique, la Province de Rome, et notre journal est né un signe supplémentaire de collaboration et de travail commun au service des grandes causes de la dignité humaine et de la paix, comme vous l’avez opportunément rappelé, Monsieur le Président, dans vos paroles d’introduction. Rome, la Rome civ
ile et la Rome chrétienne, porte inscrit dans son destin le signe de l’amour et de la paix. Cette exposition, en définitive, rappelle le message d’espérance immuable, la mission morale qui rassemble les Institutions civiles et religieuses de Rome. Dans le respect de chaque prérogative particulière et des tâches de chacun, nous sommes tous appelés — Administration publique et Eglise — à une collaboration profitable et réciproque pour le bien de cette ville, afin qu’elle soit au service de l’homme, en particulier lorsqu’il est pauvre et qu’il souffre, afin qu’elle promeuve la justice et la paix dans un contexte social ou personne ne se sente en marge ni exclu. Le Pape Benoît XVI, lors du récent Congrès de l’Eglise italienne à Vérone, a exhorté les catholiques présents dans tous les milieux de la société, à «s’ouvrir avec confiance aux nouveaux rapports, à ne négliger aucune des énergies qui peuvent contribuer à la croissance culturelle et morale de l’Italie». Que cela soit également le fruit de la présente initiative: de la mémoire glorieuse du passé relancer et re-projeter, avec un esprit prophétique, un instrument de communication de l’Eglise universelle efficace et convaincant, afin que s’accroisse le nombre des hommes et des femmes de bonne volonté, décidés à travailler ensemble pour construire un avenir d’espérance pour tous, pour notre ville et le monde entier.

Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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