« Il ne peut être étranger à mes souffrances »

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Témoignage d’une famille, à l’école de Chiara Lubich

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ROME, jeudi 5 avril 2012 (ZENIT.org) – « Chiara Lubich nous a souvent parlé de Jésus crucifié et de son cri d’abandon sur la croix, nous enseignant que le sommet de sa souffrance coïncide avec le sommet de son amour pour nous. Si Jésus nous a aimés à ce point, Il ne peut être étranger à mes propres souffrances » : c’est ce dont témoigne une mère de famille du Mouvement des Focolari, Marie N.

Nous vous proposons ce témoignage d’un couple et d’une famille au moment où Benoît XVI a lui-même confié à un couple du Mouvement des Focolari, Danilo et Anna Maria Zanzucchi, initiatieurs du mouvement des « Familles nouvelles » de préparer les méditations pour le Chemin de Croix du Colisée, ce Vendredi Saint, 6 avril (en cliquant sur le lien, on trouve la page du Vatican avec les méditations en français). Il sera transmis en direct en mondovision, à 21 h 15. Un Chemin de Croix spécialement centré sur la famille, et dans la spiritualité de la fondatrice des Focolari, Chiara Lubich.

« Il ne peut être étranger à mes propres souffrances » 

La vie de famille a certainement à faire avec la mort et la résurrection du Christ. Les relations fortes qu’on y tisse, entre mari et femme, entre parents et enfants, façonnent notre être et les souffrances inévitables qui la traversent touchent tellement notre intimité qu’elles ébranlent nos fondements.

Avec mon mari, nous avons élevé quatre enfants, tous en bonne santé, sans difficulté notoire. Ils ont grandi et les aînés ont commencé à quitter la maison non sans que j’éprouve un grand vide. Une de nos filles, partie pour ses études a commencé à aller mal, à faire de la dépression avec plusieurs tentatives de suicides. L’angoisse et la douleur de la voir souffrir étaient très fortes, et nous étions impuissants, avec un sentiment de culpabilité impossible à ignorer : est-ce que sa fragilité nous ne l’avions pas cultivée en elle au sein de notre famille ? Plus tard nous avons vu qu’une autre de nos filles n’allait pas bien, même si elle ne le manifestait pas de façon aussi spectaculaire que sa sœur. Nous avons découvert qu’elle avait été agressée petite à notre insu. Nous n’avons pas, alors, pris la mesure de sa blessure psychologique et par souci de pardon nous n’avons pas eu une réaction à la hauteur de ce qu’elle attendait de nous. Elle a perdu confiance en nous et avec elle tous nos enfants. La dernière a quitté prématurément la maison. Le vide qu’ils ont laissé ainsi que le sentiment d’échec dans ce qui me tenait le plus à cœur, ma famille, m’ont écrasée, sans compter l’inquiétude pour leur avenir.

Chiara Lubich nous a souvent parlé de Jésus crucifié et de son cri d’abandon sur la croix, nous enseignant que le sommet de sa souffrance coïncide avec le sommet de son amour pour nous. Si Jésus nous a aimés à ce point, Il ne peut être étranger à mes propres souffrances. Quelle que soit la douleur qui se présente, je suis sûre que l’Homme-Dieu dans sa vie terrestre et dans sa passion l’a déjà expérimentée. Qui d’autre que Lui peut me comprendre, me consoler ? N’a-t-il pas reçu la haine et l’incompréhension en réponse à son amour ? Ne s’est-il pas senti seul, abandonné de tous, jusqu’à éprouver l’absurde : l’abandon du Père. A ma mesure, j’ai pu me retrouver dans ses souffrances, m’unir plus intimement à Lui, expérimenter son amour, comprendre de l’intérieur le chemin de la passion à la résurrection. En reconnaissant Sa Présence et Son Amour inconditionnel derrière chaque circonstance douloureuse, je peux Lui dire que je veux L’aimer ainsi, Lui confier tout ce qui me préoccupe et avoir la certitude qu’Il s’en chargera. Cette assurance me permet un certain détachement de mes enfants sans lequel l’amour que je leur porte pourrait devenir égoïste et pesant pour eux au lieu de les aider à suivre leur chemin. Ensuite, j’essaye de sortir de moi pour aimer concrètement les personnes qui dans l’instant présent sont près de moi. Cette attitude positive m’a construite intérieurement, m’a permis de continuer à vivre, à aimer, à trouver de la joie par exemple dans mon travail professionnel, dans ma relation de couple.

Dans cette aventure, nous avons eu besoin de l’aide de professionnels. Avec leur regard extérieur ils nous ont aidé à comprendre nos dysfonctionnements malgré l’amour que l’on désirait plus que jamais dans notre famille et à réamorcer le dialogue avec nos enfants. Nous avons eu aussi besoin de l’écoute et de l’affection de nos amis, en particulier ceux plus proches à qui nous avons pu nous confier et qui partageant notre foi nous ont accompagné dans la prière. Leur amour a servi de caisse de résonance à la voix de l’Esprit en nous pour comprendre quels pas faire, quelle attitude avoir en cohérence avec notre foi.

J’ai expérimenté que l’on peut souffrir et pourtant être profondément heureux car conscient d’être d’une certaine façon associé au Christ dans son chemin d’amour et de rédemption, de la Passion à la Résurrection.

Avec chacun des enfants, désormais adultes, s’instaure un dialogue de plus en plus transparent et sincère, plein d’humilité et respectueux de leur choix de vie car Dieu les aime du même amour tandis qu’Il attire notre couple toujours plus à Lui.

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ZENIT Staff

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