Hongkong : Mobilisation populaire pour la démocratie et le suffrage universel

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ROME, Mardi 20 décembre 2005 (ZENIT.org) – A Hongkong, le 4 décembre 2005, la mobilisation populaire lors de la manifestation pour la démocratie et le suffrage universel a été plus forte que prévue, indique “Eglises d’Asie”, l’agence des Missions étrangères de Paris, dans son édition de ce 16 décembre (EDA 431, eglasie.mepasie.org).

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Le 4 décembre dernier, dans les rues de Hongkong, la mobilisation populaire a été plus forte que prévue lors de la manifestation pour la démocratie et le suffrage universel. Selon la police, 60 000 Hongkongais étaient présents durant les deux premières heures de la marche et ils ont été rejoints, le long du cortège, par environ 40 000 personnes supplémentaires. Les organisateurs avaient compté sur une cinquantaine de milliers de manifestants et, selon eux, le chiffre de la participation populaire est monté à 250 000, soit une proportion non négligeable des quelque sept millions de Hongkongais. Souvent silencieuse, la foule était disciplinée, les manifestants étaient souvent venus en famille ; les banderoles et les slogans réclamaient plus de démocratie pour le territoire. Pour l’évêque de Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, qui avait appelé les Hongkongais à manifester (1), l’Eglise catholique locale soutient la revendication pour plus de démocratie, mais n’est pas l’initiatrice de ce combat. Afin de clarifier cette posture, l’évêque de Hongkong a dirigé une réunion de prières sur un terrain de basket-ball avant que le cortège ne démarre, mais il n’a pas pris part à la manifestation elle-même.

Quelques jours avant la manifestation, Mgr Joseph Zen avait précisé son rôle dans l’hebdomadaire diocésain, The Sunday Examiner. Dans l’édition datée du dimanche 27 novembre, il avait dit son soutien à la manifestation, tout en affirmant ne pas en être l’initiateur (2). Il soulignait le droit des gens « à manifester » afin de défendre leur droit « à la pleine démocratie », mais il précisait qu’en tant qu’évêque, il ne lui appartenait pas de dire aux membres de l’Eglise « de s’engager dans telle ou telle forme d’action politique ». Il ajoutait qu’il « encourageait » ceux qui « voulaient le suffrage universel à manifester ». Ce préalable posé, le dimanche 4 décembre, Mgr Joseph Zen, en compagnie d’un pasteur protestant, était entouré d’un grand nombre de journalistes désireux de recueillir ses propos avant que le cortège des manifestants ne s’ébranle.

Devant environ huit cents chrétiens, Mgr Joseph Zen a dirigé la prière, avant de redire les raisons que les manifestants avaient de descendre dans la rue. Il a ainsi critiqué le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hongkong, lui reprochant de « ne pas respecter la Loi fondamentale », laquelle, selon lui, autorise le débat quant à l’introduction du suffrage universel pour la sélection du chef de l’exécutif en 2007 et celle des députés du Legco (Legislative Council) en 2008. La réforme politique a minima que le chef de l’exécutif Donald Tsang Yam-Kuen a proposée et qui doit être votée par les députés du Legco le 21 décembre prochain n’est pas satisfaisante, a-t-il rappelé : « Affirmer que cette réforme fera progresser la démocratie à Hongkong est un gros mensonge. » Il a ajouté que les Hongkongais ne devaient pas laisser penser à leur gouvernement que le vote de la réforme proposée signifiera que les revendications populaires en faveur de la démocratie sont satisfaites. Au contraire, a-t-il développé, les habitants de Hongkong sont bienveillants, mûrs politiquement et ils croient en la démocratie ; c’est pourquoi ils attendent de leurs gouvernants « un calendrier pour le suffrage universel ». A l’adresse des catholiques, il a adressé un encouragement à manifester – « pour nous-mêmes et pour les générations à venir ».

D’après la Loi fondamentale (la mini-Constitution en vigueur dans le territoire), la large autonomie dont jouit Hongkong vis-à-vis de Pékin prévoit, à terme mais de manière assez vague, qu’une démocratie pleine et entière devait être accordée à Hongkong après son retour sous le drapeau chinois en 1997. La réforme proposée par Donald Tsang met en place une augmentation du nombre des membres du Legco (qui passerait de 60 à 70, la moitié des sièges étant pourvue au suffrage universel direct) ainsi que celui des grands électeurs qui désignent le chef de l’exécutif (qui serait doublé, passant de 800 à 1 600 personnes). A l’issue de la manifestation du 4 décembre, Donald Tsang a défendu son projet lors d’une conférence de presse. En réponse à une question sur l’introduction du suffrage universel, il a souligné que la question était étudiée par la Commission pour le développement stratégique, un organisme chargé de conseiller le gouvernement sur le développement à longue échéance de Hongkong. « J’ai 60 ans et je veux réellement voir advenir le suffrage universel de mon vivant », a-t-il déclaré.

(1) Voir EDA 429
(2) La manifestation du 4 décembre a été organisée à l’initiative des élus démocrates du Legco et différentes organisations de la société civile locale, telle le Front civil des droits de l’homme.

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ZENIT Staff

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