Hongkong : Les chrétiens et des universitaires craignent une loi "anti-sectes"

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Le danger du « modèle français »

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ROME, Lundi 23 juillet (Zenit.org) – A Hongkong , les autorités disent vouloir prendre modèle sur la France en matière de loi anti-secte mais des responsables chrétiens et des universitaires ne voient pas la nécessité d’une telle loi, indique Eglises d´Asie, dans son édition du 16 juillet (EDA 335, cf. http://eglasie.mepasie.org).

Le 15 juin dernier en effet, Tung Chee-hwa, chef de l’exécutif de la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong, a déclaré devant le Conseil législatif (Legco) que le mouvement Falungong, interdit et réprimé en Chine mais non à Hongkong, était « sans aucun doute » une secte pernicieuse mais que, cependant, le vote d’une loi anti-secte à Hongkong n’était pas encore d’actualité.

Ces propos ont relancé les débats à Hongkong sur l’opportunité du vote d’une loi anti-secte. Les débats qui agitent la société de Hongkong sur le phénomène Falungong, les prises de position du gouvernement de la RAS de Hongkong sur le sujet et la réaction de l’Eglise catholique, ont été abordés dans les éditions précédentes de EDA ( cf. EDA 315 et 327).

Selon la presse locale, continue EDA, le Bureau de la sécurité, organe du gouvernement local, a suggéré que l’expérience française en matière de loi anti-secte serve de référence. En écho à ces débats, des responsables des Eglises chrétiennes de Hongkong, des universitaires et des militants des droits de l’homme ont exprimé leurs vues sur ce sujet lors d’un colloque organisé le 23 juin dernier sur le thème : « Qui trace la ligne entre le bien et le mal : les lois anti-secte et la liberté religieuse ».

EDA indique que le P. Stephen Chan Moon-hung, prêtre franciscain et conseiller ecclésiastique de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Hongkong, craint que le gouvernement de la RAS finisse par faire voter une loi anti-secte. Il s’appuierait pour cela sur les députés pro-Pékin du Legco. « Avec une telle loi, ce qui est en cause n’est pas tant la survie de l’Eglise que la liberté de la société [hongkongaise] », a-t-il déclaré, ajoutant que, dans l’histoire de la Chine, les divers mouvements de persécution anti-religieuse avaient plus trait à la répression d’opposants politiques aux dynasties en place qu’à de réelles questions religieuses.

EDA cite également le point de vue de Law Yuk-kai, responsable de l’ONG Hong Kong Human Rights Monitor. Pour celui-ci, l’ambiguïté d’une loi anti-secte telle qu’elle existe en France réside dans le fait que la responsabilité d’un acte individuel peut être attribuée à l’organisation à laquelle la personne qui a commis cet acte appartient. Selon lui, à Hongkong aujourd’hui, les lois actuelles suffisent amplement à gérer les éventuels dérapages commis par telle ou telle organisation et faire voter une loi anti-secte répondrait « à des fins politiques ».

A l’image du révérend Eric So Shing-yit, secrétaire général du Conseil chrétien de Hongkong, la quasi-totalité des intervenants ont exprimé l’opinion selon laquelle il est « dangereux de voir des responsables gouvernementaux décider de ce qui est ou non une religion ». Selon le révérend Timothy Yeung, professeur au Collège biblique Ecclesia des Assemblées de Dieu de Hongkong, « personne ne peut définir ce qui constitue l’expérience religieuse d’une autre personne ». Ce pasteur pentecôtiste a illustré son propos en prenant l’exemple de son Eglise qui fut dans un premier temps qualifiée de « diabolique » par certaines dénominations chrétiennes qui n’avaient qu’une connaissance partielle des expériences religieuses qui s’y vivaient. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, les manifestations charismatiques de son Eglise sont reprises par de nombreuses autres dénominations, toujours selon la même source.

Plusieurs orateurs n’ont pas nié, ajoute EDA, que les sectes présentent des dangers pour leurs adeptes ou pour la société dans son ensemble. Cependant, a souligné Chan Tin-cheung, professeur de psychologie à l’Université chinoise de Hongkong, il n’existe pas de critères uniformes qui permettent de décréter que tel ou tel mouvement est une secte pernicieuse. La circulation libre de l’information est une mesure efficace de prévention, tandis qu’une loi anti-secte peut amener à restreindre les activités religieuses considérées comme normales. « Introduire une loi anti-secte serait un recul des libertés et des droits de l’homme car une telle loi obéit à une logique de tolérance religieuse et non à une logique de liberté religieuse », a déclaré Lai Pun-chiu, professeur assistant au département de religion de l’Université chinoise de Hongkong.

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ZENIT Staff

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