Homélie du patriarche Théoctiste: Intensifier le travail de réconciliation

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Dimanche 13 octobre, à Saint-Pierre

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CITE DU VATICAN, Mardi 15 octobre 2002 (ZENIT.org) –  » Maintenant que les Eglises d’Europe centrale et orientale ont plus de liberté de prêcher l’amour du Christ pour les hommes, notre travail de réconciliation entre les Eglises et de reconstruction de l’unité chrétienne doit être intensifié « ,disait S. B. Théoctiste , dans son homélie, dimanche 13 octobre, à Saint-Pierre, en commentant ce passage de l’Epître aux Ephésiens: »Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Ep 4, 3).

Voici la traduction de l’italien de l’homélie du patriarche orthodoxe, d’après L’Osservatore Romano hebdomadaire en français du 15 octobre (cf. www.vatican.va)

– Homélie du patriarche Théoctiste –

Votre Sainteté!
Bien-aimés frères et sœurs dans le Seigneur!

Nous avons encore dans notre mémoire et dans notre cœur le vif souvenir des moments de grande joie et la lumière de la visite de Votre Sainteté en Roumanie au mois de mai 1999, première visite qu’un Pape de Rome a accomplie dans un pays dont la population est en majorité orthodoxe. La joie et la lumière sur le visage des fidèles orthodoxes et catholiques de Roumanie en ces jours ont été le signe d’une bénédiction de l’Esprit Saint, qui appelle nos Eglises à œuvrer plus intensément en vue de l’unité. Nous savons que vous avez été très impressionné par les paroles qui ont retenti du cœur des jeunes de Roumanie lors de la Messe du 9 mai 1999: « Unitate, unitate! ». Sans aucun doute, le chemin de la reconstruction de l’unité visible entre nos Eglises est souvent difficile.

Le même Sauveur Jésus-Christ a parlé de l’unité des chrétiens, tandis qu’il était en prière, dans une grande angoisse, dans le jardin de Gethsémani, avant le sacrifice sur la Croix, montrant par cela combien le lien entre le mystère de sa Croix et le mystère de l’unité de l’Eglise est profond dans notre monde, le monde des hommes, blessé par les conséquences du péché et tourmenté par l’esclavage de la mort spirituelle.

Toutefois, étant donné que la Croix du Christ renferme le pouvoir de la Résurrection, toute difficulté dans la reconstruction de l’unité est également une préparation à la Résurrection, à une communion plus intense avec le Christ et ses saints, dans l’Eglise une, sainte, catholique (soborniceasca) et apostolique, que nous confessons dans le Credo commun de Nicée-Constantinople.

Le mouvement œcuménique de reconstruction de l’unité des chrétiens et de réconciliation des Eglises séparées les unes des autres, a été au début également un mouvement de pénitence, de metanoia, de reconnaissance de la responsabilité chrétienne pour les deux grandes guerres mondiales, que nos Eglises n’ont pas réussi à faire éviter et auxquelles a participé une grande multitude de chrétiens de toutes les grandes Eglises historiques.

La tentative de reconstruire l’unité chrétienne a eu lieu alors également comme conséquence de la souffrance et de la pénitence, et par la suite, l’unité chrétienne a été recherchée également en raison des persécutions de la période communiste ou à la suite de la marginalisation des Eglises dans la société occidentale sécularisée.

Maintenant que les Eglises d’Europe centrale et orientale ont plus de liberté de prêcher l’amour du Christ pour les hommes, notre travail de réconciliation entre les Eglises et de reconstruction de l’unité chrétienne doit être intensifié sur la base du dialogue théologique en ce qui concerne la vérité de la foi commune et sur la base de la coopération, en allégeant les souffrances, en défendant le don sacré de la vie et de la dignité humaine, dans un monde déchiré et enflammé.

Certes, il existe de multiples obstacles d’ordre spirituel et matériel qui contribuent aujourd’hui à freiner l’élan de la reconstruction de l’unité chrétienne. Toutefois, ce qui a été réalisé de bon en vue du rapprochement des Eglises au cours des persécutions du siècle dernier ne doit pas être perdu à présent dans la liberté. La scission, l’éloignement et l’isolement des chrétiens entre eux ne sont pas des formes de témoignage du Christ, qui a prié afin que tous soient un (cf. Jn 17, 21).

Aujourd’hui, une Europe en grande partie sécularisée tente d’être la plus unie possible sur le plan économique, juridique et culturel, souvent sans demander directement l’appui des Eglises chrétiennes du continent, peut-être précisément parce que nos Eglises d’Europe sont trop peu préoccupées par l’unité et la coopération entre elles, et que les institutions chrétiennes internationales ne sont pas assez convaincues du fait qu’elles représentent des Eglises passionnées par la réalisation de l’unité des chrétiens. Le monde sécularisé sanctionne aujourd’hui les Eglises séparées de l’Europe, non pas tant par les persécutions, mais par l’indifférence, de sorte qu’elles sont marginalisées.

La crise spirituelle de notre temps exige de redécouvrir le lien entre la pénitence et la conversion, ou le retour au Christ doux et compatissant, d’un côté, et la reconstruction de la communion entre les Eglises de l’autre.

La sécularisation contemporaine est accompagnée par une fragmentation et par un appauvrissement de la vie intérieure spirituelle de l’homme. Ainsi, la sécularisation affaiblit encore plus la communion spirituelle entre les chrétiens. C’est pourquoi, ensemble, nous devons unir aujourd’hui la recherche de la sainteté de la vie chrétienne à travers la réalisation de l’unité chrétienne. Dans cette lumière et cette perspective de l’œcuménisme de la sainteté, que nous ont démontrée les martyrs et les confesseurs de la foi du XX siècle, il faut à présent, au XXI siècle, que nous guidions en tant que Pasteurs de l’Eglise, premiers responsables de l’unité de la foi et de la vie chrétienne, le clergé et nos fidèles, et surtout les jeunes des écoles de théologie qui forment les prêtres et les missionnaires.

Nous apprécions avec joie les efforts importants et constants que Votre Sainteté accomplit dans l’Eglise romaine-catholique et en dehors d’elle pour promouvoir l’unité chrétienne dans le monde d’aujourd’hui.

L’esprit de pénitence, la recherche du pardon et de la réconciliation qui apparaissent dans toutes les visites pastorales et œcuméniques de Votre Sainteté, sont des signes et des actes symboliques d’une compréhension profonde de l’Evangile de l’amour humble pour le Christ. Ces gestes d’une haute valeur symbolique sont aujourd’hui pour nous tous, pasteurs de l’Eglise du Christ, un appel et un encouragement en vue d’une responsabilité plus intense pour la reconstruction de l’unité chrétienne.

Dans ce contexte, je voudrais rappeler ici aussi les initiatives visant à la collaboration avec les religions du monde en faveur de la paix, de la concorde, comme le sont les rencontres organisées par la Communauté Sant’Egidio.
Votre Sainteté,

notre présence et notre prière dans la basilique Saint-Pierre à Rome, au cours de la Messe pontificale solennelle, à laquelle nous avons assisté, est une occasion de renouveler et de renforcer notre œuvre de reconstrution de l’unité chrétienne, de rapprochement entre nos Eglises, en particulier à présent que, ici en Italie, le nombre de nos fidèles orthodoxes roumains a augmenté. Ceux-ci sont aidés fraternellement de nombreuses façons par l’Eglise romaine-catholique d’Italie, pays ami de la Roumanie. Nous sommes reconnaissants pour l’attention particulière et le grand appui que vous offrez à nos communautés orthodoxes roumaines en Italie et en Europe, afin que ces communautés conservent leur identité et puissent vivre, dans le même temps, l’expérience de la fraternité œcuménique.

Chez nous aussi, en Roumanie, en particulier aprè
s la visite de Votre Sainteté dans notre pays, nous poursuivons le dialogue et la coopération avec nos frères grecs-catholiques et romains-catholiques, pour apporter un témoignage commun de l’Evangile d’amour du Christ dans la société roumaine d’aujourd’hui, dans laquelle la liberté de la foi doit être unie à la responsabilité commune en vue de l’unité chrétienne, de la vie et de la dignité de la personne humaine, de la famille et du peuple roumain, confié à nous, pasteurs, en tant que ministres de l’Eglise du Christ.

Nous prions le Seigneur Jésus-Christ, Prêtre suprême et éternel et Chef de l’Eglise, de bénir et de soutenir nos Eglises afin qu’elles écoutent en permanence sa prière « afin que tous soient un » et de faire croître leur désir et leur engagement en vue de réaliser la pleine communion fraternelle pour la gloire de la Très Sainte Trinité et le salut des hommes.

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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