Homélie du patriarche de Jérusalem pour la messe de la nuit de Noël

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« La paix, la stabilité et la sécurité pour tout le Moyen-Orient »

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ROME, mercredi 28 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Nous voulons la paix, la stabilité et la sécurité pour tout le Moyen-Orient », déclare le patriarche latin de Jérusalem.

Vous trouverez ci-dessous l’homélie du patriarche de Jérusalem pour la messe de la nuit de Noël, à la basilique de la Nativité de Bethléem, publié sur le site du patriarcat :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »
(Luc 2,14)

Monsieur le Président Abou Mazen, Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Excellence Nasser Judeh, Ministre des affaires étrangères de Jordanie représentant le Roi Abdullah de Jordanie,

Mesdames et Messieurs leurs Excellences, Consuls et Ambassadeurs,
Chers représentants des diverses Eglises,
Chers frères et sœurs, fils et filles de la Terre Sainte:

De l’Eglise de la Nativité et à proximité de la Grotte Sainte, où la Vierge Marie a emmailloté son fils et l’a déposé dans une crèche, je vous salue tous, fidèles ici présents, téléspectateurs, mais également nos frères de la diaspora, particulièrement ceux que j’ai rencontrés récemment. Je salue tout spécialement le président Mahmoud Abbas et le félicite pour ses efforts inlassables en faveur d’une paix juste dans le Moyen-Orient et dont la création d’un Etat palestinien est un des fers de lance principal. Je reconnais ses efforts communs avec Sa Majesté, le Roi Abdullah de Jordanie qui a exprimé sa grande préoccupation pour Jérusalem, pour ses lieux saints et surtout ses habitants.

Chers frères et sœurs,

Le chant des anges dans le ciel de Bethléem il y a plus de deux mille ans, retentit encore dans nos oreilles : « Gloire à Dieu au plus haut et paix sur la terre » (Luc 2:14). Cet hymne, avec son parfum céleste, nous fascine et nous instruit.

Que la Gloire soit rendue à Dieu et que la paix descende sur la terre. La gloire de Dieu et la paix du monde sont inséparables, ayant entre elles un lien de cause à effet. Si nous attribuons la gloire à Dieu, nous aurons sa paix. Si nous nous donnons la gloire à nous-mêmes, nous serons privés de cette paix. En effet, la glorification du Seigneur et son adoration sont un devoir et une dette. Dieu promet sa paix à ceux qui l’adorent en esprit et en vérité. Ce qui nous rassure, c’est que Dieu ne manque jamais à ses promesses.

Il est vrai que Dieu n’a pas besoin de nos éloges pour grandir, ni de nos prières de louanges pour parfaire sa gloire. C’est nous qui grandissons et devenons meilleurs à la mesure de notre humilité devant sa grandeur infinie. Le Seigneur est glorieux en lui-même, sa gloire provenant de son être intime et de la création, œuvre de ses mains. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. » (Ps 19:2-3)

Nos religions – musulmanes, juives et chrétiennes – sont unanimes pour dire que l’adoration de Dieu est un devoir d’amour primordial : « Fils de Dieu, rendez au Seigneur familles des peuples, rendez au Seigneur gloire et honneur! Rendez au Seigneur la gloire de son nom ! Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté ! » (Ps. 29: 1-2).

Nous pouvons être fiers car, parmi tous les continents et patries du monde, Dieu a choisi la Palestine, notre chère terre, pour être la patrie du Sauveur, du Messie attendu, qui est sa Parole et la substance de sa gloire. Par conséquent, nous avons le devoir de suivre le cortège des anges et de répéter à l’infini: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Gloire à lui « parce que la grâce de Dieu qui porte en elle le salut est apparue à tous les peuples. » (Tite 2 : 11) Oui, elle apparut à quelques pas de ce lieu saint, où nous sommes rassemblés ce soir. De ce Christ attendu, les prophètes ont prédit : «Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur », « il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. » (Isaïe 11, 4). La bonne nouvelle concerne les ennemis, qui « de leurs épées, forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée; ils n’apprendront plus la guerre. » (Is 2: 4)

Chers fidèles, nous ne voulons pas que Noël relève d’une douceureuse mémoire subjective et purement émotionnelle, tournée vers un passé lointain. Non, car , le Christ est vivant parmi nous, vivant par sa résurrection, vivant dans ses sacrements et vivant dans son message : un message d’amour, de justice et de paix à tous les peuples, à tous les individus et à toutes les familles, paix dont nous avons besoin plus que jamais.

Notre région traverse des transformations radicales qui ont un impact sur notre présent et notre avenir. Nous ne pouvons pas rester comme de simples spectateurs. Nous, les chefs religieux et ceux qui ont entre les mains le sort des peuples, devons faire tout ce qui est possible pour protéger notre peuple, travailler à sa survie, et à réaliser ses aspirations. Nous sommes avec notre peuple de toutes nos forces, car ses souffrances et ses espérances sont les nôtres.

Nous, les habitants de Terre Sainte, de Palestine, d’Israël, de Jordanie et de Chypre nous espérons que la fête de Noël mette fin à la culture de violence et de la mort et inspire une solution aux divisions internationales et nationales. L’Histoire nous enseigne que la volonté des peuples, avec leurs aspirations à la paix et à la liberté, est plus forte que le pouvoir de l’injustice. Par ailleurs, la Toute-puissance de Dieu surpasse celle du Mauvais. C’est pourquoi nous espérons, avec la grâce de Dieu et la bienveillance des hommes de bonne volonté, que disparaissent les murs physiques et psychologiques que les hommes construisent autour d’eux-mêmes. Dieu veut des ponts qui unissent plutôt que des murs qui séparent ce que Dieu a uni. Chers frères et sœurs, abattons les murs de nos cœurs pour abattre les murs de béton !

Les Palestiniens se sont tournés récemment vers l’Organisation des Nations Unies, avec l’espoir d’une solution juste au conflit, ayant l’intention de vivre en paix et en sécurité avec leurs voisins. On leur a demandé de revenir à un processus de paix qui avait échoué. Ce processus leur a laissé le goût amer de promesses non tenues et un sentiment de méfiance.

Frères, à l’occasion de Noël et par la puissance du Prince de la Paix dont nous célébrons la naissance selon la chair, nous élevons notre voix à Dieu lui criant notre soif. Nous demandons la paix et rien que la paix.

– Nous la voulons pour le peuple palestinien aussi bien que pour le peuple israélien.

– Nous voulons la paix, la stabilité et la sécurité pour tout le Moyen-Orient, afin que nos enfants et leurs enfants vivent leur enfance dans l’innocence, et dans un environnement sain, et puissent jouer ensemble sans peur ni complexes.

– Nous voulons que la route prise par nos ancêtres – les mages et les bergers – pour rejoindre Bethléem, reste ouverte, sans barrières ni barrages, ouverte aux pèlerins du monde entier, y compris du monde arabe. Ils seront les bienvenus. Avec eux, nous prierons et chanterons : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2:14)

– Et en cette nuit sainte, les enfants de Terre Sainte, compatriotes de l’Enfant Jésus, nous supplient : « Laissez-nous grandir normalement, donnez-nous le temps de jouer dans les grandes places de nos villes et villages loin des intrigues politiques.»

Mais il ne faut pas seulement prier pour la paix. Les bonnes intentions et discours ne suffisent plus. Cherchons la paix concrètement avec toutes nos énergies. La paix est donnée aux hommes de bonne volonté. Elle ne se réalise pas sans de véritables et courageux artisans de paix, prêts à se sacrifier pour une cause aussi noble. La paix se reçoit et se do
nne en même temps.

Ecoutons la voix de Jésus : « N’ayez pas peur, je suis avec vous ». Seigneur, si tu es avec nous, qui est contre nous ?

– Oui, sur ta parole, Seigneur, nous jetons nos filets et reconnaissons que Noël est un jour de fête.

– Sur ta parole, nous invitons tout le monde à se réjouir avec nous.

– Sur ta parole nous allumons l’arbre de Noël dans nos églises et dans nos maisons comme signe d’espérance et de joie. Rien ne nous enlèvera notre espérance: ni la peur, ni les menaces, ni l’arrogance des hommes.

O Enfant de Bethléem, en cette nouvelle année, nous mettons entre tes mains notre Moyen-Orient troublé, et surtout ses jeunes pleins d’aspirations légitimes, ces jeunes frustrés par la situation économique et politique et à la recherche d’un avenir meilleur. Daigne réaliser leurs vœux et mets en leurs cœurs l’audace et la sagesse en même temps que l’esprit de responsabilité.

De cette église, nous adressons nos remerciements et la promesse de nos prières à tous ceux qui ont contribué et contribuent à la paix et à la justice, à tous les amis qui ont participé à nos espérances et nos inquiétudes à l’occasion des révolutions arabes. En cette nuit, nous prions pour nos gouvernants et pour les dirigeants du monde entier, afin qu’ils aient la sagesse, le discernement et l’esprit du don d’eux-mêmes envers leurs concitoyens. Nous prions pour le retour au calme et la réconciliation en Syrie, en Egypte, en Irak et en Afrique du Nord.

De cette Eglise et en cette nuit sainte, nous appelons les fidèles et les pèlerins à s’unir avec nous dans la prière pour Jérusalem. Comme son nom l’indique, c’est la ville de la paix. Elle a la vocation de rassembler les croyants du monde entier, les fils d’Abraham, en une seule famille. C’est la ville Sainte, la ville de la prière. Des millions de pèlerins viennent prier pour la paix et la réconciliation. Nous prions pour que nous l’ayons en abondance. (Jean 10:10).

De ce lieu saint, je fais un appel à tous nos frères et sœurs dans le monde. Le monde souffre du manque de charité et de chaleur humaine.

Nos vœux pour cette année : que « nous nous aimions les uns les autres comme Dieu nous a aimés » et que nous nous réconcilions les uns avec les autres comme Dieu nous a réconciliés dans le Christ. (Ephésiens 4:32). Cette réconciliation nous fait voir le visage du Christ dans les autres.

Que la Paix de l’Enfant de Bethléem et le chant des anges du ciel remplissent vos cœurs et vos esprits (Phil. 4: 7) aujourd’hui et tous les jours de votre vie.

† Fouad Twal

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ZENIT Staff

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