Homélie de la messe de béatification des trois martyrs bulgares

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ROME, dimanche 26 mai 2002 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie que Jean-Paul II a prononcée au cours de la messe de béatification des trois martyrs bulgares victimes du pouvoir communiste, Kamen Vitchev (1893-1952), Pavel Djidjov (1919-1952) e Josaphat Chichkov (1884-1952), à Plovdiv.

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1. «À toi louange et gloire pour les siècles sans fin !»
C’est ce que nous venons de chanter dans le psaume responsorial. Notre assemblée, chers Frères et Sœurs, se réunit aujourd’hui, jour du Seigneur, pour célébrer la grandeur et la sainteté de notre Dieu, et pour professer la foi de l’Église.
La descente du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte marque le couronnement du cycle des événements par lesquels Dieu, en des étapes historiques successives, est venu à la rencontre des hommes et leur a offert le don du salut. La liturgie nous invite aujourd’hui à remonter à la source suprême de ce don : Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, la Très Sainte Trinité.

2. L’Ancien Testament souligne l’unité de Dieu. Dans la première lecture, nous avons entendu Dieu proclamer devant Moïse : «Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité» (Ex 34, 6). Pour sa part, Moïse avertit son peuple : «Écoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l’Unique» (Dt 6, 4).
Le Nouveau Testament nous révèle que le Dieu unique est Père, Fils et Saint-Esprit : une seule nature divine en trois personnes, parfaitement égales et réellement distinctes. Jésus les nomme expressément, en donnant aux Apôtres l’ordre de baptiser «au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit» (Mt 28, 19).
Tout le Nouveau Testament est une annonce continuelle et explicite de ce mystère, que l’Église, gardienne fidèle de la Parole de Dieu, a toujours proclamée, expliquée, défendue. C’est pourquoi aujourd’hui aussi nous disons au Dieu Très-Haut et Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit : «À toi louange et gloire pour les siècles sans fin !»

3. En souhaitant à tous, avec l’Apôtre Paul, «la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint» (2 Co 13, 13), je vous salue d’abord avec affection, chers Frères et Sœurs, fils de l’Église catholique qui êtes venus avec vos évêques des diocèses de Sofia-Plovdiv et de Nicopoli, ainsi que de l’exarchat apostolique pour les fidèles de rite byzantin-slave. Je remercie le Pasteur de l’Église particulière où nous sommes, Mgr Gheorghi Jovčev, pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées et j’étends mon salut cordial à mes frères dans l’épiscopat, Mgr Christo Proykov, Exarque apostolique et Président de la Conférence épiscopale, et Mgr Petko Christov, Évêque de Nicopoli. Je salue également les Cardinaux et les Évêques venus des pays voisins pour partager ce jour de fête avec l’Église qui est en Bulgarie.
Je tiens à adresser un salut particulier à Son Éminence Arsenij, Métropolite orthodoxe de Plovdiv, qui dans sa grande délicatesse a voulu prendre part à la célébration de cette Sainte Liturgie, et je le remercie vivement des paroles cordiales qu’il m’a adressées au début de la célébration. Avec lui, je salue dans le Seigneur tous les fidèles de l’Église orthodoxe de Bulgarie qui s’unissent à nous. Leur présence ici est un témoignage apprécié de fraternité, qui nous fait pressentir dans l’espérance la joie de la pleine unité, quand il nous sera donné de célébrer ensemble le Sacrifice eucharistique, mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur.
Je désire aussi adresser une pensée respectueuse aux fidèles de l’Islam, qui adorent eux aussi, même si c’est de manière différente, le Dieu Unique et Tout-Puissant.
Enfin, je salue les Autorités civiles qui nous honorent de leur présence et je les remercie pour leur contribution efficace à la réalisation de mon voyage en Bulgarie.

4. Dieu, Un et Trine, est présent dans son peuple, l’Église. Nous recevons le Baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; c’est en ce même nom que sont conférés les autres sacrements. En particulier, la Messe, «centre de toute la vie chrétienne», est marquée par le rappel des personnes divines : le Père, à qui s’adresse l’offrande, le Fils, prêtre et victime du sacrifice, l’Esprit Saint, invoqué pour transformer le pain et le vin en corps et sang du Christ, et pour faire des participants un seul corps et un seul esprit.
La vie du chrétien est entièrement orientée vers ce mystère. De notre réponse fidèle à l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint dépend la réussite de notre marche ici-bas.
Les trois prêtres assomptionnistes que j’ai eu la joie d’inscrire aujourd’hui parmi les Bienheureux étaient bien pénétrés de cette vérité : la cause pour laquelle les Pères Kamen Vitchev, Pavel Djidjov et Josaphat Chichkov n’ont pas hésité à donner leur vie, c’est la foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, c’est l’amour pour le Christ, Fils de Dieu fait homme, auquel ils se sont donnés sans réserve pour le service de son Église.
Le Père Josaphat Chichkov affirmait : «Nous cherchons à faire le mieux possible tout ce qu’on attend de nous pour pouvoir nous sanctifier»; et il ajoutait : «L’essentiel est d’aller jusqu’à Dieu, en vivant pour lui, tout le reste n’est qu’accessoire». Quelques mois avant l’infâme procès qui les condamna à mort, en même temps que l’Évêque Bossilkov, comme s’il entrevoyait ce qui les attendait, le Père Kamen Vitchev écrivait à son Supérieur provincial : «Obtenez-nous par la prière la grâce d’être fidèles au Christ et à l’Église dans notre vie quotidienne, afin d’être dignes de lui rendre témoignage quand viendra le moment». Et le Père Pavel Djidjov disait : «Nous attendons notre tour : que la volonté de Dieu soit faite !»

5. En pensant aux trois nouveaux Bienheureux, je tiens à rendre hommage à la mémoire des autres confesseurs de la foi, fils de l’Église orthodoxe, qui ont subi le martyre sous le même régime communiste. Ce tribut de fidélité au Christ a uni les deux communautés ecclésiales en Bulgarie jusqu’au témoignage suprême. «Cela ne saurait manquer d’avoir un caractère œcuménique marqué. L’œcuménisme des saints, des martyrs, est peut-être celui qui convainc le plus. La voix de la communio sanctorum est plus forte que celle des fauteurs de division» (Tertio millennio adveniente, n. 37).
En effet comment la communion qui se réalise «en ce que nous considérons tous comme le sommet de la vie de la grâce, la martyria jusqu’à la mort» (Ut unum sint, n. 84), pourrait-elle ne pas être déjà parfaite ? N’est-elle pas cette «communion la plus vraie avec le Christ qui répand son sang et qui, dans ce sacrifice, rend proches ceux qui jadis étaient loin (cf. Ep 2, 13)» (ibid.)?

6. La courageuse cohérence de vie des Pères Josaphat, Kamen et Pavel face à la souffrance et à la prison a été reconnue par leurs anciens élèves – catholiques, orthodoxes, juifs, musulmans –, par leurs paroissiens, par leurs confrères religieux et leurs compagnons de peine. En raison de leur dynamisme, de leur fidélité à l’Évangile, de leur service désintéressé de la nation, ils se présentent comme des modèles pour les chrétiens d’aujourd’hui, spécialement pour les jeunes de Bulgarie qui cherchent à donner un sens à leur vie et qui veulent suivre le Christ dans la vie laïque, dans la vie religieuse ou dans le sacerdoce.
Puisse le dévouement tout particulier avec lequel les nouveaux Bienheureux ont accompagné les candidats au presbytérat être pour tous un stimulant : j’exhorte l’Église locale qui est en Bulgarie à envisager sérieusement la possibilité de fonder de nouveau un séminaire, dans lequel les jeunes, à travers une solide formation humaine, intellectuelle et spirituelle, pourront se préparer au sacerdoce ministériel pour le service de Dieu et de leurs frères.

7. Le mystère de la Trinité nous révèle l’amour qui est en Dieu, l’amour qui est Dieu lui-même, l’amour avec lequel Dieu aime tous les hommes. «Dieu a tant aimé le monde qu’il a don
né son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle» (Jn 3, 16). Pour sa part, le Fils crucifié et ressuscité a envoyé l’Esprit Saint au nom du Père, pour qu’il nourrisse dans le cœur des croyants le désir et l’attente de l’éternité.
Cette attente, les nouveaux Bienheureux l’ont vécue activement, eux qui jouissent maintenant de la contemplation apaisante de la Très Sainte Trinité. Nous nous confions à leur intercession en priant avec la Liturgie byzantine (Sexte : oraison finale) :
«Dieu éternel, qui vis dans une lumière inaccessible…
protège-nous, nous qui avons mis en toi notre espérance,
comble-nous de ta grâce divine et adorable.
Car c’est à toi, Père, Fils et Esprit Saint,
qu’appartiennent le règne, la majesté, la puissance et la gloire
maintenant et toujours pour les siècles des siècles.
Amen».
[Texte original : bulgare. Traduction distribuée par la Salle de Presse du Saint-Siège]

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ZENIT Staff

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