« Heureux les artisans de paix » : intervention de Mgr Tomasi à Genève

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Rencontre interreligieuse annuelle pour la Paix

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ROME, Jeudi 31 janvier 2008 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral de l’ntervention de Mgr Silvano M. Tomasi, Mgr Silvano M. Tomasi, nonce apostolique, Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève, à l’occasion de la rencontre interreligieuse annuelle pour la Paix, le 30 janvier 2008.

Intervention de Mgr Tomasi

1. « Heureux les artisans de paix » (Matthieu 5,9). Les paroles de Jésus, proclamées lors de son sermon sur la Montaigne, dans lequel il a annoncé sa mission, rappelle la conviction profonde et l’aspiration intime de toutes les religions et systèmes de croyance de chercher la paix à l’intérieur de la famille humaine. Si nous devions évaluer l’état de la paix dans le monde ce soir, nous pourrions succomber à la tentation de désespérer face à l’appétit de conflits apparemment insatiable de l’humanité. Pareille conflit prend le nom de guerres civiles, de bains de sang causés par les combats et explosions indiscriminées, de génocide, de terrorisme international. La carte du monde continue d’être marquée par les drapeaux rouges de guerres civiles et internationales. Et pourtant, les artisans de paix sont heureux dans leur recherche inlassable de mécanismes qui nourrissent et maintiennent la paix, qui s’occupent des guerres tant connues qu’oubliées, qui embrassent et apaisent la douleur des victimes de toutes formes de violence.

2. Nous affirmons le rôle de nos artisans de paix lors de cette rencontre traditionnelle pour un moment de prière et de réflexion inspirées par le Message annuel du Saint-Père à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Paix, que cette année a pour thème : « Famille humaine, communauté de paix. » J’ai l’honneur de vous souhaiter la bienvenue, à tous et chacun de vous, à ce moment spécial que d’une manière très tangible prolonge le travail quotidien des diplomates, des autorités publiques, des communautés religieuses et des organisations de la société civile, pour vivre un monde plus convivial, plus juste et plus pacifique. Votre présence ici témoigne de la volonté persévérante dans la quête de la paix, et ce malgré les multiples obstacles ; c’est un message que l’espoir est plus fort que le cynisme.

3. Dans notre cœur nous comprenons bien le vrai sens de la paix. C’est un concept qui va au-delà de l’absence de guerre contre un pays voisin ou lointain. Il comprend la sécurité, le respect des droits de l’homme pour tous. Comme l’affirme le Message du Pape Benoît XVI : « La famille humaine, alors qu’elle connaît aujourd’hui une unité plus grande du fait de la mondialisation, elle a aussi besoin, en plus du fondement de valeurs communes, d’une économie qui puisse répondre vraiment aux exigences d’un bien commun de dimension planétaire. » (n. 10) La présence d’une paix réelle va au-delà d’une paix négative et des manifestations de violence, et elle inclut les conditions qui favorisent l’élimination de toute cause de violence. « La paix est un engagement et un mode de vie qui exigent que l’on satisfasse les attentes légitimes de tous comme l’accès à la nourriture, à l’eau et à l’énergie, à la médecine et à la technologie, ou bien le contrôle des changements climatiques »[1] et la fin de la course aux armements. Le chemin devant nous est encore long, mais les artisans de paix peuvent parcourir cette distance.

4. La communauté internationale a lancé un programme d’action pour construire une culture de paix pour tous les enfants du monde, et des résolutions ont été adoptées par les Nations Unies pour soutenir des valeurs, des attitudes et des comportements qui rejettent la violence, font tout leur possible pour prévenir les conflits en s’occupant de causes profondes et qui visent à résoudre les problèmes par le dialogue et la négociation. Il y a convergence de buts dans la société civile et religieuse car les bienfaits de la paix touchent chaque personne sans distinction et constituent, en fait, une plate-forme sur laquelle il est possible d’envisager un futur commun et une qualité de vie qui soient vraiment l’expression de la dignité humaine. Maintes interventions publiques reconnaissent la nécessité de poursuivre la paix et les avantages qu’elle comporte : il y a accord universel sur ces points. Mais les conflits d’intérêts et les méthodes utilisées pour chercher la paix font que cet accord soit en pratique insaisissable. La quête de la paix par la paix est le défi, et cette tâche demande un complément de grâce.

5. En regardant autour du monde, les conflits projettent un ombre sombre sur son futur. Le Message du Pape Benoît nous montre le chemin à suivre : « J’invite tous les hommes et toutes les femmes à prendre une conscience plus claire de leur appartenance commune à l’unique famille humaine et à s’employer pour que la convivialité sur la terre soit toujours davantage le reflet de cette conviction, dont dépend l’instauration d’une paix véritable et durable. » Si parfois l’absence d’une volonté politique et les problèmes complexes d’aujourd’hui semblent être des obstacles insurmontables, nous pouvons implorer Dieu pour qu’il nous donne la force nécessaire. En définitive, la paix est un cadeau de Dieu.

 

[1] Benoît XVI, Discours au Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour la presentation des vœux pour la nouvelle année. Rome, le 7 janvier 2008, n.12.

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ZENIT Staff

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