Gardes suisses : une fidélité "indestructible"

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Entretien avec l’aumônier de la garde pontificale

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H. Sergio Mora

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, lundi 7 mai 2012 (ZENIT.org) – « Leur fidélité au pape est indestructible », déclare l’aumônier de la Garde suisse pontificale, Mgr Alain de Raemy, en parlant des 110 soldats de la petite force militaire chargée de veiller à la sécurité du pape et du Vatican.

La traditionnelle cérémonie de prestation de serment pour 26 d’entre eux, qui ont juré de servir avec fidélité, loyauté et honneur le souverain pontife, représenté par le substitut à la secrétairerie d’Etat, Mgr Giovanni Angelo Becciu, a eu lieu dimanche matin, 6 mai 2012, en la salle Paul VI du Vatican (cf. ZENIT du 6 mai 2012).

Mgr Alain de Raemy, aumônier de la Garde Suisse pontificale, souligne, dans cet entretien accordé à Zenit, que le point de force de la spiritualité des gardes est leur « fidélité au pape » et leur disponibilité à le défendre au risque même de leur vie.

Zenit – Est-il vrai que les Gardes suisses sont prêts à verser leur sang pour défendre le pape ?

Mgr Alain de Raemy – C’est la spiritualité qui les unit tous, l’engagement qui unit tous les gardes suisses, indépendamment de la diversité de leur pratique religieuse. Il suffit de les voir prêter serment pour comprendre combien leur fidélité au pape est indestructible. Ils peuvent avoir des doutes sur leur foi, et peut-être pour certains ne pas aller beaucoup à la messe, mais nous sentirons toujours, toujours, cet attachement au pape. C’est un sentiment qu’ils auront toujours en eux.

Quelle est la spiritualité de la Garde Suisse?

Je dirais qu’il n’y a pas une spiritualité spécifique, une seule spiritualité, étant donné qu’ils arrivent d’expériences familiales, de paroisses très différentes entre elles. Ils sont tous catholiques, baptisés, ont fait leur communion et sont recommandés par les curés de leurs paroisses, mais ils proviennent d’expériences spirituelles très différentes.

Il y a ceux qui ne sont jamais allés à la messe le dimanche, qui sont baptisés, ont fait leur communion, mais leur familles ne pratiquaient pas, et puis ils ont découvert la possibilité d’être enrôlés dans la Garde Suisse et ont, pour cette raison, approfondi leurs raisons de foi.

Donc ils ne sont pas tous pratiquants?

Ils sont conscients d’arriver dans un lieu où normalement on devrait être catholique et pratiquant. Le pape demande d’avoir des catholiques convaincus pour ce service. Mais il en a toujours été ainsi. Beaucoup de Suisses ont saisi cette occasion sans avoir nécessairement une forte motivation religieuse.

Vivent-ils les sacrements?

La messe du dimanche est obligatoire et leur présence est contrôlée militairement. Et cela les gardes le savent déjà quand ils présentent leurs candidatures. Ils savent qu’il y a un aumônier qui leur donnera une instruction religieuse durant leur école de formation. Pendant cette période, je fais une catéchèse sur le ministère de Pierre, sur l’histoire des papes et de l’Eglise. Une catéchèse intensive qui s’étend sur un mois.

Quelles sont les tâches d’un aumônier des gardes suisses?

Célébrer la messe en la chapelle de la Garde et offrir des exercices spirituels annuels. En collaboration avec le commandant et d’autres officiers, l’aumônier est responsable d’activités culturelles au sein du Corps et s’occupe aussi du recrutement des nouveaux gardes. Il est aussi responsable de la bibliothèque.

Et au point de vue de l’accompagnement personnel ?

Je dois être très proche des gardes. Je leur rends visite quand ils sont seuls depuis longtemps et je pense que c’est une occasion de développer un dialogue personnel.

Vous est-il arrivé de les confesser ?

Oui, cela m’est arrivé. Les gardes ont leurs exercices spirituels durant le Carême, une période plus légère pour eux car le pape et la Curie suspendent leurs activités.

Combien de temps durent les exercices spirituels ?

Il y a quatre jours d’exercices spirituels avec un prédicateur choisi par moi. Au cours de cette période on assiste à un grand nombre de confessions. Dans de nombreuses régions suisses, on pratique la confession collective, par conséquent les fidèles ne sont plus habitués à la confession privée. Si bien que durant le Carême, nous trouvons des gardes qui se confessent pour la première fois.

Ils sont laïcs mais militaires, quel impact cela a-t-il sur l’avenir de leur vie spirituelle?

Le corps des gardes suisses est un excellent réservoir de vie consacrée. La moyenne est de une ou deux vocations par an. Il n’est pas rare que des personnes auxquelles on n’aurait jamais pensé deviennent prêtres, religieux ou diocésains.

Et ils sont aussi de très bons prêtres ?

Oui, parce qu’ils ont entendu le pape en direct, non pas déformé par les médias. Ils ont donc pratiqué la fidélité au pape et ont pu écouter, connaître et suivre la direction spirituelle du pape et de l’Eglise.

En revanche, ils peuvent avoir une attitude d’obéissance formelle, qui les empêche parfois d’aller plus au fond. Mais leur obéissance est aussi positive, car ils font confiance aux supérieurs et acceptent avec confiance les conséquences de leur attitude dans la foi.

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ZENIT Staff

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