Frère Roger, une vie offerte pour la réconciliation entre les chrétiens

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L’héritage du religieux assassiné à l’âge de 90 ans

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ROME, Mercredi 17 août 2005 (ZENIT.org) – « Dieu ne crée ni peur ni inquiétude, Dieu ne peut que nous aimer ». Ces paroles, que le frère Roger avait écrites à l’occasion de la rencontre européenne de jeunes à Lisbonne, du 28 décembre 2004 au 1 janvier 2005, résument le message de sa vie offerte pour la réconciliation entre les chrétiens.

Nous publions ci-dessous une note biographique du frère Roger, diffusée par le porte-parole de la Communauté de Taizé, le frère Emile.

Tout a commencé par une grande solitude lorsqu’en août 1940, à l’âge de vingt-cinq ans, frère Roger quitta le pays de sa naissance, la Suisse, pour aller vivre en France, le pays de sa mère. Depuis plusieurs années, il portait en lui l’appel à créer une communauté où se concrétiserait tous les jours une réconciliation entre chrétiens, « où la bienveillance du coeur serait vécue très concrètement, et où l’amour serait au coeur de tout ». Cette création, il désirait l’insérer dans la détresse du moment, et c’est ainsi qu’en pleine guerre mondiale il se fixa dans le petit village de Taizé, en Bourgogne, à quelques kilomètres de la ligne de démarcation qui coupait la France en deux. Il cacha alors des réfugiés (en particulier des juifs), qui savaient qu’en fuyant la zone occupée, ils pourraient trouver refuge dans sa maison.

Plus tard, des frères le rejoignirent, et c’est le jour de Pâques 1949 que les premiers frères s’engagèrent pour toute l’existence dans le célibat, la vie commune et une grande simplicité de vie.

Dans le silence d’une longue retraite, au cours de l’hiver 1952-1953, le fondateur de la communauté écrivit la Règle de Taizé, exprimant pour ses frères « l’essentiel permettant la vie commune ».

A partir des années cinquante, certains frères allèrent vivre en des lieux défavorisés pour se tenir aux côtés de ceux qui souffrent.

Dès la fin des années cinquante, le nombre de jeunes se rendant à Taizé s’accrut sensiblement. A partir de 1962, des frères et des jeunes, envoyés par Taizé, ne cessèrent d’aller et venir dans les pays d’Europe de l’Est, avec la plus grande discrétion, afin de ne pas compromettre ceux qu’ils soutenaient.

De 1962 à 1989, frère Roger lui-même a visité la plupart des pays d’Europe de l’Est, parfois pour des rencontres de jeunes, autorisées mais très surveillées, parfois pour de simples visites, sans possibilité de parler en public («Je me tairai avec vous », disait-il aux chrétiens de ces pays).

C’est en 1966 que des soeurs de Saint-André, communauté catholique internationale fondée il y a plus de sept siècles, vinrent habiter le village voisin et commencèrent à assumer une partie des tâches de l’accueil. Plus récemment quelques sœurs ursulines polonaises vinrent aussi apporter leur collaboration.

La communauté de Taizé rassemble aujourd’hui une centaine de frères, catholiques et de diverses origines évangéliques, issus de plus de vingt-cinq nations. De par son existence même, elle est un signe concret de réconciliation entre chrétiens divisés et entre peuples séparés.

Dans un de ses derniers livres, intitulé « Dieu ne peut qu’aimer », (Presses de Taizé), frère Roger décrivait ainsi son cheminement œcuménique :

« Puis-je rappeler ici que ma grand-mère maternelle a découvert intuitivement comme une clé de la vocation œcuménique et qu’elle m’a ouvert une voie de concrétisation ? Marqué par le témoignage de sa vie, et encore très jeune, j’ai trouvé à sa suite ma propre identité de chrétien
en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque. »

Les frères n’acceptent aucun don, aucun cadeau. Ils n’acceptent pas non plus pour eux-mêmes leurs propres héritages personnels, mais en font don aux plus pauvres. C’est par leur travail qu’ils gagnent la vie de la communauté et partagent avec d’autres.

De petites fraternités se trouvent maintenant insérées dans des quartiers déshérités en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et du Nord. Les frères tentent d’y partager les conditions de vie de ceux qui les entourent, s’efforçant d’être une présence d’amour auprès des plus pauvres, des enfants de la rue, des prisonniers, des mourants, de ceux qui sont blessés jusque dans leurs profondeurs par des ruptures d’affection, par des abandons humains.

Venant du monde entier, des jeunes se retrouvent aujourd’hui à Taizé toutes les semaines de l’année pour des rencontres pouvant rassembler d’un dimanche à l’autre jusqu’à six mille personnes représentant plus de soixante-dix nations. Avec les années, des centaines de milliers de jeunes se sont succédé à Taizé, méditant le thème « vie intérieure et solidarités humaines ». Aux sources de la foi, ils cherchent à découvrir un sens à leur vie et se préparent à prendre des responsabilités là où ils vivent.

Des hommes d’Église se rendent également à Taizé, et la communauté a ainsi accueilli le pape Jean-Paul II, trois archevêques de Canterbury, des métropolites orthodoxes, les quatorze évêques luthériens suédois, et de nombreux pasteurs du monde entier.

Pour soutenir les jeunes générations, la communauté de Taizé anime un « pèlerinage de confiance sur la terre ». Ce pèlerinage n’organise pas les jeunes en un mouvement qui serait centré sur la communauté, mais les stimule à être porteurs de paix, de réconciliation et de confiance dans leurs villes, leurs universités, sur leurs lieux de travail, dans leurs paroisses, et cela en communion avec toutes les générations. Comme étape de ce « pèlerinage de confiance sur la terre », une rencontre européenne de cinq jours réunit à la fin de chaque année plusieurs dizaines de milliers de jeunes dans une métropole européenne, à l’Est ou à l’Ouest.

A l’occasion de la rencontre européenne, frère Roger publiait tous les ans une « lettre », traduite en plus de cinquante langues, reprise et méditée ensuite pendant toute une année par les jeunes, chez eux ou lors des rencontres à Taizé. Cette lettre, le fondateur de Taizé l’a souvent écrite à partir d’un lieu de pauvreté où il a vécu un temps (Calcutta, Chili, Haïti, Éthiopie, Philippines, Afrique du Sud…).

Aujourd’hui, dans le monde entier, le nom de Taizé évoque paix, réconciliation, communion, et l’attente d’un printemps de l’Église : « Quand l’Église écoute, guérit, réconcilie, elle devient ce qu’elle est au plus lumineux d’elle-même : limpide reflet d’un amour » (frère Roger).

Pour de plus amples informations sur frère Roger et sur la Communauté de Taizé, cf. www.taize.fr.

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ZENIT Staff

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