France : « Une laïcité que nous souhaitons ouverte », par le P. Feroldi

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Cérémonie au cimetière militaire de la DOUA, à Villeurbanne

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ROME, Vendredi 17 décembre 2010 (ZENIT.org) – « Il est heureux que, depuis des décennies, dans le cadre d’une laïcité que nous souhaitons ouverte et au service de tous les citoyens, notre pays soit accueillant à toutes les religions », a déclaré le P. Feroldi, hier, le 16 décembre, à l’occasion d’une cérémonie au cimetière militaire de la DOUA, à Villeurbanne.

Une cérémonie qui a eu lieu à l’invitation des responsables musulmans, après des propos tenus par Mme Le Pen à propos des musulmans, dans cette ville.

P. Vincent Feroldi, représentant le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, primat des Gaules, a pris la parole. Une intervention publiée par la conférence des évêques de France et que nous reprenons intégralement ci-dessous.

Intervention du P. Feroldi

Si je suis là, représentant le Cardinal Philippe Barbarin et la communauté catholique, c’est bien parce que des liens forts d’amitié nous unissent et que, depuis des décennies, des faits témoignent de cette réelle et active amitié.

Aujourd’hui comme hier, il est important pour nous de nous entre-connaître. Il est important pour nous, comme nous le dit Jésus, de nous aimer les uns les autres.

Voici 62 ans, à quelques jours près – c’était le 10 décembre 1948 -, à Paris, au Palais de Chaillot, fut adoptée la Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans son article 18, nous pouvons lire : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».

Il faut que cet article puisse se vivre sereinement et paisiblement en notre pays, d’autant plus que le préambule de notre Constitution française  affirme que « le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789… »

Or, que lit-on dans cette Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789 à l’article 10 si ce n’est : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi », article que je complèterai par l’article 4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ».

La grandeur de l’homme est non seulement d’agir, de faire, de créer, de partager mais aussi de penser, de réfléchir et, pour les croyants, de prier. La dimension spirituelle fait partie de son être.

Il est à l’honneur d’une société, et tout particulièrement d’une communauté nationale, de permettre à tout un chacun de vivre cette dimension, s’il le désire.

Il est heureux que, depuis des décennies, dans le cadre d’une laïcité que nous souhaitons ouverte et au service de tous les citoyens, notre pays soit accueillant à toutes les religions et permettent son exercice.

Nous sommes en un lieu où reposent des hommes qui ont donné leur vie pour notre pays et pour que, nous tous, ici rassemblés, nous puissions vivre en paix et ensemble. Ces hommes, ce sont les 78 résistants français fusillés ici même. Ce sont les soldats français morts au combat en Indochine, en Algérie et au Liban. Ce sont les combattants ressortissants des anciennes colonies françaises et de pays alliés, morts lors des deux guerres mondiales.

Ils étaient chrétiens, juifs, athées, agnostiques, musulmans… Ils ont été solidaires dans l’épreuve. Ils ont témoigné de leur amour de la France. Merci  à eux, et tout particulièrement, merci à vous, combattants musulmans morts pour la France.

Puissions-nous ne pas oublier aujourd’hui votre sacrifice !

Puissions-nous faire cesser, aujourd’hui, les actes de provocations, les paroles mensongères, les agressions verbales et parfois, malheureusement, physiques !

Sachons, ensemble, dans la diversité de nos croyances et de nos opinions, vivre de la liberté, de l’égalité et de la fraternité qui est notre ciment sociétal.

 

Père Vincent Feroldi

Délégué épiscopal aux relations avec les musulmans

Diocèse de Lyon

16 décembre 2010

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ZENIT Staff

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