France : Mgr Moussaron « Juste parmi les Nations » à titre posthume

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Il avait protesté contre la persécution des Juifs

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ROME, Mardi 24 août 2010 (ZENIT.org) – Mgr Jean-Joseph-Aimé Moussaron, qui fut archevêque d’Albi de 1940 à 1956, a reçu, dimanche 4 juillet 2010, à titre posthume, la médaille et le diplôme d’honneur de « Justes parmi les Nations », a signalé le site de l’Eglise catholique en France.

Mgr Jean-Joseph Moussaron fut archevêque d’Albi de 1940 à 1956. Il a en effet sauvé durant l’occupation plusieurs juifs.

La Dépêche rappelle cette phrase, extraite du Talmud et gravée sur la médaille des Justes parmi les nations : « Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier ».

Le quotidien rapporte les paroles du délégué régional du comité français pour Yad Vashem, le Dr Albert Seifer : « Il ne s’agit pas d’une récompense ni d’une décoration, mais simplement d’un témoignage de gratitude et de reconnaissance de l’État d’Israël et du peuple juif ».

« Nous les mettrons en bonne place dans le hall d’accueil de l’archevêché pour que le public ait connaissance de cette page d’histoire du diocèse », a indiqué l’actuel archevêque d’Albi, Mgr Pierre-Marie Carré, qui a été le récipiendaire de la décoration.

« Combien de juifs a-t-il contribué à sauver ? », se demande l’abbé Pierre Mathieu, prêtre retiré à Castres qui a mené un passionnant travail d’historien sur la question, toujours selon la même source. L’auteur du livre « Des chrétiens au secours des juifs dans le Tarn, 1942-1944 » a recensé 16 institutions catholiques qui, sur instruction de Mgr Moussaron, auraient ouvert leurs portes aux réfugiés juifs, en particulier aux enfants. Il cite le sauvetage de 6 fillettes de 11 ans, accueillies à l’école privée d’Alban. La mère supérieure avait donné ces consignes au personnel enseignant : « Même si on menace de vous couper la tête, vous ne direz pas que ce sont des juives. »

La Dépêche rapporte aussi que Arlette et Claude Zénati, sauvés eux aussi par cette loi du silence et cet élan d’humanisme, ont écrit au comité français de Yad Vashem pour que l’action de l’archevêque d’Albi soit reconnue.

Arrivés fin 1942 dans le quartier du Gô, à Albi, avec leurs parents et leur tante, ils échappèrent à une rafle en 1943 grâce aux Dominicaines d’Albi. La famille sera ensuite cachée par la congrégation du Sacré-Cœur, à Valence-d’Albigeois. Arlette et Claude, qui vivent à Paris, n’ont pu être présents hier à la mairie d’Albi mais une autre enfant sauvée, Nicole Dreyfus née Haas, a livré un témoignage très émouvant sur Mgr Moussaron, « un homme, dira le consul général d’Israël Shmuel Sivan, dont le dévouement et le courage n’avaient d’égal que la modestie et le sens du devoir ».

Mai 1942, les Haas, des commerçants de Strasbourg, se réfugient à Graulhet. Puis, la famille s’installe à Albi, rue de Verdusse. Dénoncés, les parents doivent aller se cacher à Réalmont où le père, Georges, rejoint le maquis. Nicole, interne à l’école supérieure de jeunes filles (le collège Balzac) trouvera un grand soutien auprès de Mgr Moussaron. « Il me faisait venir le dimanche pour déjeuner. J’étais la petite juive à qui on expliquait qu’on peut prier dans n’importe quel lieu. Dieu t’entendra partout, me disait-il. C’est la première personne qui m’a parlé d’œcuménisme. ça m’a marqué toute ma vie. »

Mgr Moussaron fut arrêté par la Gestapo le 12 Juin 1944. Il fut emprisonné à Toulouse avant d’être libéré grâce à ‘intervention de la supérieure des Sœurs du Bon Sauveur, de la soeur économe et d’un médecin allemand anti-nazi.

La cérémonie de remise de la médaille des Justes présidée par M. Philippe Bonnecarrère, maire d’Albi, entouré de Monsieur Pierre Costes, conseiller municipal délégué aux anciens combattants, et du conseil municipal, s’est déroulée à l’Hôtel de Ville en la Salle des Etats Albigeois, à 11h, en présence de Monsieur Shmuel Sivan, consul d’Israël à Marseille, du Docteur Albert Seifer, délégué régional du comité français pour Yad Vashem et de Mgr Carré.

Le Cardinal Jules Saliège, archevêque de Toulouse et Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, qui s’étaient, comme lui, élevés dès 1942 contre les persécutions faites aux juifs, ont également été nommés « Justes parmi les nations » en 1969.

La médaille des Justes est décernée par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem aux personnes non juives qui ont sauvé des juifs sous l’occupation allemande 1939-45, au péril de leur vie.

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ZENIT Staff

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