France: "La déchristianisation croissante est le défi majeur . L’urgence est à la mission"

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Le ministère des prêtres diocésains « essentiel pour les Églises locales »

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CITE DU VATICAN, Samedi 24 janvier 2004 (ZENIT.org) – « La déchristianisation croissante est le défi majeur du moment, que je vous appelle à relever, mobilisant à cet effet tous les prêtres de vos diocèses. L’urgence est à la mission », déclare le pape Jean-Paul II dans ce IVe discours aux évêques de France, sur le ministère des prêtres diocésains – « essentiel pour les Églises locales » -, et sur la sollicitude des évêques à leur égard. En vue de la mission, le pape insiste sur l’importance de la vie spirituelle du prêtre diocésain. Il dit aussi sa « prière incessante » pour que des jeunes de France entendent « l’appel au sacerdoce ».

Voici le texte du discours du pape Jean-Paul II aux évêques de France à l’occasion de la visite ad limina des évêques des provinces ecclésiastiques de Montpellier et de Toulouse, qu’il a reçus ensemble ce samedi 24 janvier 2004, tandis qu’il les avait reçus individuellement au cours de la semaine (Cf. ci-dessous in « documents » pour le texte intégral).

 » La déchristianisation croissante est le défi majeur du moment, que je vous appelle à relever, mobilisant à cet effet tous les prêtres de vos diocèses, demande le pape. L’urgence est à la mission, à laquelle tous les disciples du Seigneur se doivent de participer, à l’évangélisation d’un monde qui, non seulement ne connaît plus les aspects fondamentaux du dogme chrétien, nécessaires pour une existence chrétienne et une participation fructueuse à la vie sacramentelle, mais qui a, pour une grande part, perdu même la mémoire des éléments culturels du christianisme ».

Jean-Paul II recommande:  » Face aux charges de plus en plus lourdes que les prêtres doivent affronter, il est important de les aider à discerner les priorités et à favoriser les collaborations confiantes avec les laïcs, dans le respect des responsabilités qui incombent à chacun. Je sais la joie et le bonheur dont ils font l’expérience dans leur ministère, dans l’annonce de la Parole de Dieu, dans les contacts directs avec des hommes, des femmes et des enfants, dans le partage des responsabilités avec des laïcs. Qu’y a-t-il de plus beau pour un pasteur que de voir des fidèles grandir en humanité et dans la foi, et prendre leur place dans l’Église et dans la société ? »

Le pape évoque « la situation particulièrement alarmante » pour l’avenir du clergé en France, décrite par les rapports des évêques et confie aux évêques: « Je fais monter vers le Seigneur une prière incessante pour que des jeunes acceptent d’entendre l’appel au sacerdoce – tout spécialement au sacerdoce diocésain – et s’engagent à la suite du Christ, en quittant tout à la manière des apôtres ».

« Je comprends aisément que, comme les prêtres, vous puissiez parfois être démoralisés devant la situation et les perspectives d’avenir, mais je voudrais vous inviter à l’espérance et à un engagement toujours plus résolu en faveur du sacerdoce. Même s’il convient d’être réalistes devant les difficultés, il ne faut pas cependant céder au découragement, ni se contenter de regarder les chiffres et la baisse du nombre de prêtres, dont nous ne pouvons pas d’ailleurs nous sentir totalement responsables », encourage Jean-Paul II.

Il recommande aux évêques de  » renouveler et de raffermir la pastorale des vocations ». Et d’ajouter: « Ce qui peut éloigner la jeunesse, souvent marquée par la vie facile et superficielle, c’est d’abord l’image du prêtre, dont l’identité, dans la société moderne, est peu assurée et de moins en moins claire, et dont la charge est aussi de plus en plus lourde. Il est essentiel de raffermir cette identité, en faisant apparaître de manière plus nette les contours de la figure du prêtre diocésain. En effet, comment des jeunes pourraient-ils être attirés par une forme de vie s’ils n’en saisissent pas la grandeur et la beauté, et si les prêtres eux-mêmes ne prennent pas soin d’exprimer leur enthousiasme pour la mission de l’Église ? »

« Homme au milieu de ses frères, mis à part pour mieux les servir, le prêtre trouve sa joie et son équilibre de vie dans sa relation au Christ et dans son ministère. Il est le pasteur du troupeau, qui guide le peuple de Dieu, qui célèbre les sacrements, qui enseigne et annonce l’Évangile, assurant aussi une paternité spirituelle par l’accompagnement des fidèles. En tout cela, il est à la fois le témoin et l’apôtre qui, à travers les différents actes de son ministère, manifeste son amour pour le Christ, pour l’Église et pour les hommes », précise le pape.

Il ajoute: « Je voudrais saluer le courage, le zèle et la ténacité des prêtres, qui accomplissent leur ministère dans des conditions souvent très difficiles, au sein d’une société où ils ne sont pas tellement reconnus (…) Qu’ils n’oublient jamais que par les actes de leur ministère ils rendent présente la tendresse de Dieu et qu’ils communiquent aux hommes la grâce dont ils ont besoin ! Portez-leur l’affection du Successeur de Pierre, qui les accompagne quotidiennement par sa prière ! Invitez-les, dans les rencontres avec les jeunes et dans leurs homélies, à rendre compte du bonheur qu’il y a à suivre le Christ dans le sacerdoce diocésain ! Ma prière affectueuse rejoint tout spécialement les prêtres âgés ou malades, qui, par leur vie d’intercession et par un ministère à la mesure de leurs forces, continuent de servir l’Église, d’une autre manière ».

En vue de la mission, le pape insiste sur la vie spirituelle du prêtre en disant: « Les urgences de la mission et les sollicitations multiples des hommes font courir aux prêtres, trop peu nombreux, le risque de négliger ou de laisser s’affadir leur vie spirituelle; de même, ils ont à concilier les exigences de l’existence quotidienne, du ministère, de la formation permanente et de leur temps de repos pour refaire leurs forces, afin de ne pas mettre en péril leur équilibre de vie humain et affectif. Ce qui compte avant tout pour le prêtre, c’est l’édification et la croissance de sa vie spirituelle, fondée sur une relation quotidienne avec le Christ, structurée par la célébration eucharistique, la Liturgie des Heures, la lectio divina et l’oraison. C’est cette relation qui fait l’unité de l’être sacerdotal et du ministère. Plus la charge est lourde, plus il importe d’être proche du Seigneur afin de trouver en lui les grâces nécessaires au service pastoral et à l’accueil des fidèles ».

« C’est en effet l’expérience spirituelle personnelle, insiste le pape, qui permet de vivre dans la fidélité et de raviver sans cesse le don reçu par l’imposition des mains (cf. 2 Tm 1, 6). De même, comme je le rappelais dans l’exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, les réponses à la crise du ministère que connaissent beaucoup de pays résident dans un acte de foi total à l’Esprit Saint (cf. n. 1), dans une structuration toujours plus forte de la vie spirituelle des prêtres eux-mêmes, qui les maintiennent dans une marche exigeante dans la voie de la sainteté (cf. nn. 19-20), et dans une formation permanente, qui est comme l’âme de la charité pastorale (cf. nn. 70-81). Il vous revient de veiller à ce que les membres du presbyterium enracinent leur mission sur une vie de prière régulière et fidèle, et sur la pratique du sacrement de la pénitence ».

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ZENIT Staff

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