France : l’accueil des réfugiés, une question évangélique

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Mgr Pontier ouvre l’Assemblée des évêques de France

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La question des réfugiés et des migrants est « aussi une question évangélique », a déclaré Mgr Georges Pontier.

Larchevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France a consacré à l’accueil des réfugiés une grande partie de son discours d’ouverture à l’Assemblée plénière d’automne, le 3 novembre 2015 à Lourdes, rapporte la Conférence des évêques de France.

Mgr Pontier a affirmé que la situation avec les réfugiés et les migrants rappelait un texte évangélique connu : la parabole du bon samaritain. « Les deux premiers passants se sont posé la question de savoir ce qu’il allait leur arriver s’ils s’arrêtaient auprès de l’homme tombé aux mains des bandits, a rappelé larchevêque de Marseille. Le troisième s’est posé la question inverse : que va-t-il m’arriver si je ne m’arrête pas auprès de lui ». « Il m’apparaît que dans les débats de société, la même question morale s’exprime avec clarté », a-t-il déclaré.

« On se demande souvent, a continué Mgr Pontier, que va-t-il nous arriver, à nous et à notre pays si nous accueillons ceux qui même parfois, pour effrayer davantage, sont qualifiés de horde envahissante ? Tout homme et les chrétiens en particulier, à la suite de Celui qui a dit à la fin de la parabole : « Va et fais de même », sont invités à se poser la véritable question, celle qui s’impose à leur conscience : Que va-t-il leur arriver si nous ne les accueillons pas ? »

Mgr Pontier a insisté sur le fait que que l’histoire de la France, comme celle de beaucoup d’autres pays, enseignait « combien les nations se sont faites par des vagues successives de migrants » qui avaient « apporté, une fois accueillis, la richesse de leurs capacités, de leurs formations, de leur énergie amplifiée par la joie d’avoir enfin trouvé une terre hospitalière qui devient un jour la leur et celle de leur descendance ».

Les six évêques français qui ont participé au synode sur la famille à Rome, écoutaient les témoignages des « patriarches des Églises orientales » sur « le sort de nos frères chrétiens condamnés à l’exil » et « à une patience héroïque », a dit Mgr Pontier. « Leur sentiment profond est que ce qui leur arrive ne vient pas surtout d’eux-mêmes, mais bien de facteurs politiques qui les dépassent et dont l’Occident n’est pas exempt de responsabilités graves. Ils nous demandent de faire entendre la voix de leurs peuples auprès de nos gouvernants », a-t-il souligné.

« Au-delà des solutions politiques dont les décisions nous échappent, a ajouté le président de la Conférence des évêques de France, nous savons l’importance de l’opinion publique, du tissu associatif, de l’engagement de chacun à son niveau. C’est un problème profondément humain que certains malheureusement ne manquent pas d’instrumentaliser en flattant les peurs et les égoïsmes. »

Mgr Pontier a rappelé qu’il y avait « bientôt un an » que le pape François s’était exprimé au Parlement européen de Strasbourg sur la nécessité « d’affronter ensemble la question migratoire ». « L’Europe, a dit Mgr Pontier en citant le pape, sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle, et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants. »

Mgr Pontier a répété qu’« une fois de plus » « nous sommes appelés » «  à la responsabilité », « à la solidarité », « à l’étude objective de ces phénomènes migratoires et à la perception que tous les pays d’Europe n’en sont pas touchés de façon identique, ce qui nécessite une organisation juste, respectueuse des projets des personnes et à la hauteur des défis de ce dramatique exode ».

L’archevêque de Marseille a évoqué le dixième anniversaire des émeutes qui ont marqué les banlieues françaises en novembre 2005, suite à la mort tragique de deux adolescents. Il a souligné que « les questions » auxquelles notre société cherchait « une réponse » apparaissaient « souvent » sous la forme « des alternatives » : « être pris par des peurs aux formes multiples ou s’engager pour un monde fraternel et solidaire ». 

Les évêques français veulent « inviter les fidèles de [leurs] communautés à mettre leur confiance en la fidélité de Dieu, en la force de sa grâce, en sa miséricorde infinie », a conclu Mgr Pontier. « Nous voulons les inviter à être des artisans de paix, de dialogue, des acteurs de justice et de fraternité généralisée. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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