France : Eugénisme révélé par une « défaillance » du dépistage prénatal

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Souci des femmes enceintes ou crainte des poursuites judiciaires ?

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ROME, Mardi 26 mai 2009 (ZENIT.org) – « Une « défaillance » dans le système de dépistage prénatal (DPN) de la trisomie 21 en révèle – une fois de plus – son essence eugéniste », dénonce aujourd’hui « Gènéthique », la synthèse de presse de la Fondation Jérôme Lejeune.

Alors que le Conseil d’Etat français vient de rendre public son rapport préparatoire à la révision de la loi de bioéthique, dans lequel il appelle à la vigilance en matière de dépistage de la trisomie 21 face aux dérives eugénistes, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) annonce qu’une « défaillance » d’un dispositif de DPN a entraîné, depuis octobre 2008, une « sous-estimation du risque de trisomie 21 » chez un certain nombre de femmes enceintes.

Selon la société Siemens Healthcare Diagnostics, c’est « une inadaptation des valeurs de références d’un logiciel » utilisé dans le dosage des marqueurs sériques maternels qui est à l’origine de cette « sous-estimation du risque de trisomie 21 ». 2 425 résultats du calcul de facteur de risque établis à partir de marqueurs sériques maternels, entre le 15 octobre 2008 et le 24 avril 2009, ont dû être recalculés et 374 femmes enceintes ont été « reclassées dans la zone de risque supérieur ».

Cette nouvelle aura au moins eu le mérite de faire préciser à l’Afssaps que le dosage des marqueurs sériques « ne constitue en aucun cas un diagnostic de certitude mais un facteur de risque »…

Qu’on se rassure, les femmes concernées « ont été ou seront prochainement contactées par leur médecin ». Mais, que va-t-on leur dire à ces femmes qui, pour certaines, en sont à leur 9e mois de grossesse ? Dans cette démarche, les autorités compétentes ne sont-elles pas mues, plutôt que par la recherche du bien-être des femmes (chez qui une telle nouvelle ne peut que générer des angoisses bien légitimes), par la seule volonté d’échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires ?

On est réellement en droit de se demander si les conséquences d’un tel acte ont été même simplement mesurées. Et ce, d’autant plus qu’une récente étude de l’Inserm (1) a révélé que l’information des femmes dans le domaine laissait largement à désirer. Selon cette étude en effet, « la moitié de celles [les femmes enceintes] qui ont accepté une échographie et un test sanguin n’avaient pas conscience qu’elles pourraient être amenées à prendre d’autres décisions : faire ou non une amniocentèse et, en cas de diagnostic avéré de trisomie 21, poursuivre ou interrompre leur grossesse ».

Ajoutez enfin à cela que, pour la première fois, en début d’année, les autorités ont communiqué sur les risques inhérents à la technique de l’amniocentèse (celle-ci entraînant une fausse-couche dans près de 1% des cas). Mais, ici encore, cette information, jusqu’alors passée sous silence, n’avait pas pour but de prévenir les femmes des risques qu’elles encourent en pratiquant une amniocentèse mais celui de promouvoir la mise en place d’un dépistage plus précoce et plus performant !

Bref, c’est la 3e fois en moins de six mois que notre système de dépistage révèle son essence eugéniste sans qu’aucune autre conclusion que celle qu’il est nécessaire encore d’améliorer l’éradication des personnes trisomiques ne soit tirée.

A quelques jours du 1er Forum citoyen des Etats généraux de la bioéthique, organisé à Marseille le 9 juin prochain, sur le thème : « L’encadrement actuel de ces diagnostics [prénatal et préimplantatoire] est-il de nature à garantir tout risque d’eugénisme ? », n’est-il pas temps de reconsidérer les « valeurs de références » de notre société ?

(1) – Prenatal screening for Down syndrome: women’s involvement in decision-making and their attitudes to screening – Valerie Seror, Yves Ville, 2009

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ZENIT Staff

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