France: "Défendez votre liberté !", appel de la 39e Assemblée des évêques

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CITE DU VATICAN, Jeudi 4 novembre 2004 (ZENIT.org) – Liberté, communion, solidarité seront à l’ordre du jour de l’assemblée annuelle des évêques de France, à Lourdes, qui s’est ouverte aujourd’hui.

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Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la Conférence des évêques de France, a ouvert ce matin à 9h00 la 39e Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France. Cette Assemblée plénière, la seconde en 2004, se tient à Lourdes du 4 au 9 novembre inclus.

« Défendez votre liberté ! »
Mgr Ricard a en effet commenté cette exhortation de Jean-Paul II à Lourdes, le 15 août dernier : « La Vierge de Lourdes a enfin un message pour tous : le voici : soyez des femmes et des hommes libres ! Mais rappelez-vous : la liberté humaine est une liberté marquée par le péché. Elle a besoin elle aussi d’être libérée. Christ en est le libérateur, Lui qui « nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres » (Gal 5, 1.) Défendez votre liberté ! »

« La liberté, la vraie liberté, la liberté spirituelle est un don de Dieu (… ). Cette liberté est le fruit d’une libération, une libération du péché, c’est-à-dire de tout ce qui nous replie, nous recentre sur nous, nous empêche d’être en relation harmonieuse avec les autres, avec Dieu et avec nous-mêmes », expliquait Mgr Ricard.

« Cette libération fait de nous des êtres libres, c’est-à-dire capables d’aimer, disponibles au souffle d’amour de l’Esprit, prêts à porter ce fruit de l’Esprit qu’est l’amour avec ses différentes composantes », continuait Mgr Ricard.

Confiance et assurance dans le témoignage à rendre à l’Evangile
Il ajoutait, mentionnant le congrès que vient de vivre le diocèse de Paris : « Ce qui est au cœur de notre dynamique actuelle d’évangélisation, c’est bien de favoriser et de permettre la rencontre de chacun avec ce Christ libérateur. Il y a vraiment là une Bonne Nouvelle pour l’homme d’aujourd’hui. L’initiative du diocèse de Paris « Toussaint 2004″ en a été, ces jours derniers, une expression forte et joyeuse. Toute notre vie ecclésiale doit être aimantée par cette annonce et par cette invitation à faire entrer dans cette expérience de transformation intérieure apportée par le Christ ».

« Cette liberté apportée par le Christ nous donne confiance et assurance dans le témoignage à rendre à l’Evangile. Nos cœurs sont établis dans la confiance car cette liberté rend l’Eglise libre pour sa mission. Elle la libère de cette tentation de vouloir coûte que coûte négocier une place dans la société, prendre son pouls à chaque sondage d’opinion ou se transformer en forteresse assiégée », soulignait Mgr Ricard. Il citait la Lettre Apostolique Mane Nobiscum Domine de Jean-Paul II qui invite les fidèles « à parler avec assurance ».

Mgr Ricard évoquait les partisans, en France de la « sécularisation complète de la société » pour lesquels « il n’y a ni légitimité ni place pour une manifestation d’une religion dans l’espace public ». Il mentionnait une « triple manifestation de l’influence de ce courant de pensée » : « du côté des aumôneries de l’Enseignement public », le reproche de « prosélytisme », et le projet de loi contre l’homophobie.

Sur le premier point, il faisait remarquer :  » L’expression « L’Ecole publique, sanctuaire de la République », dont les religions restent à la porte, a eu pour effet de rendre plus difficile chez certains la compréhension de la raison d’être d’une aumônerie dans l’Enseignement public ». Il invitait les évêques à « rester vigilants dans ce domaine ».

Pour ce qui est du « reproche qui est souvent fait aux religions pour réduire leur présence dans l’espace public » : « le danger présumé de « prosélytisme ». »

Il affirmait : « Il ne peut y avoir de liberté religieuse que s’il y a liberté d’expression et possibilité de communication de sa pensée, non seulement dans les relations personnelles mais aussi dans l’espace social », citant la déclaration conciliaire Dignitatis Humanae.

Les agressions contre les personnes homosexuelles, fermement condamnées
A propos du « projet de loi relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe va être mis en discussion à l’Assemblée Nationale », le président de la conférence épiscopale faisait observer : « Il vise à modifier certaines dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, dans le but de mettre la sanction des propos homophobes et sexistes sur le même pied d’égalité que la sanction des propos racistes et antisémites. La loi ne précise pas ce qu’est l’homophobie (étymologiquement : la peur du semblable). Elle semble viser les attaques contre les personnes homosexuelles ».

Mgr Ricard déclarait : « L’Eglise a toujours soutenu le respect de la dignité de la personne humaine quelle que soit la situation dans laquelle celle-ci se trouve. Elle-même a le souci de l’accueil de chacun pour le soutenir moralement et spirituellement. Les agressions contre les personnes homosexuelles, parce qu’elles sont homosexuelles, sont inadmissibles. Elles doivent être fermement condamnées ».

Mais, il s’interrogeait : « Faut-il une nouvelle loi pour cela ? Il ne semble pas. Le code pénal est suffisant pour sanctionner, comme il se doit, les délits et les crimes. De récents procès, qui ont condamné des personnes coupables de crimes sur des personnes homosexuelles, témoignent qu’il n’y a pas de vide juridique en la matière. Il est inutile d’ajouter de la loi à la loi ».

La loi proposée tend à supprimer la liberté d’expression
Il précisait : « Sera-t-il encore possible de dire qu’on ne met pas sur le même plan hétérosexualité et homosexualité ? Que la société n’est pas concernée de la même façon par le couple d’un homme et d’une femme qui fondent une famille et par un « couple » homosexuel ? Pourra-t-on dire son désaccord sur la revendication de légalisation de l’union de deux personnes du même sexe, sur l’adoption d’enfants par elles ? Ou bien sera-t-on poursuivi pour discrimination ? Ces questions sont trop graves pour qu’elles ne soient pas largement débattues. Les fondements mêmes de notre société sont en jeu ».
« La loi proposée tend au contraire à supprimer la liberté d’expression sur un sujet qui doit rester ouvert à la discussion, déplorait Mgr Ricard. En ce sens, on peut en redouter des effets liberticides. Dans cette prise de position, nous ne défendons pas simplement la possibilité pour l’Eglise catholique de s’exprimer mais la liberté d’expression de tous dans une société vraiment démocratique ».

La liberté chrétienne, source de solidarité
La liberté chrétienne, soulignait encore Mgr Ricard, est source de communion et de solidarité : il évoquait les « victimes du terrorisme », l’Afrique des Grands Lacs, et la construction de l’union de l’Europe.

Condamnant le « mépris de la vie humaine » des prises d’otage, il ajoutait, en faveur des Irakiens : « A la suite du pape Jean-Paul II, nous ne pouvons que porter dans la prière le peuple irakien, les chrétiens d’Irak, si durement frappés ces derniers temps, la souffrance des otages, l’inquiétude et la douleur de leur famille, celles de nos compatriotes particulièrement ».

Pour ce qui est de l’Afrique des Grands Lacs, il disait : « Ces Eglises … ont besoin de ne pas se sentir seules mais soutenues et aidées par les autres Eglises et par la communauté internationale. Elles nous demandent de relayer leur voix auprès des responsables politiques de notre pays. Nous ne les oublierons pas. Nous les assurons de notre aide, de nos interventions et de notre prière ».

« Dès maintenant, se pose la question de l’engagement des chrétiens et des Eglises chrétiennes dans cette édification de l’union de l’Europe », continuait Mgr Ricard.

Quelle Europe voulons-nous ?
Il interrogeait, mentionnant le centenaire des Semaines sociales, à Lille, en septembre dernier, et la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse de Cologne, en août
2005 : « comment les chrétiens vont-ils se mobiliser pour participer activement à cette aventure européenne ? Quelle Europe voulons-nous ? Quelle Europe promouvoir ? Il faut savoir gré à la dernière Semaine Sociale tenue à Lille, du 23 au 26 septembre, d’avoir apporté une contribution particulièrement riche à cette réflexion. Comme catholiques, reconnaissons que nous avons une longue expérience de rencontres entre Eglises, paroisses, mouvements et services de différents pays du continent européen. Il y a là un capital d’échanges et de fraternité spirituelle qui n’est pas sans importance pour soutenir la dynamique d’une union de l’Europe »

Mgr Ricard annonçait les travaux de l’assemblée, sur la catéchèse, la réforme des structures de la conférence.

Et il concluait : « Que le Seigneur fasse de nous, à sa prière, des hommes libres, des évêques pleinement libres pour le service de Dieu et le service des hommes, sachant qu’en régime chrétien la liberté est un autre nom de la sainteté ».
Mgr Hubert Constant, archevêque du Cap-Haïtien, Président de la Conférence épiscopale d’Haïti, participe à cette assemblée.

L’Assemblée assemble 112 évêques des diocèses de France en exercice, 11 cardinaux et évêques émérites (en retraite), les évêques des territoires d’outre-mer (2), le nonce apostolique (représentant le Pape en France). 14 évêques représentant des Conférences épiscopales étrangères, les secrétaires des services nationaux de l’Église en France, les responsables des Conférences des religieux et religieuses, ainsi que des représentants d’autres confessions chrétiennes assistent également à l’Assemblée plénière.

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ZENIT Staff

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