France: Déclaration des évêques sur "le respect de la création"

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« Une autodiscipline de la part des pays les plus avancés s’impose »

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CITE DU VATICAN, Mardi 3 septembre 2002 (ZENIT.org) – A l’occasion du sommet de Johannesburg, le P. Damien Le Douarin, Secrétaire de la Commission sociale de la Conférence des évêques de France présente la Déclaration des évêques de France sur « le respect de la création » sur le site de la Conférence des évêques de France (http://www.cef.fr). Les évêques proposent une action à mener au niveau personnel et dans la société civile et politique. « Nous empruntons la terre à nos enfants », insiste le P. Le Douarin.

La déclaration de la Commission sociale des évêques de France est publiée par le Centurion, le Cerf et Fleurus-Mame (40 pages). Elle est précédée d’une « Ouverture » signée de Mgr Olivier de Berranger, Président de la Commission sociale, et suivie de plusieurs annexes composées de psaumes, de prières et d’un texte de Pax Christi-France qui a collaboré activement à la réalisation de la déclaration.

« Une autodiscipline de la part des pays les plus avancés s’impose », écrit le P. Le Douarin, en citant cette phrase de Jean-Paul II: « Il n’est pas juste qu’un petit nombre de privilégiés continue à accumuler les biens superflus en dilapidant les richesses disponibles, alors que des multitudes de personnes vivent dans des conditions de misère, au niveau les plus bas de la vie ».

Présentation

Les derniers jours du XXe siècle ont été caractérisés par deux événements qui ont marqué notre pays. D’une part, 21 ans après l’échouage de l’Amoco Cadiz, une nouvelle marée noire, provoquée par le naufrage du pétrolier Erika, a pollué 400 kilomètres du littoral atlantique, provoquant la suspension d’activités pour bon nombre de pêcheurs, ostréiculteurs, professionnels du tourisme et entraînant la mort de milliers d’oiseaux, englués dans le mazout. D’autre part, une tempête, qualifiée d' »exceptionnelle », a causé la mort de plus de 80 personnes et provoqué des dégâts considérables. Fatalité d’un phénomène qui a toujours existé? Conséquence d’un réchauffement climatique dû à l’effet de serre? Toujours est-il que notre civilisation technologique découvre une fois de plus sa grande fragilité et la fragilité de notre planète.

La récente Déclaration de la Commission sociale des évêques de France, intitulée « Le respect de la création », vient rappeler à tous l’importance des problèmes de l’environnement. Sans tomber dans le catastrophisme inutile, force est de constater que le XXIe siècle dans lequel nous allons entrer devra affronter de nombreux et grands défis. « Ne nous sommes-nous pas comportés comme des prédateurs au détriment des générations qui nous suivent? » (n° 2).

Le poids de l’héritage

« Parce qu’il a donné la primauté au court terme, au productivisme mû par la recherche de produits immédiats » (n°4), le XXe siècle ne nous lègue pas que ses grandes réalisations. « Bien des déchets nucléaires ou toxiques ne sont pas ou sont mal éliminés. Des métaux lourds et des pollutions chimiques (pesticides, engrais…) sont emmagasinés dans les sols, les sédiments et les océans… » (n°4).

Au cours du XXIe siècle, les pressions sur l’environnement vont encore augmenter du fait de la croissance prévisible de la population mondiale et du nécessaire développement des pays du tiers-monde. Ce qui laisse prévoir une pénurie d’eau potable, source de conflits potentiels, en plusieurs points de la planète, la pénurie d’autres ressources, l’effet de serre, la désertification de nombreux territoires et les multiples formes de la pollution…

On parle d’une « 3e révolution industrielle », celle des biotechnologies et des nouvelles technologies de l’information: elles peuvent offrir des opportunités nouvelles pour la gestion de l’environnement mais font émerger également de nouveaux risques. Quelles en seront les conséquences? « Des inquiétudes se manifestent déjà quant aux biotechnologies, au génie génétique, au clonage, aux organismes génétiquement modifiés (OGM) » (n°6).

Respecter la création

Les pouvoirs politiques ont commencé à réagir à ces problèmes, spécialement dans le cadre des Conférences de Stockholm (1973) et de Rio de Janeiro (1992), celles-ci reconnaissant et adoptant le concept de « développement durable » et le « principe de précaution ». Les Églises l’ont fait également en particulier dans les rassemblements œcuméniques de Bâle (1989) et de Graz (1997).

La spécificité chrétienne consiste à se référer à la création: « Toute atteinte à la création est un affront au Créateur » (Cardinal Villot – 1971).
Aussi la déclaration de la Commis-sion sociale des évêques de France invite-t-elle les catholiques à revisiter leur théologie de la création.
L’attitude fondamentale vis-à-vis de la création ne doit pas être d’abord une attitude de domination sans retenue, mais de respect.

L’homme doit se considérer comme « gérant » et « jardinier »: « L’homme n’est pas le maître absolu de la création. S’il a le droit d’en user, il n’a pas celui d’en abuser. Il doit en être l’intendant et le gestionnaire responsable » (n°12).

Enfin, l’homme est appelé à dépasser une attitude utilitaire vis-à-vis de la création, à mettre un frein à la course effrénée au « toujours plus »: il se doit d’équilibrer l’action et la contemplation. Une véritable conversion est nécessaire « afin de reconnaître la beauté de la création et préserver le « bien commun » de toute l’humanité » (n°14).

Une action à mener dans deux directions:

L’existence personnelle

« Chacun est appelé à repenser fondamentalement ses habitudes de vie, qu’il s’agisse de nourriture -frugalité, modération- des moyens de transport, des achats de biens d’équipement… » (n°16). Une autodiscipline de la part des pays les plus avancés s’impose: « Il n’est pas juste qu’un petit nombre de privilégiés continue à accumuler les biens superflus en dilapidant les richesses disponibles, alors que des multitudes de personnes vivent dans des conditions de misère, au niveau les plus bas de la vie » (Jean-Paul II).

Dans la société civile et politique

« C’est là que des progrès ou des innovations décisifs peuvent naître en matière de transport public, d’urbanisme, de gestion des ressources, de traitement des eaux et des ordures… C’est là qu’il est possible de donner à l’environnement la place essentielle qu’il mérite » (n°18).

Comme l’a si bien écrit Antoine de Saint-Exupéry: »Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

P. Damien Le Douarin
Secrétaire de la Commission sociale

© cef.fr

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ZENIT Staff

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