France Catholique: un hebdomadaire qui mise beaucoup sur internet

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Entretien avec Frédéric Aimard, rédacteur en chef

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CITE DU VATICAN, Mercredi 27 mars 2002 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous un entretien avec Frédéric Aimard, 49 ans, rédacteur en chef de l´hebdomadaire « France Catholique ».
Propos recueillis par Anita Bourdin.

Z : Depuis quand existe votre journal ?

F.A. : Depuis 1924, mais ses heures de gloire se situent plutôt dans les années 50 et 60. Tout ce qui comptait alors dans l´intelligence catholique écrivait pour  » France Catholique « . Le niveau était plutôt élevé et le ton parfois polémique. En tout cas la fidélité à l´Eglise et au Pape ont toujours été la caractéristique principale de « France Catho ».

Z : Aujourd´hui, vous n´êtes pas un des principaux hebdomadaires catholiques ? Est-ce à dire que cette fidélité n´a pas été payante ?

F.A. : Sans doute pas si on compare avec « La Vie », « Le Pèlerin » ou même « Famille Chrétienne ». Certains débats en France au moment du Concile Vatican II ont été destructeurs. Il y a eu Mai 68. La télévision a changé complètement les modes de lecture. Notre journal a tardé à se transformer en magazine plus accessible. Des concurrents talentueux sont venus un peu sur nos plates-bandes, avec plus de moyens. Tout cela fait que  » France Catholique  » est resté avant tout un journal de débats d´idées, tandis que d´autres médias catholiques développaient leur audience sur des créneaux plus larges. Mais il ne faut pas le regretter. Le journal tel qu´il est est un beau journal, assez complet, qui a son utilité propre, une personnalité forte et attachante, un public passionné et souvent passionnant. Il y a une grâce de  » France Catholique  » qui touche tous ceux qui y sont passés d´une manière ou d´une autre.

Z : Vous êtes pour l´instant le seul hebdomadaire catholique francophone qui offre gratuitement chaque semaine, l´intégralité de son contenu en téléchargement (fichiers PDF) sur internet, et même avec un ou deux jours d´avance sur la parution du journal papier. Est-ce raisonnable ?

F.A. : Non sûrement pas. « France Catholique » n´est pas une affaire rentable. C´est un journal dédié à la Nouvelle Evangélisation, cela suppose de prendre quelques risques. Quand Internet a commencé à s´imposer en France nous nous sommes précipités. C´était en 1996. Tout de suite, des spécialistes du commerce nous ont fait remarquer que le site risquait de « cannibaliser » le « journal papier ». Nos abonnés payants allaient se contenter de notre version électronique. Nous n´avons pas voulu y croire. Nous connaissons la fidélité de nos abonnés. Nous avons parié sur le fait que les internautes qui nous découvriraient seraient très nombreux et que certains finiraient bien par nous marquer leur solidarité d´une manière ou d´une autre. Cela aura forcément un impact favorable sur nos équilibres financiers, au moins à long terme. Et si ce n´est pas le cas, nous nous confierons une fois de plus à la grâce de Dieu et à la générosité des catholiques qui veulent une presse catholique fiable, sans arrière-pensées ni intégristes, ni progressiste.

Z : Est-ce que le contenu d´un journal papier est bien adapté à la lecture sur internet ?

F.A. : Le problème de beaucoup de sites internet est d´avoir un contenu bien présenté au premier coup d´oeil mais difficile à lire vraiment, avec parfois, des informations mal vérifiées, trop nombreuses, trop fractionnées. Je crois que « France Catholique » avec son rubriquage très strict, le principe de faire aussi souvent que cela est possible « un article par page et une page par article » organise bien la lecture. Nous avons essayé de transposer la même rigueur sur le site. Un autre problème de beaucoup de sites est de ne pas bouger. Nous avons la chance d´avoir chaque semaine quelque chose de nouveau : de l´actualité, des dossiers, des notes de lectures, des comptes rendus de films, de pièces de théâtre, d´expositions, des textes spirituels, un bloc-notes, des petites annonces. Alors avec ce matériau, il est plus facile d´être présent sur la toile. Le père Daniel-Ange faisait remarquer récemment dans nos colonnes qu´en tapant des mots très innocents dans des moteurs de recherche, on pouvait soudain se trouver sur un site porno. Nous cherchons à offrir la chance inverse. En tapant des mots quelconques, ou parfois ambigus, notre but est que l´on puisse se trouver, par surprise, au milieu d´un bon article de « France Catholique ». C´est un travail moralement satisfaisant.

Z : Etes-vous lu en dehors de France ?

F.A. : Voilà un problème sensible qui nous a poussés à développer notre site internet. Traditionnellement, « France Catholique » était très bien diffusé en Afrique francophone. Beaucoup d´abonnements à des séminaires, des évêchés. Cela s´est littéralement effondré lors de la dévaluation de moitié du franc CFA. Dans le même temps, les tiers payeurs français qui offraient des abonnements à des missionnaires sont devenus moins nombreux ou moins riches et d´ailleurs le nombre des missionnaires français en Afrique baisse rapidement. Avec internet nous espérons  » reconquérir  » le jeune clergé africain et francophone en mal de formation et de discussions. Nous savons qu´il y a là une  » demande non solvable  » mais vitale pour l´avenir de l´Eglise.

Z. : Vous parlez de formation ? Votre journal ne fait pourtant que 32 pages avec de nombreuses illustrations.

F.A. : Oui et je crois que le lecteur actuel ne peut pas en absorber beaucoup plus chaque semaine. Mais vous aurez remarqué que nous avons commencé une bibliothèque, avec les articles anciens sur près de dix ans et des tables analytiques, par thèmes, auteurs, etc. Dès que nous aurons un peu de temps, nous remonterons encore dans le temps. Et là, je peux vous dire qu´il y a de véritables trésors de foi et d´intelligence dans nos numéros anciens. Les remettre à la disposition du public me semble une nécessité, je dirais même un devoir. Nous offrons également quelques grands textes et des cours du père de Vorges, du père Gitton et du père Maisonneuve.

Z. : Un dernier mot ?

F.A. : Je voudrais dire que le travail que nous faisons, avec notre rythme hebdomadaire et nos contraintes propres, est complémentaire du vôtre. Sans l´information que vous et vos confrères (par exemple de l´agence Fides) donnez régulièrement, nous serions certainement moins dans le bain de l´Eglise au jour, le jour. Ensuite nous faisons jouer nos filtres et nos méthodes de présentation qui donnent à l´information la saveur particulière que nos abonnés nous reconnaissent et apprécient. Je suis conscient de ne pas avoir présenté « France Catholique » au fond, mais c´est que je suis persuadé que ce n´est qu´en le lisant, au fil de l´actualité qu´on peut juger notre entreprise. Je vous suggère donc de nous retrouver tout de suite sur http://www.france-catholique.fr/.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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