France Catholique : « On savait qu'Edith Stein avait écrit au Pape Pie XI »

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“Vérité et justice”, éditorial de Gérard Leclerc

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CITE DU VATICAN, Mardi 25 février 2003 (ZENIT.org) – Dans son éditorial de la prochaine édition de l’hebdomadaire français « France Catholique » (http://www.france-catholique.fr), Gérard Leclerc analyse la situation internationale actuelle à la lumière d’une lettre oubliée, celle d’Edith Stein au pape Pie XI.

– “Vérité et justice” –

On savait qu’Edith Stein – que nous vénérons aujourd’hui sous le nom de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix – avait écrit au Pape Pie XI dès 1933, pour lui demander d’élever la voix pour dénoncer la nature criminelle de l’Etat nazi à la face du monde. L’ouverture des archives du Vatican de la période d’avant-guerre a permis la publication de cette lettre dans le quotidien italien “Corriere della Sera”.

“La Croix” nous offre une traduction de ce document dont on ne prend pas connaissance sans une intense émotion : « Nous tous qui regardons la situation allemande comme enfants fidèles de l’Eglise, écrivait Edith Stein, nous craignons le pire pour l’image mondiale de l’Eglise elle-même si le silence se prolonge ultérieurement. Nous sommes aussi convaincus que ce silence ne peut à la longue obtenir la paix de l’actuel gouvernement allemand » (La Croix, 24 février).

Le pape Pie XI a-t-il attendu trop longtemps avant de répondre à la requête de sa sainte correspondante ? On pourra toujours en disputer, non sans rappeler que l’encyclique “Mit brennender Sorge” (rédigée en allemand, « Avec un souci brûlant », ndlr) du 21 mars 1937 constitue une réponse incontestable, dont la lecture publique dans toutes les églises d’Allemagne fut sans doute un des actes les plus directs de résistance à l’idéologie nationale-socialiste.

Néanmoins la révélation de la lettre d’Edith Stein ne peut que nous inciter à réfléchir sur la responsabilité de l’Eglise face aux menaces mortelles qui planent sur l’humanité. Sa mission n’est pas facile, qui consiste à tracer les chemins de la paix sans complaisance et sans naïveté à l’égard des puissances meurtrières.

Le pacifisme, écrivions-nous la semaine dernière, est un piège redoutable qu’utilisent contre les hommes de bonne volonté la malignité et la fourberie des pervers. Certains se sont émus du voyage du cardinal Etchegaray en Irak et de sa présence souriante auprès de Saddam Hussein. De même, on s’est indigné de l’image de Tarek Aziz à genoux dans la basilique Saint-François à Assise.

Les propagandes sont habiles à retourner les images au profit de leurs causes. Mais dans ces cas précis, on ne saurait jouer sur l’équivoque prétendue des interventions du Saint-Siège.

Si Jean-Paul II a envoyé le cardinal français à Bagdad, ce n’est pas pour sauver la mise du dictateur irakien. C’est pour inciter ce dernier à se rendre aux résolutions des Nations Unies, et cela, dans le but de préserver son propre peuple des dommages effroyables d’un conflit armé. Car c’est d’abord au sort des populations civiles que pense Jean-Paul II.

Par ailleurs, le cadre d’Assise est celui de la prière et de l’intense méditation, celui que le Pape a choisi pour inviter les religions à se convertir à la paix. A supposer que Tarek Aziz ait voulu profiter d’une opportunité, qui s’y laissera prendre à moins de trahir de la façon la plus odieuse l’esprit de saint François ?

La vérité et la justice doivent se tenir la main, sinon la cause de la paix sera le prétexte des méchants pour s’asservir le monde.

Gérard LECLERC

© France Catholique

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ZENIT Staff

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