Finance : politiques, entrepreneurs, pauvres, tous responsables

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Tribune du cardinal Parolin

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La bonne utilisation de la finance « au service de la vie » exige la responsabilité « des politiques et des grands acteurs de l’économie », mais aussi « la responsabilité des petits et des pauvres, qui doivent apprendre à être les maîtres de leur propre destin et à défendre leur dignité », écrit le cardinal Parolin.

Le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin plaide « pour une économie de la dignité », dans une tribune publiée sur L’Osservatore Romano du 2 avril 2015.

Appel à la responsabilité de tous

Globalement, souligne-t-il, lorsque le pape François s’adresse au monde de la finance, il invite « à ne pas permettre que la finance devienne un élément autonome, déréglé et détaché de l’économie réelle, mais au contraire à la mettre au service de la production, de la création d’emplois et, en dernière analyse, des familles et des individus ».

Il s’agit concrètement de « renforcer la confiance entre les peuples », de « promouvoir une profonde responsabilisation éthique de la part des opérateurs financiers en rappelant la règle de ne pas mentir », de « rappeler qu’il doit y avoir un rapport raisonnable entre la production de biens et de services et le crédit », de « redonner une partie importante de la gestion du crédit aux réalités locales, aux petites entreprises et aux pauvres, en brisant ce qui peut être un lien pervers entre la monnaie et l’empire ».

En somme, « la réponse du pape François à la guerre de la finance est un appel à la responsabilité : à la responsabilité des politiques et des grands acteurs de l’économie, mais aussi à la responsabilité des petits et des pauvres, qui doivent apprendre à être les maîtres de leur propre destin et à défendre leur dignité, celle de leur famille et de leur communauté ».

Libérer de la prison de l’assistanat

Pour le cardinal, « la réforme des finances mondiales passe par une véritable métanoïa des politiques, des entrepreneurs et des autres acteurs de l’économie ».

Il cite les paroles du pape aux entrepreneurs et aux grands acteurs de l’économie : « la vocation d’entrepreneur est un noble travail, pourvu qu’il se laisse interroger par un sens plus large de la vie ; ce travail lui permet de servir vraiment le bien commun, par ses efforts pour multiplier, et rendre plus accessibles à tous, les biens de ce monde » (Evangelii gaudium, n.203).

Et ses paroles aux politiques : « il est indispensable que les gouvernants et le pouvoir financier lèvent les yeux et élargissent leurs perspectives, qu’ils fassent en sorte que tous les citoyens aient un travail digne, une instruction et une assistance sanitaire », afin de « dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social » (EG, n.205).

En même temps, le pape « souhaite une réforme à partir de la base, qui libère les pauvres de la prison d’un assistanat orienté à la domination politique des masses et qui fasse éclore les forces des individus, des familles et des groupes intermédiaires », ajoute le cardinal.

L’argent au service de la vie

Bien que l’argent soit « le crottin du diable », selon les mots de Basile de Césarée et saint François d’Assise, le pape a conseillé aux coopératives « d’investir, et bien investir » afin d’« organiser les ressources pour faire vivre avec dignité et sérénité les familles ».

En effet, « quand l’argent devient une idole, il commande les choix de l’homme, il détruit l’homme et en fait un esclave ». Mais « l’argent au service de la vie peut être géré d’une manière juste par la coopérative », si « ce n’est pas le capital qui commande les hommes, mais les hommes qui commandent le capital » en pratiquant « une économie de l’honnêteté ».

Alors que le cardinal note « un lien assez évident entre la grande finance, l’exercice du pouvoir et la concurrence entre les différents centres de pouvoir », il rappelle « la dignité de l’être humain », qui ne peut être respectée que par ces trois éléments : 1) la condamnation de la guerre et de tout orgueil ou égoïsme nationaliste ; 2) la promotion, sans moyens termes, d’une responsabilité éthique des grands acteurs de la politique et de l’économie ; 3) l’encouragement de la participation libre et efficace des pauvres à la construction de leur dignité économique.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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