Papal audience to participants of the XIX Plenary Assembly of the Congregation for the Evangelization of Peoples in the Vatican

PHOTO.VA - OSSERVATORE ROMANO

Evangélisation des peuples: annoncer le kérygme

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Audience papale pour l’assemblée plénière (traduction complète)

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Discours du pape François 

aux participants à la Réunion plénière

de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples

Traduction de Zenit

Chers frères et sœurs,

Je vous accueille à l’occasion de votre Assemblée plénière, au cours de laquelle vous avez fait le point sur la mission ad gentes et offert de précieuses indications pour l’avenir. Je suis de retour – comme l’a dit le Cardinal Filoni – de mon premier voyage apostolique en Afrique, où j’ai touché du doigt le dynamisme spirituel et pastoral des nombreuses jeunes Églises de ce continent, tout comme les graves difficultés dans lesquelles vit une bonne partie de la population. J’ai pu constater que, là où il y a des besoins, l’Église est presque toujours présente, prête à soigner les plaies des plus nécessiteux, en qui elle reconnaît le corps couvert de plaies et crucifié du Seigneur Jésus. Combien d’actions de charité et de promotion humaine ! Combien de bons samaritains anonymes travaillent chaque jour dans les missions !

Évangélisatrice par nature, l’Église commence toujours par s’évangéliser elle-même. Disciple du Seigneur Jésus, elle se met à l’écoute de sa Parole, d’où elle tire les raisons de l’espérance qui ne déçoit pas, parce qu’elle est fondée sur la grâce de l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5). C’est ainsi seulement qu’elle est capable de garder fraîcheur et élan apostolique. Le décret conciliaire Ad gentes et l’encyclique Redemptoris missio, dont vous vous êtes inspirés pour cette assemblée plénière, disent : « C’est de la mission du Fils et de la mission de l’Esprit Saint que l’Église, selon le plan de Dieu le Père, trouve sa source » (Ad gentes, 2). La mission ne répond pas en premier lieu à des initiatives humaines ; l’acteur est l’Esprit Saint, c’est son projet (cf. Redemptoris missio, 21). L’Église est au service de la mission. Ce n’est pas l’Église qui fait la mission, mais la mission qui fait l’Église. En conséquence, la mission n’est pas l’instrument, mais le point de départ et la fin.

Au cours des derniers mois, votre dicastère a réalisé une enquête sur la vitalité des jeunes Églises, afin de comprendre comment rendre plus efficace l’œuvre de la mission ad gentes, considérant l’ambiguïté à laquelle est aussi parfois exposée aujourd’hui l’expérience de la foi. En effet, même quand il est accueille les valeurs évangéliques de l’amour, de la justice, de la paix et de la sobriété, le monde sécularisé ne montre pas la même disponibilité envers la personne de Jésus : il ne le considère ni comme le Messie, ni comme le Fils de Dieu. Au mieux, il le considère comme un homme éclairé. Il sépare donc le message du Messager, le don du Donateur. Dans cette situation de séparation, la mission ad gentes a un rôle moteur et donne un horizon à la foi. Il est vital que dans le moment présent « l’Église sorte pour annoncer l’Évangile en tous lieux, en toutes occasions, sans tarder, sans hésitations et sans peur » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 23). En effet, la mission est une force capable de transformer l’Église de l’intérieur plus encore que la vie des peuples et des cultures. Par conséquent, que chaque paroisse s’approprie vraiment le style de la mission ad gentes. De cette manière, l’Esprit Saint transformera les fidèles routiniers en disciples, les disciples indifférents en missionnaires, en les arrachant à leurs peurs et à leurs limites et en les projetant dans toutes les directions, jusqu’aux limites du monde (cf. Ac 1,8). Que l’approche kérygmatique de la foi, si familière aux jeunes Églises, ait un véritable espace même parmi celles de tradition ancienne.

Paul et Barnabé n’avaient pas le Dicastère missionnaire derrière eux. Et pourtant ils ont annoncé la Parole, ils ont donné vie à plusieurs communautés et versé leur sang pour l’Évangile. Avec le temps, les complexités se sont accrues manifestant la nécessité d’un lien particulier entre les Églises de fondation récente et  l’Église universelle. C’est pour cela qu’il y a quatre siècles, le pape Grégoire XV a institué la Congrégation pour la propagation de la foi qui, depuis 1967, porte le nom de Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Dans cette phase de l’histoire, il est évident qu’une « simple administration [de la réalité existante] ne sert à rien. Dans toutes les régions de la terre, établissons-nous dans un état missionnaire permanent » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 25) : c’est un paradigme. Saint Jean-Paul II en a spécifié les modalités en affirmant : « Tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même » (Exhort. ap. post-sinod. Ecclesia in Oceania, 19). « Aller » est inhérent au baptême, les limites sont celles du monde. C’est pourquoi continuez de faire en sorte que l’esprit de la mission ad gentes anime le chemin de l’Église et qu’elle sache toujours écouter le cri des pauvres et de ceux qui sont loin, les rencontrer tous et annoncer la joie de l’Évangile.

Je vous remercie pour votre travail d’animation et de coopération missionnaire, par lequel vous rappelez à toutes les Églises que, si elles restent contraintes à l’intérieur de leurs horizons, elles courent le risque de s’atrophier et de s’éteindre. L’Église vit et grandit « en sortie », en prenant l’initiative et en se faisant proche. C’est pourquoi vous encouragez les communautés à être généreuses, même dans les moments de crise des vocations. « En fait, la mission renouvelle l’Église, renforce la foi et l’identité chrétienne, donne un regain d’enthousiasme et des motivations nouvelles » (Redemptoris missio, 2).

Parmi les multiples chemins de la mission ad gentes, l’aube d’un nouveau jour est déjà visible, comme le montre le fait que les jeunes Églises savent donner, et pas seulement recevoir. Les premiers fruits sont leur disponibilité à donner leurs prêtres à des Églises sœurs de la même nation, du même continent, ou à servir des Églises d’autres régions du monde dans le besoin. La coopération n’est plus seulement le long de l’axe nord-sud. Il y a aussi un mouvement inverse de restitution du bien reçu des premiers missionnaires. Ce sont là aussi les signes d’une maturité atteinte.

Frères et sœurs, prions et travaillons pour que l’Église soit toujours plus près du modèle des Actes des apôtres. Laissons-nous pousser par la force de l’Évangile et de l’Esprit Saint ; sortons de nos espaces clos, émigrons des territoires dans lesquels nous sommes parfois tentés de nous renfermer. Ainsi nous serons capables de marcher et de semer au-delà, plus loin. Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, saint François-Xavier, aujourd’hui, et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patrons des missions, éclairent nos pas au service de l’Évangile du Seigneur Jésus. Je vous accompagne avec ma bénédiction et, s’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. Merci.

© Zenit, traduction Hugues de Warren

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Francis NULL

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