Europe : Proposer à nouveau l’Evangile dans l’Union à 25

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Les secrétaires généraux des Conférences épiscopales d’Europe à Belgrade

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CITE DU VATICAN, Mercredi 16 juin 2004 (ZENIT.org) – « Une redécouverte et une nouvelle proposition de l’Évangile sont actuellement possibles en notre continent », affirment les secrétaires généraux des Conférences épiscopales d’Europe dans un communiqué marquant la fin de leur rencontre (cf. http://www.ccee.ch/francais/presse/belgrado04.htm).

Ce communiqué du 15 juin précise : « Au moment où les habitants des 25 pays de l’Union européenne étaient appelés aux urnes pour élire les membres du parlement, les secrétaires généraux des Conférences épiscopales d’Europe se réunissaient à Belgrade du 10 juin au 13 juin, autour du thème : « le rôle du christianisme et des Églises dans l’Europe actuelle ». »

« Certains signes indiquent, estiment-ils, qu’une redécouverte et une nouvelle proposition de l’Évangile sont actuellement possibles en notre continent : le débat sur les racines chrétiennes de l’Europe, l’inquiétude et la peur face au terrorisme, le sentiment d’un manque de repères, la quête renouvelée de sens et de spiritualité, le développement d’expériences religieuses ambiguës, irrationnelles, sectaires, alternatives… ».

Ils appueitn leur affirmation sur des expériences telles que le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle des délégations de 25 pays de l’Union européenne, organisé par la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) du 17 au 21 avril ; la rencontre œcuménique de Stuttgart (8 mai), réalisée par 150 communautés et mouvements catholiques, protestants et orthodoxes, avec la participation d’une centaine d’autres villes ; le grand pèlerinage populaire à Mariazell (21-22 mai), qui a rassemblé 8 pays d’Europe centrale et qui résultait de deux ans de travaux communs ; le récent et surprenant voyage de Jean-Paul II en Suisse (5-6 mai).

« Malgré toutes les barrières, estiment les rédacteurs, un peuple chrétien existe en notre continent, et l’Europe peut s’en réjouir ! »

A propos de l’entrée dans l’Union des 10 nouveaux membres, le 1er mai dernier, ils constatent : « Le déplacement des frontières de l’Europe économique et politique vers l’Est fait sentir une autre nécessité importante : celle que des échanges existent entre traditions et histoires pour que soit définitivement dépassée la dichotomie entre Europe de l’Est et Europe de l’Ouest ».

C’est pourquoi ils indiquent des priorités pastorales : « Il est urgent de se confronter avec la culture moderne et les phénomènes de sécularisation et de sécularisme. En Occident, on a désormais une longue expérience en la matière, bien qu’elle ait été un échec partiel ; à l’Est, la question se pose de façon neuve. Un secrétaire occidental s’est demandé si, en certains pays, l’Église ne s’était pas partiellement sécularisée ; pour les secrétaires d’Europe orientale, les questions fondamentales sont les suivantes : sous le communisme, les chrétiens ont été marginalisés et humiliés ; en sera-t-il de même dans l’Union européenne ? La foi doit-elle nécessairement demeurer une affaire privée, y compris dans la nouvelle Europe ? Les pères fondateurs de l’idée d’Europe étaient des chrétiens ; qu’en est-il actuellement ? Un échange véritable peut avoir lieu : l’Occident a l’expérience d’une vie chrétienne en société sécularisée, et peut l’offrir à l’Est, et l’Est peut aider l’Occident à retrouver des valeurs perdues ».

La réunon de Belgrade a également évoqué « les relations entre l’Église et les institutions européennes, en faisant particulièrement référence au traité constitutionnel et aux questions éthiques ».

A ce sujet, le secrétaire de la COMECE, Mgr Noël Treanor, a présenté « l’expérience positive de dialogue et de collaboration, qui existe à Bruxelles et en divers pays, entre le monde ecclésial et le monde politique ».

« Il faut dépasser, insistent les participants, le préjugé selon lequel les institutions seraient opposées à l’Église. Un exemple particulièrement significatif est l’article 51 du projet de traité constitutionnel qui garantit certains principes fondamentaux comme la liberté religieuse des Églises et des communautés, en reconnaissant leur rôle et leur contribution particulière. Le paragraphe ouvrant sur un dialogue transparent et régulier entre les institutions et les Églises est particulièrement prometteur. Il est apparu urgent que l’Église dispose de personnes compétentes en matières juridique et éthique dans les divers pays, et qu’un réseau se constitue entre elles ».

Pour ce qui est des relations entre « christianisme, laïcité et religions », le débat a été « vif ».

Il s’agit, estiment les participants de la réunion de Belgrade, de « distinguer le laïcisme, qui refuse le rôle de la religion, et la laïcité authentique qui est un mode de relations entre l’Église et l’État ». Ils citent à ce propos « l’expérience emblématique de la France » à savoir que « le fait que l’Église et l’État y soient nettement séparés ne signifie pas qu’ils soient indifférents l’un à l’autre ». Ils constatent cependant que « la législation sur le voile a montré les limites et la faiblesse de ce modèle de laïcité ».

Mais pour quelles raisons « certaines nations à majorité catholique » se retrouvent-elles avec des gouvernements ou systèmes médiatiques semblant particulièrement préjudiciables à l’Église ? » Ils répondent : « Dans une société laïque, l’Église doit être capable d’écouter les questions qui se posent et de trouver un langage qui permette d’y répondre et surtout de témoigner et d’annoncer que l’Évangile est une  » bonne nouvelle  » pour tous ».

La rencontre de Belgrade a également constitué une « expérience œcuménique importante ». Ainsi, le samedi 12 juin, les secrétaires ont été « fraternellement accueillis » par le Patriarche Pavle de l’Église orthodoxe de Serbie. L’intervention du Patriarche et les échanges ont exprimé « l’importance qu’une profonde spiritualité chrétienne permette d’avancer dans le processus de réconciliation ».

Le dimanche 13 juin, les participants ont été reçus au monastère orthodoxe de Kovilj, où ils étaient accueillis par Mgr Irinej, évêque de Novi Sad : « Un esprit de communion véritable a caractérisé la rencontre : célébration des vêpres et dîner. Mgr Irenej et l’archevêque catholique de Belgrade, Mgr Hocevar, ont tous deux fait référence aux progrès œcuméniques réalisés au cours de ces dernières années. En 2003, pour la première fois, a eu lieu une rencontre commune entre le synode de l’Église orthodoxe et la Conférence épiscopale. Des commissions mixtes ont commencé à travailler et des projets communs ont débuté. On est maintenant en mesure d’aborder les difficultés et préjugés restants. Un centre œcuménique serait souhaitable en cette région d’Europe, en particulier pour favoriser la connaissance mutuelle, le dialogue culturel et la prière ».

Les secrétaires ont discuté de la situation œcuménique dans l’ensemble de l’Europe, estimant qu’il faut « permettre à l’œcuménisme d’aborder une ère nouvelle » et pour cela « clarifier le but et la méthode du troisième rassemblement œcuménique européen, et conscientiser sur l’événement ».

Les secrétaires ont débattu des projets du CCEE pour intensifier la collaboration entre les conférences épiscopales. En novembre 2004, se tiendra un symposium entre évêques africains et européens, « destiné à approfondir la responsabilité pastorale commune des uns et des autres par rapport aux grands défis de l’évangélisation, de la pauvreté et de la paix ». Le CCEE entend « approfondir ses services dans les domaines de la culture, des universités et des écoles ». Il projette de constituer une commission « pour l’évangélisation et le dialogue, destinée à étudier et à coordonner les relations avec le j
udaïsme, l’islam, le bouddhisme, les religions alternatives, les cultures ». Enfin, « toute une panoplie d’initiatives des Conférences épiscopales dans le domaine de la famille » a été présentée.

Un rendez-vous particulier qui attend l’Église d’Europe est celui des Journées mondiales de la Jeunesse qui se dérouleront en Allemagne en 2005. Le secrétaire de la Conférence épiscopale allemande, le P. Hans Langendörfer, a informé de leur préparation et du sens de cet événement auquel on attend plus d’un million de jeunes.

La présence du vice-président du CCEE, le cardinal Josip Bozanic, archevêque de Zagreb, a été un événement pour l’Église locale et le pays. La majorité des catholiques locaux est d’origine croate. Le cardinal a eu des rencontres importantes avec le patriarche et d’autres responsables de l’Église orthodoxe, avec les diverses communautés de l’Église catholique et avec Mgr Stanislav Hocevar, archevêque de Belgrade, La célébration eucharistique qu’il a présidée à l’église Saint-Antoine, le dimanche 13 juin, jour de la fête du saint, a été particulièrement solennelle, festive et participative.

Le communiqué insiste sur ce contact avec les catholiques de la région : « Il était très important que les secrétaires puissent connaître personnellement la réalité de l’Église catholique locale, qui est petite mais courageuse et caractérisée par son aspect multiculturel, qu’ils voient les signes encore existants des grandes souffrances vécues (bâtiments restant démolis par les bombardements), qu’ils perçoivent les difficultés qui couvent encore sous la cendre par rapport à la vie commune d’ethnies diverses et la persistance d’un faux esprit nationaliste, qu’ils connaissent des expériences impressionnantes de réconciliation et expérimentent la vocation de Belgrade qui est d’être la  » ville des ponts « . »

Ils soulignent : « L’accueil de l’Église locale a été extraordinaire. Les médias du pays ont accordé une place notable à la présence du cardinal Bozanic et à la rencontre des secrétaires de l’ensemble de l’Europe ».

Une rencontre de ce type est organisée chaque année par le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE). Y participaient cette année les secrétaires généraux de 29 pays : Albanie, Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Biélorussie et Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Écosse, Espagne, France, Hongrie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pays scandinaves Pologne, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie et Monténégro, Slovénie, Slovaquie, Suisse, Ukraine (avec des représentants de l’Eglise catholique latine et byzantine).

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ZENIT Staff

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