Europe: Le P. Tommy Scholtes, raconte 'Santiago 2004'

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CITE DU VATICAN, Mardi 27 avril 2004 (ZENIT.org) – Les évêques de la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne) au nombre de 15, et rejoints par les 10 évêques des pays qui entreront dans l’Union européenne le 1er mai 2004 ont symboliquement fait le pèlerinage de St Jacques de Compostelle. Chaque évêque était accompagné d’une dizaine de compatriotes. Parmi la délégation belge se trouvait Tommy Scholtes, sj, directeur de CathoBel et Conseiller ecclésiastique de l’ambassade de Belgique près le Saint-Siège. Voici le compte-rendu qu’il a rédigé pour CathoBel (www.cathobel.be).

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Du 17 au 21 avril 300 pèlerins, évêques, religieux, laïcs, artiste, politiques, de l’Union européenne ont marché, ensemble vers Compostelle, à l’invitation de la COMECE. Voici le récit du P. Tommy Scholtes, sj, qui faisait partie de la délégation belge.

Marcher ensemble sans distinction de responsabilités

Les évêques de la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne) au nombre de 15, et rejoints par les 10 évêques des pays qui entreront dans l’Union européenne le 1er mai 2004 ont symboliquement fait le pèlerinage de St Jacques de Compostelle. Chaque évêque était accompagné d’une dizaine de compatriotes (responsables d’organisations religieuses, députés européens, collaborateurs des conférences épiscopales… Mgr Homeyer et Mgr Amédée Grab présidaient le pèlerinage avec le Nonce apostolique auprès de l’Union européenne, Mgr Faustin Munoz. Quelques évêques luthérien, anglican et orthodoxe grec s’étaient joints aussi à l’invitation de la COMECE.

Le but ? Faire la démarche de pèlerin, marcher ensemble sans distinction de responsabilités, se mettre ensemble en vers ce lieu de pèlerinage séculaire qu’est St Jacques de Compostelle. Offices religieux et eucharisties, animés par le Père André Gouzes, op, de l’abbaye de Sylvanès et sa chorale. A chaque fois, c’est la même ferveur des participants qui s’exprimaient dans toutes les langues européennes.

Le départ eut lieu à Madrid, au siège de la conférence épiscopale où tous les pèlerins s’étaient regroupés. En route vers Léon, en s’arrêtant à l’abbaye St Dominique de Silos, mieux connue par son chant grégorien qui a fait le tour du monde par un CD qui a gagné la tête du hit parade « Canto Gregoriano ».

Se souvienne de la paix qui existe en Europe

Là, Mgr van Luyn, évêque de Rotterdam, a ouvert officiellement le pèlerinage en souhaitant que le Ressuscité puisse rejoindre chacun de nous comme il a rejoint les disciples sur le chemin d’Emmaüs. Après l’office des Vêpres, les pèlerins se retrouvent après une première marche symbolique pour entendre quelques témoignages et souhaits de bienvenue des autorités locales.

Romano Prodi, qui devait initialement être présent a donné son message par vidéo : « La communion se réalise en faisant ensemble le Chemin « El Camino » de St Jacques, et je souhaite que dans la capitale spirituelle de l’Europe, St Jacques de Compostelle, on se souvienne de la paix qui existe en Europe aujourd’hui et que des raisons historiques a perturbé durant des années. Souvenons-nous des murs abattus ! L’Eglise et l’Europe sont intimement liés, et nous envoyons un signal fort à l’Europe qui doit avoir pour valeurs de référence, le respect, la solidarité, la fraternité et la volonté de paix qui font partie du patrimoine commun des chrétiens et des européens ».

Chacun porte ses amis, ses intentions de prière

Le lendemain, la cathédrale de Burgos voit arriver les pèlerins, qui célèbrent la messe qui sera diffusée par « Le jour du Seigneur ». Mgr Manuel Monteiro de Castro, Nonce apostolique en Espagne, y fera une homélie remarquée. Évoquant les paroles de Jean-Paul II : « L’Europe entière s’est trouvée elle-même autour de la mémoire de St Jacques, quand elle s’édifiait comme continent homogène et unie spirituellement… On doit affirmer que l’identité européenne est incompréhensible sans le christianisme ». « Mettons nous en route, poursuit-il, pour marquer notre condition de pèlerins ».

Cette condition va se concrétiser l’après-midi après un pique-nique dans un grand gymnase où tous s’asseyent comme ils peuvent dans un joyeux esprit fraternel. La marche va commencer ensuite, 10 Km, bravant vent et froid. La marche est silencieuse. Chacun porte ses amis, ses intentions de prière. Les panneaux « El Camino » et les anciennes stèles à la coquille incrustée indiquent le bon chemin. L’important est de marcher, chacun son rythme. Les 300 marcheurs s’étalent vite. Certains sont bien équipés et d’autres avec des souliers de ville… On se dépasse, on s’attend les uns les autres.

À l’arrivée à Itero del Castillo à l’église du village les habitants nous rejoignent. Les cloches sonnent à toute volée : un nouveau groupe de pèlerins est là, et c’est la coutume de se joindre à leur prière. Si on n’avait pas repris le car, on aurait pu loger dans les petites auberges, ou chez les habitants qui connaissent ces pèlerins de partout.

Le Passage du Seigneur est notre nouvelle identité

Le lendemain, nous sommes prévenus : la glace et la neige nous empêchent d’accomplir le trajet prévu. Les cars ne pourront passer les cols verglacés. Mais l’organisation de la COMECE ne connaît aucun obstacle. On déplace l’itinéraire de 50 Km et tout redevient possible : une cathédrale et un séminaire nous accueillent pour le repas. Mgr Grab nous a fait une belle homélie :

« Nous sommes passés de la mort à la vie ; le Passage (Pesach, – en hébreu ndlr -) du Seigneur est notre nouvelle identité, le cœur de notre vie : il est en même temps le sens de l’histoire, la réponse aux questions qui assaillent les individus et la société européenne, et par là même le but et le contenu de toute espérance. Il rappelle aussi la tension qui existe à propos de la place que réserverait le futur Traité constitutionnel aux Églises, et la place qu’accorderait le préambule au rôle fondateur du christianisme. Il nous faut nous tourner vers le Christ lui-même, redire une espérance que les difficultés d’ordre politique, économique, culturel n’effacent pas. Au contraire, plus obstacles déconcertent et divisent, plus il faut mettre son espérance en celui qui peut tout… »

Construire une culture de la cohabitation

À midi, se déroule le témoignage de Hilde Kieboom de la communauté Sant’Egidio d’Anvers. Elle met l’accent sur la dimension sociale de l’Europe à partir de l’épître aux Romains (8,18-27). Elle évoque les gémissements incessants du monde, depuis le Sud de l’Afrique, des ses conflits armés, du sida… les européens laisseront-ils tomber les bras à cause du pessimisme et de la résignation ?

Elle développe encore la responsabilité des européens par rapport à la paix. Hilde Kieboom invite ensuite les pèlerins à demander pardon pour les divisions internes. Elle rappelle encore que l’Europe signifie aussi la capacité de construire une culture de la cohabitation entre religions différentes et laïcité, en une époque où à plusieurs endroits de ce monde, des croyants sont tentés par le fondamentalisme.

Le soir, nouveaux témoignages, et en particulier un discours très vigoureux de la ministre irlandaise des affaires étrangères Hanafin, qui veut donner un esprit à l’Europe, « qui transcende les valeurs classiques de l’économie et de la solidarité, mais il faut plus »

Office présidé par Mgr Erik Viström de Suède. Le lendemain par l’évêque orthodoxe grec Mgr Athnasios d’Achaïe, délégué de l’Église grecque auprès de l’Union.

Le sanctuaire éclate de la diversité des cultures et des langues

Enfin arrive le jour de St Jacques, le soir, le passage de la porte Sainte et des Vêpres en la cathédrale majestueuse.

Le lendemain, Eucharistie solennelle présidée par l’évêque de St Jacques. Le sanctuaire éclate de la diversité des cultures et des langues. Les intentions rejoignent toutes les préoccupations de la Nouvelle Europe.

L’Est et l’Ouest se rejoignent dans la prière. L’Est est heureux d’entrer dans l’Europe, non sans appréhension. Ici, pas de discussions, mais une vie commune chaleureuse qui permet tous les espoirs.

L’eucharistie de clôture se termine par l’allumage solennel du grand encensoir qui balaiera les deux nefs latérales dans un mouvement grandiose d’action de grâces.

Tous nous avons été très heureux, le Chemin de St Jacques se termine, la Route continue…

© CathoBel 2004, tous droits réservés.

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ZENIT Staff

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